24 septembre 2016
6
24
/09
/septembre
/2016
19:34
Mes belins-belines, certes j’ai eu l’air de vous abandonner, puisque je ne reprends contact avec vous que lamentablement tard : il y a encore un beau soleil rougissant, mais sa timidité même indique qu’il va bientôt nous jouer la fille de l’air, c’est donc qu’il est plus tard que tôt, en tout cas plus tard qu’à mon habitude. Que s’est-il donc passé dans la journée ? des fâcheries avec les voisins ? des ruptures avec des amis ? des remords de paroles trop vives et inconsidérées ? Rien de tout cela, mes agneaux, mais le dévouement au service du livre et de la lecture. C’était le premier jour du week-end du Salon « Livres en Vignes », et vous n’eussiez tout de même pas voulu que j’y renonçasse ? L’atmosphère (ce vieux château de moines du XIIIème siècle servant de cadre à une manifestation culturelle tout ce qu’il y a de contemporain, avec des masses d’auteurs venus de Paris pour nous apporter leurs lumières, mes agneaux – oui, comment eussiez-vous voulu que je n’y fusse point ?) . Je me devais d’y être, et j’y fus, après bien des angoisses pour le déplacement auxquelles de gentils confrères attentifs aux besoins des vieilles dames ont apporté solution J’ai donc pu retrouver les copains habituels des réunions d’écrivains, faire la bise aux amis fidèles venus me voir (non point dans ma gloire, mais plutôt comme un des fauves encagés devant lesquels piétinent les foules désoeuvrées), bref tout s’est passé comme prévu dans ce contexte de vendanges que nous offraient les vignobles à perte de vue autour du Château. C’est cette exaltante carte postale que je vous envoie ce soir, mes belins-belines, comme preuve que vous n’étes jamais éloignés de mon cœur.
lucette desvignes
23 septembre 2016
5
23
/09
/septembre
/2016
08:28
Alors, là ! mais alors,là ! mes belins-belines, je galège ! Vous avez une petite idée du moment où ça nous emmènerait, le N° 5.000 ? Nous n’en sommes même pas à 2.500, qui serait la moitié du parcours, et que je n’atteindrai qu’après encore 200 contacts avec vous. Déjà ça, « j’y vois gros ! » - comme disait le chauffeur de la deux chevaux en découvrant que le trente tonnes lui fonçait dessus à toute allure. Alors, vous pensez, pour les 2.500 blogs qui resteraient à pondre… Il faudrait une deuxième vie, et même sereine comme je suis devenue en mon grand âge je ne suis pas sûre d’avoir envie de recommencer. Je suis même sûre que non… mais ça c’est une autre histoire ! Pour en rester à ce programme impressionnant de blogs à vous livrer, il va falloir que je cherche dans mes livres des sujets qui vous plaisent. La grammaire et l’orthographe, c’est parfois barbare et sans charme, mais on ne peut pas plus les supprimer que les flux de migrants, qu’on s’ingénie pourtant au niveau supérieur à bâillonner vigoureusement (si tant est qu’on puisse bâillonner un flux de migrants – j’ai toujours eu l’amour des associations inédites). Et puis le théâtre et la littérature, dont il me semble bien que j’ai été parcimonieuse tous ces temps, mes commentaires sur le cinéma vous incitant fortement à prendre les chaînes en surnombre si vous voulez suivre et profiter de mes conseils.. De toute manière, ne vous en faites pas pour les programmes : avec l’actu si foisonnante je trouverai toujours quelque chose d’intéressant à vous tendre, moi qui tiens le crachoir à bout de bras depuis si longtemps (autre association inédite : je vous dis, chez moi c’est une fontaine jaillissante…).
lucette desvignes
22 septembre 2016
4
22
/09
/septembre
/2016
08:28
Voyez-vous, mes belins-belines, les choses se font tout doucement. Il suffit d’être patient, d’attendre. J’ai eu la curiosité de regarder le nombre des visites et des pages vues, j’en suis toute regonflée au niveau du jabot, sans en souffrir comme les malheureux canards (puisqu’ils ont remplacé les oies dans les préférences des gourmets) après une énième séance de gavage. Attendre, oui. Ëtre patient, certes – mais pas les bras croisés ! A force de vous entretenir de mes chats, de mon jardin, du temps qu’il fait, des discours politiques préprimaires ou préprésidentiels, des migrants et des Nuit Debout, de l’état voyou que j’ai dans le collimateur, du prix des œufs en Bresse et des tarifs du fuel domestique, le temps passe, et j’espère que je vous le fais passer sans trop de désagréments. Et, voyez ! non seulement je suis plus qu’encouragée par les chiffres que révèle ma révérée administration (je dis révérée, mais en réalité elle n’a pas encore compris que « desidéesetdesmots » c’est moi et elle continue à dûment m’avertir lorsque j’ai répondu à un commentaire de fidèle), mais nous en sommes ensemble vous et moi cahin-caha arrivés au Blog N° 2.300, celui-là même que je signe aujourd’hui et d’où je vous envoie mes tendresses, comme on le fait sur une belle carte postale.
