5 février 2010
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Je ne peux pas entendre ce mot ni l'évoquer sans voir la grand'mère genre Tartine Mariol donner un coup de pied dans un
ballon de foot à faire pâlir Platini ni lire sur l'écran "Ma parole, elle a mangé du Topset!". Naturellement, sic transit gloria mundi : le Topset, Tartine Mariol, Platini même
peut-être, est-ce que notre civilisation oublieuse se rappelle encore ces saillies immortelles de notre connaissance qui sont censées hérisser de leurs aspérités la platitude de nos existences
individuelles? (Remarquez au passage que mon Topset à moi, pour intellectuels comme le fromage de tête, fonctionne dès les petites heures de la matinée, et même fonctionne à plein). Le tonus, c'est
ce dont chacun de nous a besoin pour entamer sa journée. Gingseng, aloé vera, huile d'argan, propolis, harpagophytum, gelée royale, ou tout aussi bien le grand saladier de pissenlits au lard
que mon arrière-grand'mère nivernaise s'enfilait comme petit déjeuner, peu importe : l'essentiel est que chacun ait trouvé sa denrée, dès lors tout va pour lui comme sur des roulettes (clin d'oeil
de ma mémoire cinéclubiste au passage : Harold Loyd et son totem, celui qui lui donne le pouvoir de se faire écouter de manière inédite, qu'il perd, qu'il remplace par un bec de cane ôté à son
parapluie parce qu'il a une délaration d'amour à faire et qu'il a besoin d'un talisman au creux de sa main - l'essentiel est d'y croire, je le répète, par-delà tous les apports de vitamines,
oligoéléments ou autres omégas 3). Vous avez sans doute remarqué l'abondance de mots destinés à décrire le tonus : avoir la pêche, avoir bouffé du lion, avoir la forme - ne me disait-on pas
hier soir que j'étais sémillante, alors que je ne m'étais même pas redonné un coup de peigne depuis le déjeuner? (Ne croyez pas, mauvais esprits, à la visite nocturne de quelque amant : c'était
tout simplement mon spécialiste en informatique qui me rapportait, dûment réparés, les fils du téléphone dont les ruptures, paraît-il, ne pouvaient avoir été causées que par des dents de chatons,
le côté sémillant de mon apparence ne pouvant, lui, avoir été causé que par mon feuilleton télé britannique interrompu en plein suspens époulaillant, comme on dit chez moi). Je vous l'avais
déjà dit combien de fois, que mon soap d'Albert Square c'étaient mes vitamines à moi . J'ai déjà incité mes minous à venir prendre des forces à côté de moi, mais la proximité leur suffit
: ils dorment profondément devant l'écran, même quand les accents locaux deviennent pathétiques. Que voilà une éducation pratiquement loupée... mea culpa!
Lucette DESVIGNES.
Lucette DESVIGNES.