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11 décembre 2015 5 11 /12 /décembre /2015 14:38

        «Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal… » …Mais non ! Ce n’est pas Hérédia qu’il convient d’évoquer ici : sa nichée de rapaces s’égaille hors du nid pour aller chercher proie ailleurs. Ici c’est tout le contraire qu’il faudrait dire, puisqu’il s’agit de voir s’abattre une famille aux doigts crochus  sur les biens d’un homme qu’elle détestait. Une tribu de vautours fonçant comme un seul homme sur tout ce dont le propriétaire vient de lâcher prise, abandonnant toute prétention à la possession pour cause de décès…Un pillage s’organise une fois l’inventaire fait par le notaire : un beau jour, sans que personne d’officiel ne les convoque,  ils sont tous là – à moi ce guéridon, à moi ce secrétaire, à moi cette commode, à moi ce vaisselier, à moi l’argenterie, à moi le service de verres… Non seulement en théorie tout cela devrait, une fois vendu, faire partie de la succession, mais en outre cela s’effectue en douce. C’est le dépècement d’un cadre de vie peu à peu constitué à deux, c’est le démantèlement d’un tout rassemblé par les décennies. Si seulement ils pouvaient brandir un souvenir, le rattachement  à  tel objet promis parce qu’aimé d’une génération à l’autre : l’absolution serait immédiate, le geste deviendrait naturel car au contraire le lien d’affection concernant l’objet serait préservé, réacclimaté, revivifié. Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Et voir des gens hostiles à lui soudain se repaître des dépouilles d’un mort sous prétexte qu’ils faisaient ^partie de la famille,  a quelque chose d’impardonnable et de répugnant.

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10 décembre 2015 4 10 /12 /décembre /2015 20:15

Plaidoyer pour la flemme vespérale

 

 

 

 

Quand je vois s’avancer l’heure sur la pendule, 

Sans que du même pas s’avançant sur le seuil

De mon cerveau trop las la moindre particule

Puisse avoir terminé sa tâche avec orgueil,

                                                                                                                                            

Je me dis : « Mes enfants, il est temps que j’arrête.

Presser un citron vide obtiendra peu de jus. »

Sans me rendre plus loin, à stopper je m’apprête :       

La bête n’en peut plus lorsqu’elle n’en peut plus.

 

Je sais bien que j’aurais bien des choses à dire

Sur les sujets que je m’en vais abandonner,

Mais en vous accordant le droit de me maudire

Je ne vois plus qu’un but : c’est ma chambre à coucher.

 

Ce sont les fainéants, je le sais, d’habitude,

Qui restent à dormir dans leur cocon douillet.

Reconnaissez au moins avec mansuétude

Que sans être au charbon avant potron-minet

 

Mes matinées vous sont largement consacrées 

A trouver des sujets pour vous intéresser,

A tenter de développer votre pensée :

Croyez-vous que cela se fasse sans m’user ?

 

C’est pourquoi, mes belins, quand le soir s’achemine

Vers le dodo béni  qui me tend ses doux bras

Je cesse de philosopher, oui, mes belines :

Au dodo ! Je le sais : vous ne m’en voudrez pas.

 

                                                                                 

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8 décembre 2015 2 08 /12 /décembre /2015 14:12

         Le PS, tardivement illuminé, a découvert dans l’urgence une stratégie subtile pour contrer la marée du FN : il se saborde noblement, lorsqu’il est en troisième position, pour que le regroupement des électeurs désormais sans étiquette puisse faire barrage. Indépendamment du fait que cette stratégie reste fort aléatoire, elle pourrait paraître comique si elle n’était pas si désespérément tragique pour la gauche. C’est l’effondrement d’une entité puisqu’elle accepte de disparaître dans des élections de pareille importance  (à preuve, un élu au moins résiste, quitte à se faire rayer du parti pour insubordination). Il semble cependant qu’on soit déjà bien loin de 2002, où comme un  seul homme (et sans réfléchir) la gauche se retrouvait… derrière Chirac, dont la mémoire volontairement infidèle prenait un score pharamineux pour du bon argent comptant. Cette fois-ci, la marée est inendiguable, car elle a pris force dans une allure identitaire, bienvenue dans un pays raciste aux relents de pétainisme avéré : elle était ainsi sûre de flatter les esprits et les cœurs, alors qu’en réalité (mais elle en était parfaitement consciente) c’est sur une faillite sociale et économique d’envergure majeure que se construisaient les ressentiments de la population. Laquelle va sans attendre se rendre compte que les problèmes  fondamentaux restent les mêmes, à part quelques coupures douloureuses pour certains et quelques saupoudrages passagers pour les autres. Un changement de drapeau n’a aucune raison de fournir solution miracle aux difficultés  profondes auxquelles, au lieu de jouer désormais les pères nobles, le grand vaincu de  ces élections aurait dû efficacement se consacrer depuis des années. Faire barrage a pris à peu près autant de sens que voter utile…