lucette desvignes
21 septembre 2016
3
21
/09
/septembre
/2016
10:27
Notre petit bonhomme vient d’être invité à aller à l’ONU dire ce qu’il pense des problèmes en cours agitant la planète. Il en est tout fier, il avait peur d’être oublié, mais non, c’est son tour ! Il se dresse donc sur ses ergots, il s’ébroue, et il jappe. «Oui, jappe-t-il, ça suffit ! » Il jappe un peu plus fort que quand il s’adresse à nous son bon peuple, car il a bien pris conscience que chez nous personne n’écoute ses jappements. Mais il croit benoîtement qu’on va l’écouter et le croire là-bas, or ça ne suffit pas là-bas non plus de japper, il faut préciser expliquer démontrer. Convaincre. Qu’est-ce qui en est donc arrivé à son point maximal, au point qu’on dise haut et fort : « Y en a marre ! » ? Les attentats ? Les grèves (agriculteurs, SNCF, AirFrance, éducation nationale, gardiens de prison…) ? Les manifs de rues, de places, de Paris, de province ? Les scandales financiers et fiscaux chez les haut placés ? L’arrogance du cousin presque frère qui est en train de s’annexer la Palestine à la barbe du monde ?Les discours oiseux qui brassent du vent, les siens, ceux des autres – c’est bien au bon peuple qu’il appartient de crier « ça suffit ! »… Et même s’il se cantonne au chapitre migrants, quelles solutions va-t-il pouvoir proposer, alors que les « flux migratoires », comme on dit avec préciosité sur le petit écran, n’ont cessé ni en Grèce ni en Italie ? Même à la tribune de l’ONU, dressé sur sa petite estrade, on l’imagine dans une baignoire qui déborde et dont il n’a pas l’idée de tourner le robinet - ou, tout simplement, de sortir.
lucette desvignes
20 septembre 2016
2
20
/09
/septembre
/2016
09:57
Ne croyez pas d’ailleurs que je réserve exclusivement mes foudres à la médiocrité de la production française contemporaine. Le cinéma américain, malgré la sympathie que j’ai pour lui, en prend pour son grade lorsqu’il le mérite. C’est ainsi que Furie, dont je n’avais jamais entendu parler, se fait épingler au tableau des indignes. Je l’avais laissé sur mon petit écran comme le second de la soirée, par flemme de prendre ma télécommande et surtout par flemme d’aller me coucher. Brian de Palma et Kirk Douglas, tout de même : on pouvait tenter le coup, même sans conviction absolue. J’aurais dû me méfier de John Cassavetes : depuis Rosemary’s Baby, il se complait tellement dans les rôles sataniques que la puce m’aurait dû venir gratter l’oreille. Mais le démarrage était convenable : qu’allaient devenir ces deux adolescents doués d’une telle force de concentration mentale qu’ils agissent sur leur entourage (saignements de nez impressionnants, marques de brûlures laissées par le contact de leurs mains…) ? Lorsque la lévitation au plafond intervient, c’est trop tard : vous comprenez que vous avez été eue par un scénario d’un fantastique minable, celui de la lamentable chaîne des morts-vivants (sur laquelle pourtant vous ne vous étiez pas aventurée, on vous a eue par surprise). Il ne manquait plus que le regard trahissant l’intervention de Satan derrière les apparences (ces yeux d’un bleu soudain opaque et en même temps flamboyant faits pour donner le frisson aux âmes faibles) : mais comme cette révélation, soulignée d’explosions et de flammes infernales, est le couronnement de l’œuvre, c’est trop tard, je vous l’ai dit. Vous n’avez plus qu’à aller au lit, mais vous avez perdu près de deux heures de sommeil, Vous pouvez en garder une dent à Brian de Palùma et, tout aussi bien, à Kirk Douglas dont on se demande bien ce qu’il est venu faire dans cette diablerie.grotesque.
