En restant toujours sur le sujet en cours, bien en harmonie avec les brouillards qui ne nous quittent guère aujourd’hui, je pense à ce film sans grande portée esthétique (et Charlton Heston – Ben Hur à mon avis n’ajoutait pas grand-chose) qui s’intitulait « Soleil vert » et qui, très « agrippant » à cause de son thème ravageant, posait sans les résoudre des problèmes majeurs pour l’individu. Je passe sur le fait que si on attire les vieilles personnes par la raison, si on les séduit par la promesse d’avoir enfin une vision de beauté avant de mourir, si on leur invite à venir d’elles-mêmes à l’usine où se termine la vie (puisque la planète regorge d’habitants, qu’ils réchauffent d’eux-mêmes la température de l’air par leur respiration, qu’ils n’ont plus d’espace vital individuel, plus rien à manger, sauf la distribution une fois par jour de soleil jaune, aliment concentré qui maintient tout juste la vie), c’est pour les transformer en soleil vert, la nourriture festive dont personne ne connaît l’origine – sauf les chefs, d’ailleurs protégés, eux, par leurs passe-droit et leurs combines, de la nécessité du recours à un procédé abominable . Oui, je passe sur ce fait – ce « détail », diraient certains – pour signaler l’idée de la mort acceptée, réclamée, souhaitée, en échange d’une récompense : celui qui s’est présenté à l’usine aura droit, quelques minutes, avant d’être endormi pour toujours, à voir sur un écran des vues de sources, de montagnes, de ruisseaux, d’arbres, de fleurs – toutes choses qui n’existent plus dans le monde dont il veut se dégager. On est, naturellement, outré de la transaction elle-même, du prix dont cette vie est payée. Mais l’idée fascinante est celle de ce consentement paisible, réalisé dans le calme et la vision de la beauté. C’est presque la touche étoile de Benoîte Groult sur laquelle on devrait pouvoir appuyer à volonté, quand on a envie de quitter ce monde – la porte ouverte au moment où il le faut à qui la réclame…Nous en sommes encore bien loin, mais sans doute nous avançons-nous à petits pas dans le bonne direction.