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7 décembre 2015 1 07 /12 /décembre /2015 17:06

         On nous avait prévenus - et en vérité nous n’avions pas besoin d’interprète ni de devin pour savoir ce qui nous pendait eu nez – mais on n’a rien pu éviter. Ils sont partout maintenant, et je n’ai même pas eu le courage de regarder à la télévision à quel niveau plafonne leur installation dans le quotidien de la France. Au début c’était seulement une menace, on savait que c’était sérieux mais on ne pouvait organiser que les défenses et réactions individuelles. Ce qui ne suffisait pas ; c’est au niveau des décideurs qu’il eût fallu des politiques autres, efficaces, compétentes, honnêtes – et c’était trop demander à nos gouvernants : travailler à des améliorations de base du tissu économique et social, éviter les faux-pas et les erreurs, rallier les bonnes volontés au lieu de décourager tout le monde par leur impuissance, leur veulerie, leur nocivité de principe. Lequel tableau aurait poussé n’importe qui loin d’eux, mais de l’autre côté on brandissait des drapeaux, des réclamations, des appels à l’insurrection paisible que représentait l’adhésion au Front – de quoi plaire à tous les prophètes et rouspéteurs du Café du Commerce, aux petits commerçants, aux chômeurs, à Hue ! et à Dià ! Et ça finit par faire du monde, tout ça – voilà, c’est fait. Un chauffeur de taxi, ce matin, me disait :  «  Je vous parle pas : je m’entraîne pour la Gestapo qui va installer des micros sous le pare-brise. On pourra plus converser le temps de la course, juste : « Il fait beau, hein ? – Oui, il fait beau ».On sera espionnés, ligotés … Heureusement, je compte sur les jeunes pour réagir, ils vont pas se laisser faire comme ça, ça va couver puis ça va exploser ». Doux rêveur, ce chauffeur de taxi… Il était encore jeune, il n’avait pas eu le temps d’acquérir ma triste sagesse et mon douloureux scepticisme…

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5 décembre 2015 6 05 /12 /décembre /2015 19:14

         «Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal… » …Mais non ! Ce n’est pas Hérédia qu’il convient d’évoquer ici : sa nichée de rapaces s’égaille hors du nid pour aller chercher proie ailleurs. Ici c’est tout le contraire qu’il faudrait dire, puisqu’il s’agit de voir s’abattre une famille aux doigts crochus  sur les biens d’un homme qu’elle détestait. Une tribu de vautours fonçant comme un seul homme sur tout ce dont le propriétaire vient de lâcher prise, abandonnant toute prétention à la possession pour cause de décès…Un pillage s’organise une fois l’inventaire fait par le notaire : un beau jour, sans que personne d’officiel ne les convoque,  ils sont tous là – à moi ce guéridon, à moi ce secrétaire, à moi cette commode, à moi ce vaisselier, à moi l’argenterie, à moi le service de verres… Non seulement en théorie tout cela devrait, une fois vendu, faire partie de la succession, mais en outre cela s’effectue en douce. C’est le dépècement d’un cadre de vie peu à peu constitué à deux, c’est le démantèlement d’un tout rassemblé par les décennies. Si seulement ils pouvaient brandir un souvenir, le rattachement  à  tel objet promis parce qu’aimé d’une génération à l’autre : l’absolution serait immédiate, le geste deviendrait naturel car au contraire le lien d’affection concernant l’objet serait préservé, réacclimaté, revivifié. Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Et voir des gens hostiles à lui soudain se repaître des dépouilles d’un mort sous prétexte qu’ils faisaient partie de la famille,  a quelque chose d’impardonnable et de  répugnant.

