Je serais bien curieuse de savoir ce qui se trame derrière les attributions de Nobels, cette récompense considérée comme un top (plus haut que moi tu meurs), dans quelque domaine que cela puisse se passer. Les palabres entre lobbies intervenants doivent s’étirer sur des années (c’est ainsi que pour Mo Yan, récipiendaire 2012 pour la littérature, les discussions propositions demandes et réclamations duraient depuis six ou sept ans, à ce que j’ai appris tout récemment). Les ambassades sont partie prenante au premier chef, de manière inattendue si on est naïf, selon toute logique si l’on a quelque peu réfléchi au fonctionnement du monde et des nations entre elles. Les plans sur la comète s’amorcent, puis se dessinent, puis se peaufinent dans l’ombre de la diplomatie, rarement abandonnés en cours de route, la plupart du temps montrant les dents en même temps qu’ils prennent de la vigueur (j’espère que vous me passerez cette désinvolture à doter des plans de dents et de santé : que voulez-vous ! un lyrisme de la puissance du mien a du mal à être tenu dans les limites du raisonnable). C’est ainsi qu’en théorie le meilleur de chaque catégorie est doté de la reconnaissance universelle – qui part vite en fumée, comme un pétard mal mouillé ou une bougie de dynamite, mais qu’attendre d’autre ? Notez mon « en théorie » acerbe. Je ne l’insère pas dans notre entretien à propos de Mo Yan, lequel est un grand de l’écriture et n’a même jamais jugé bon de se faufiler dans la diaspora chinoise qui pourrait lui assurer récompense plus vite grâce à l’Occident et à ses préjugés souterrains : non, Mo Yan est un grand, il est juste que la lumière soit faite sur son œuvre. Je pense à d’autres Nobels, censés nous apporter la gloire – et signalant simplement que la diplomatie française a su vaillamment se débrouiller en imposant un nom, celui qu’elle avait sous la main, pas forcément le meilleur, hélas !