lucette desvignes
19 septembre 2016
1
19
/09
/septembre
/2016
08:59
J’ai toujours plutôt fui Pascal Thomas, le cinéaste des scénarios francofranchouillards qui se voudraient aussi finement critiques que chez Frank Capra ou aussi légèrement marivaudants qu’avec Lubitsch. Pires encore quand ils se voudraient déjantés et françaisement burlesques à l’imitation de John Cleese ou des Monty Pythons. Il ne suffit pas d’empiler dans le désordre, sous prétexte que l’appartement est grand, (c’est ce que dit le titre) des générations différentes (voire de faire circuler la mamie à trottinette d’une pièce à l’autre, elle qui prend pour des toilettes les sièges du salon) ou des ethnies différentes (par exemple l’arrivée en force d’un clan africain en costume tribal, même si on fait vivre tous ces éléments disparates dans l’effervescence amicale et la bonne humeur). Pour brocher sur le tout, un metteur en scène raté qui installe des décors grotesques, fait chanter affreusement mal des girls d’occasion au French cancan volcanique mais fort approximatif et fait jouer le clapman par une idiote sans claquoir qui inscrit les reprises sur du papier et remplace le claquoir par ses deux mains et un bruit de lèvres : il a beau être Arditi (qui d’ailleurs joue Arditi comme Le Poullain en fin de carrière ne savait jouer que Le Poullain), il ne vous arrache pas l’ombre d’un sourire. Dire que j’avais escompté, grâce au titre, que le film garderait quelque chose du roman d’Echenoz…
lucette desvignes
17 septembre 2016
6
17
/09
/septembre
/2016
18:37
Dans mon enfance, quand on parlait de semaine anglaise, on désignait ainsi le repos chômé du sixième jour – pas celui du Seigneur, naturellement, mais celui qu’avait conquis la suprématie sportive – football, rugby, tennis, cricket, polo – de nos amis britanniques imposant leur religion pendant tout un jour. L’adoption ultérieure du week-end en franglais courant a, chez nous aussi, consacré semblable dévotion païenne aux matches, courses, championnats, compétitions de tout poil, tout en conservant pour les salariés du commerce une obligation de travail imprescriptible (en Grande-Bretagne, quand on ferme, on ferme : j’ai failli être guillotinée par le rideau métallique qu’un boutiquier impatient d’en finir faisait descendre sur mon cou en refusant de me servir du fromage). Dans mon enfance encore, la classe s’arrêtait à 4 heures l’après-midi en primaire (et je veux bien admettre que cette demi-journée était plutôt consacrée à la lecture-récompense de la semaine par l’enseignant, au chant, au dessin, au travail manuel, et à la confection par le maître (à l’encre rouge et en superbe ronde) avant distribution aux récipiendaires des témoignages de satisfaction hebdomadaires : roses pour le Très Bien, blancs pour le Bien, bleus pour l’Assez Bien – cette paterne notion d’encouragement qu’il est question de supprimer maintenant, paraît-il, dans les appréciations des valeurs scolaires, c’était toujours mieux que rien à rapporter à la maison où le père, qui venait de toucher la paye et l’avait déjà un peu écornée au bistrot, avait la main leste le samedi soir. Souvenirs d’antan qui ne font guère état de ce chômage légal qu’on ignorait…Mais ne croyez pas que je me venge pour rattraper tant de samedis ouvrés : vous voyez bien, mes belins-belines, que je vous reste fidèle et attentionnée… Lundi je serai sans doute plus énergique.
lucette desvignes
16 septembre 2016
5
16
/09
/septembre
/2016
12:22
Il y a tout de même des choses qui, même si elles se répètent en prenant de l’importance à chaque fois, nous obligeant ainsi à les examiner pour bien nous assurer que nous ne rêvons pas, relèvent de l’évidence absolue. La propriété des marchandises mises sur le marché ne se discute pas : c’est vous qui avez semé planté arrosé récolté, c’est de la marchandise à vous, c’est vous qui devez en tirer profit. Imaginez que votre voisin, malveillant, grincheux, jaloux et malhonnête (ça existe : je suis bien payée pour le savoir) ait louché sur votre jardin au fur et à mesure que vos plantations poussaient. Imaginez que, lâchant la bride à ses mauvais instincts, il vienne dans la nuit s’emparer de vos radis, de vos laitues, de vos tomates, de vos haricots verts et aille sur le marché (après vous avoir proprement bâillonné et ficelé dans votre cuisine) proposer son éventaire comme si tout venait de son jardin. Imaginez que, vous dépêtrant de vos liens, vous couriez vous plaindre à la gendarmerie et que vous dénonciez ces voies de fait et ces larcins manifestes. Imaginez que les gendarmes refusent de voir la vérité des faits et, non contents de laisser votre voleur prospérer dans sa fraude éhontée, vous malmènent comme fauteur de troubles et vous gardent au bloc quelques jours. Pour parfaire la beauté de