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4 décembre 2015 5 04 /12 /décembre /2015 14:33

         C’est à plusieurs titres que Fritz Lang est passionnant. Non seulement comme Juif ayant dû quitter l’Allemagne hitlérienne avant d’en être victime (et marié à la grande Thea von Arbou,  sinon égérie de Hitler comme Leni Riefenthal, du moins zèlée thuriféraire) et comme grand homme de cinéma, mais aussi parce que les obsessions thématiques de sa production une fois installé en Amérique finissent par intriguer quant à leur origine peut-être personnelle. Son oeuvre en effet, abondante et diverse, est entièrement construite sur la culpabilité, le secret, la découverte d’un passé criminel, le jeu des apparences et de la vérité, l’enquête et ses sinuosités pour arriver à la lumière. A mon avis, Lang a bien autant que Sir Alfred le sens de l’intrigue qui enveloppe de ses liens un individu, coupable ou faux coupable, lequel traverse tout le film en accusé. Pris pour un autre, poursuivi par erreur, solitaire dans sa fuite et dans sa lutte pour retrouver les preuves qui le blanchiront (dans Espions sur la Tamise, où la Tamise fait si bellement défaut, on déroule l’imbroglio de tout un réseau d’espions nazis incluant les innocents, les faux amis, un faux mort vrai nazi, plus un coupable d’euthanasie…qui doit amener la police à retrouver un gâteau par erreur attribué à lui lors d’une kermesse organisée par des espions  parce qu’il contient un microfilm volé à la Défense nationale !!!), le héros même une fois délivré de la poursuite policière restera vaguement soupçonné d’avoir tué sa femme… Or c’est le drame personnel de Lang, l’étrange mort de sa femme ayant permis son mariage avec Thea : jusqu’à son dernier jour le soupçon pèsera sur lui et ses amis rompront avec lui… Ce qu’il me paraît intéressant de retenir, c’est l’arrière-plan de culpabilité qui a fourni au cinéaste ce thème de base (avec variations, toujours intelligentes même si elles sont parfois forcées comme dans L’invraisemblable vérité) en lui donnant une étrange  force.

 

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3 décembre 2015 4 03 /12 /décembre /2015 16:25

         M le Maudit hier soir – ça ne se refuse pas. Comme je ne l’avais pas revu depuis des années, j’ai craint un instant que le schéma linéaire de son récit ne fasse naître un peu d’ennui : je me rappelais surtout le coup de poing ressenti quand, comme l’assassin, le spectateur découvre la pleine assemblée des malfrats, figés dans une attention intense. Eh bien j’avais tort : chef d’œuvre sur toute la ligne, chef d’œuvre absolu. L’enchaînement des « zones » humaines se fait dans une admirable souplesse. Les gens du peuple et de la rue d’abord – avec les mères, à la fois d’un réalisme « adulte » inattendu (le cinéma alors succède tout juste à Dreyer et à Murnau) et d’un refus total du pathos : ainsi la simple mention, doucement appuyée, de la tendresse avec laquelle la mère prépare le couvert de la fillette qui ne reviendra plus, ou encore, poignants, à peine montrés pour évoquer le meurtre de l’enfant, les derniers mètres faits paresseusement par sa balle au niveau du sol tandis que le ballon, enfin lâché, se prend dans les fils du téléphone… Puis la police, du haut gratin jusqu’aux agents (avec la vision sarcastique des simples policiers dont leur chef décrit au ministre le surmenage et l’épuisement, alors qu’ils font de longues siestes sur leurs chaises, ou des commissaires, dont sont décrites les affres qui les ravagent dans cette chasse à l’assassin, alors qu’on nous les montre traînant sur leur repas et se servant largement à boire dans une effroyable tabagie). Enfin les bandits, avec la décision de leurs chefs d’utiliser (magistralement) le régiment des mendiants puis d’aller investir l’immeuble désert où s’est réfugié le meurtrier. Chaque phase est nourrie, pleine de sens et de détails humains – y compris le plaidoyer « pour la théorie » du malfrat improvisé avocat qui trouve des arguments à la défense du coupable…Un grand film noble, plein de vérité. Avec 
Ministry of Fear pour prendre la suite (espions sur la Tamise sans Tamise, mais ce n’est pas la faute de Fritz Lang) : quelle belle soirée sur Arte (pour une fois…) !

 

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2 décembre 2015 3 02 /12 /décembre /2015 10:37

         Nous sommes rudement fiers que ça se passe chez nous, tous ces gugusses venus du monde entier et qui se sont choisi comme pivot central notre  petit timonier. Comme si, lui qui ne peut pas faire face aux ennuis domestiques, il allait pouvoir conseiller de manière sage et durable alors qu’ils sont venus pour se plaindre les uns des autres…On nous les montre souriants, alignés comme pour les photos de famille lors des grands événements, crocs rentrés, regards francs et honnêtes pour une fois. Il n’y a bien qu’à Poutine qu’on ne peut arracher un sourire. Mais il n’est pas venu pour faire chorus avec les autres, lui. Il est venu pour marteler ses mots, pour vitupérer, pour mettre les pieds dans le plat : il met en avant ses griefs particuliers et il se moque bien du sujet de ce grand raout amical, à savoir, le salut de la planète. Chacun a été affublé de son pourcentage de pollution, on chipote sur les décimales, à la rigueur on peut consentir à prendre l’air confus, mais chacun pense dans sa langue « Cause toujours, tu m’intéresses ! ».Parce que chacun voit ce que l’autre refuse de faire d’utile et fait allègrement de nocif, mais tourne sur soi le petit bout de la lorgnette et se trouve aussi innocent que l’agneau nouveau-né. Oui, ils sont venus pour bien manger, peut-être même leurs épouses feront-elles en vitesse quelques achats de Noël : tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil sur la photo,  mais la banquise va pouvoir tranquillement continuer à fondre après toutes ces belles palabres pour la galerie…

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1 décembre 2015 2 01 /12 /décembre /2015 10:52

Mea Culpa immédiat : ligne 5 du N°2091: Lire "fait" (des recherches) au lieu de "faite". Sorry, sorry...

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1 décembre 2015 2 01 /12 /décembre /2015 10:37

         Le Golan, territoire syrien, est occupé par Israël depuis 1967. On ne fait qu’y chasser les Bédouins nomades qui y font brouter leurs troupeaux de chèvres et de moutons, en les repoussant, depuis quelques mois, carrément du côté du désert, ce qui ne leur laisse pas présager des lendemains qui chantent. Mais surtout, depuis plus de vingt ans, Israël fore et faite des recherches dans le sous-sol, qui révèlerait paraît-il des milliards de barils de pétrole. D’où l’interdiction de tout ce qui n’est pas israélien pour la prospection, d’où surtout l’excitation des experts à revendiquer définitivement le Golan comme un bien national.  Même chose en face de Gaza, dans la Méditerranée : c’est Israël qui fore et creuse et prospecte, et ce sera là une nouvelle richesse dont la possession sera arrachée aux Palestiniens. On leur a déjà volé leur eau, leur terre, leur histoire, leur passé, leur liberté, on leur confisque toute source de revenu venant de l’ONU et ne pouvant les atteindre qu’en passant par Israël (autrement dit, blocage des fonds incessant tandis que le pays se meurt d’impuissance à développer son industrie ou simplement son commerce). L’homme de bon sens et de bonne volonté mis en face de ces données ne peut que s’indigner de voir agir Israël de cette manière fourbe, cruelle, malhonnête, provocante, haineuse : comment les dirigeants de la planète peuvent-ils refuser de voir, de réfléchir, de conclure ? Comment peuvent-ils laisser faire, laisser se pourrir et se gangrener une situation qui redouble l’instabilité et les dangers d’explosion au Moyen-Orient ?

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