l’aventure, imaginez que, les poches pleines, le malfrat vienne à la gendarmerie et se plaigne que vous le harcelez, que vous lui rendez la vie impossible : d’accord, c’est lui la victime qu’il faut protéger, il a droit à toutes les bienveillances, et vous vous avez droit aux menaces d’amendes ou d’emprisonnement. Ne croyez pas que ma petite fable de La Fontaine se fonde sur des inventions de toutes pièces : la municipalité de Bondy, qui a décrété qu’à commencer bien sûr par les produits palestiniens étiquetés israéliens elle cessait tout commerce avec Israël (nation installée hors des règles régissant le reste du monde pour les droits de l’homme et se livrant impunément à des activités criminelles), est assignée devant les tribunaux par … l’Organisation Juive Européenne ! Alors quoi ? on n’a plus confiance en la docilité d’application de la douce loi Alliot-Marie au pays de Marianne ? Elle fonctionne pourtant rudement bien, la garce…
lucette desvignes
15 septembre 2016
4
15
/09
/septembre
/2016
19:38
Bonsoir, mes belins-belines ! Passez une bonne nuit ! Vous allez dire que je m’y prends de bonne heure pour mes souhaits vespéraux, mais tout simplement c’est que je constate mon incroyable, effroyable, impardonnable retard de fin de journée. 18 heures déjà, et mon blog matinal n’est pas encore parti ! Ne m’en veuillez pas, mes agneaux : j’ai connu une journée épuisante. Cuisine (baba au rhum – ma spécialité, à vous laisser baba !) téléphone sans arrêt, mondanités, et tandis que je découvre autour du baba comment se passe une nouvelle présidence dans une association qui m’intéresse beaucoup, j’apprends au téléphone, par messages entrecoupés, comment se délite l’académie dont je fais partie. Autrement dit, comment une poignée de médiocres (« un quarteron de généraux »…) brandissant leur démission à des postes dont la gloire leur est montée à la tête, veulent imposer leur niveau de médiocrité alors que, péniblement, une équipe dynamique - non satisfaite d’un enlisement dans la routine sans effet - cherche depuis plus d’un an à proposer une ligne de recherche regroupant toutes les bonnes volontés. Un chantier plein de promesses, et ouvrant sur un centre d’intérêt non encore traité par quiconque : les universitaires et la Résistance à Lyon sous l’Occupation. De tous côtés des choses émergent, se déroulent, se recoupent - n’est-ce pas enthousiasmant de découvrir ce que personne n’a trouvé avant vous ? et de le mettre sur pied, de le faire tenir debout en pleine lumière ? On comprend que les médiocres, qui non seulement se sont tapis à l’écart mais en outre ne sont pas sûrs de suivre la nouvelle direction d’idée, se sentent offensés et brandissent leur démission pour impressionner les autres mais s’ils savaient comme les autres seraient heureux de les voir prendre dignement leurs cliques et leurs claques et se retirer…
lucette desvignes
14 septembre 2016
3
14
/09
/septembre
/2016
08:53
Des dizaines de villes espagnoles viennent d’inventer une notion flamboyante : la Liberté d’apartheid avec Israël. Des grandes villes comme Séville, Cordoue, Cadix… combien d’autres, se sont prononcées par leurs conseils municipaux élus démocratiquement pour rompre tous liens avec un pays qui bafoue si ouvertement – et avec une telle obstination – les principes les plus élémentaires du respect des droits de l’homme et des codes universels de la guerre. Il est spectaculaire, ce mouvement qui fait tache d’huile – et tellement éloquent, tellement efficace que naturellement les défenseurs d’Israël s’efforcent d’y répondre dans l’affolement, en déposant plainte devant les tribunaux. Mais les tribunaux (qui ne sont pas comme chez nous respectueux de la délicieuse loi Alliot-Marie et ne s’appliquent pas à condamner les militants du BDS en territoire espagnol) les déboutent un peu partout, ce qui prouve qu’après bien des atonies, des tâtonnements, des hésitations l’opinion publique s’ébranle définitivement. Qu’une réponse d’impact essentiellement économique puisse si bien s’enrichir de l’impact politique et humaniste est une victoire supplémentaire pour la défense de la Palestine : certes, les effets concrets ne s’étendent pas encore jusqu’à garantir aux malheureux Palestiniens une cessation de leur oppression, un apaisement de leurs maux, une arrivée à l’air libre. Mais l’indignation contre un pays totalitaire de style ouvertement nazi, qui opprime les possesseurs de la terre en les dépouillant et les expulsant selon un plan satanique, est devenue patente : ce n’est plus la protestation sans voix de quelques minorités illuminées, c’est désormais, et de plus en plus reconnue, la desécration d’une nation qui s’est installée au ban du reste du monde et s’y prélasse en s’y gonflant comme la grenouille de la fable/
lucette desvignes