29 septembre 2012
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Je reviens sur l’exploit du funambule Philippe Petit se promenant nonchalamment à 452 mètres au-dessus du sol entre les
deux tours du Trade Center, celles dont la terrible inscription « Ground Zero » indique qu’elles s’élevaient fièrement là naguère. On a consacré dans le document beaucoup de temps aux
préparatifs de l’exploit, tous assez palpitants d’ailleurs pour qu’on n’ait jamais l’impression que le réalisateur tirait à la ligne, comme cela se pratique si souvent. A y réfléchir, le
transfert de tout le matériel nécessaire jusqu’au dernier étage moins un, juste sous la terrasse terminale – le bâtiment à peine sorti du brut de décoffrage, encore en chantier dans les gravats
et le ciment – a représenté un tour de force surhumain, puisque tout a été monté sous forme d’éléments de déménagement (dûment contrôlés, papiers et badges officiellement -?- valables) par les
membres de l’équipe, en hommes d’affaires avec attaché-case pour les articles légers, en portefaix encombrés de lourds cartons pour le gros de l’affaire : l’essentiel était de ne pas attirer
l’attention d’un même type de visiteurs avec toutes ces allées et venues. Il fallait dissimuler le matériel sous des bâches, déjouer les contrôles
des surveillants et des policiers, se cacher également la veille du grand jour (au risque d’être ankylosés et perclus après plusieurs heures d’immobilisation au froid, lorsqu’à trois heures du
matin les préparatifs ultimes commencent pour assurer la promenade sur le fil à l’arrivée du soleil). Un archer envoie une flèche sur l’autre tour où
le reste de l’équipe œuvre de son côté, à laquelle flèche est attaché un fil de nylon auquel est attaché un fil plus gros puis divers filins de grosseur croissante jusqu’à ce que le câble des
évolutions du funambule soit transporté sur l’autre toit … Imaginez les efforts ^pour réussir ce ^plan insensé. Moi je m’attriste surtout de penser que de cette équipe après ce succès inouï il ne
restera rien, amours défaites, amitiés rompues, ferveurs oubliées,..Oui c’est triste, mes belins-belines...
lucette desvignes
28 septembre 2012
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J ’ai aimé, avant-hier, suivre l’aventure de ce funambule dansant entre les deux défuntes tours du Trade Center. Un funambule, d’ailleurs, qui avait bien
d’autres tours dans son sac : dans le quartier de Beaubourg, tout en noir sous son gibus, il pédalait comme un dératé sur un monocycle minuscule filant comme le vent, ou jonglait avec des
quilles, ou faisait disparaître des objets que son habileté de doigts faisait reparaître dans des endroits incongrus. Il n’était déjà, au départ, pas taillé dans le bois dont on fait les flûtes…
Les préparatifs de son exploit étaient passionnants – déjà à deux mètres du sol on tremblait pour lui, et le filin sur lequel il glissait était
arrimé avec d’incroyables précautions, lui seul s’en chargeant, comme un parachutiste ne confie à personne le soin de replier son parachute. Et déjà c’était merveilleux de le voir avancer, se
retourner, s’agenouiller sur son fil, voire s’y coucher de tout son long comme pour y faire un somme. Une question – importante tout de même – n’a jamais été abordée : pendant les
années où la préparation a été nécessaire, avec par exemple ce point fort que fut la promenade entre les deux tours de Notre-Dame, nulle allusion ne
fut jamais faite aux coûts énormes de la location d’un immense terrain d’exercice, du matériel de qualité irréprochable, des divers voyages à Sydney ou à New York – et il fallait bien vivre tout
de même… Mais les amis indispensables à divers titres se ralliaient au projet comme s’il s’agissait pour eux de venir passer le week-end à la campagne… Et pas question de subventions à
quêter ici ou là : tout devait se préparer dans la clandestinité, l’exploit était en contravention officielle avec la loi. A preuve, l’expulsion
hors USA du copain complice. L’exploit lui-même n’avait pu être annoncé, seuls les piétons levant le nez pouvaient jouir du spectacle (mais il y eut vite une foule figée sur les trottoirs
et dévorant des yeux cette voltige irréelle – huit allers et retours – élégante et poétique, décontractée, à inscrire au chapitre des
rêves…
lucette desvignes
27 septembre 2012
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Aujourd’hui il pleut et il fait du vent, ce qui fait mentir ma condition de reprise du sujet mais tant mieux. Je le reprends, car il suscite chez vous sans doute un certain intérêt : vous aimez peut-être Mr Bean (moi je le déteste mais il en faut pour
tous les goûts) et très certainement vous connaissez Terry Thomas, perdu avec de Funès dans les vapeurs des bains turcs de « la Grande Vadrouille » et qui, lorsque la mère supérieure
des hospices de Beaune se penche sur son lit du Moyen Age dans la salle des malades en lui disant « Dites trente-trois » répond à voix basse « Thirty-three » pour lui faire
dire « Ah ! je vois ce que c’est ! ».Et Hugh Laurie aussi vous connaissez, ce grand fada britannique qui ne sourit guère et qui,
je crois, a incarné Dr Who il y a peu… Donc je pars du principe que vous les connaissez, et je voudrais insister sur un point commun important à toutes ces séries déjantées, chacune dans son
style et son genre : alors que les USA (qui se sont emparés de cette inépuisable mine pour en faire leurs sitcoms dont certains visent à faire rire) ont amené leurs héros à reproduire
l’humanité américaine, les Britanniques au contraire ont rompu tout lien affectif entre le public et les personnages qui le font rire. On n’a aucune pitié pour les héros minables ou cinglés qui
se mettent d’eux-mêmes dans des situations inextricables ou qui s’autodétruisent sous nos yeux, car ils sont lâches ou menteurs ou voleurs (oh le Père Ted qui a volé les fonds de la paroisse, et
son vieux collègue qui ne dessoule pas…) et nous pouvons les regarder sans jamais appliquer d’eux à nous le moindre transfert affectif. Il y a une évidente cruauté de voyeur dans le regard du
spectateur de ces séries télévisées britanniques, d’où le caractère sans mélange du comique. « Allo ! Allo ! » par exemple, qui reconstitue (avec quelle liberté et quelles invraisemblances !) la vie d’un bistro de campagne français pendant l’Occupation et qui admet joyeusement des grimages et travestissements
impayables dans des situations ahurissantes (un exemple : deux résistantes en béret dépouillent de leurs vêtements deux sous-officiers allemands qu’on enferme dans un ^placard pour pouvoir en habiller deux aviateurs de la RAF qui ont atterri dans un poulailler) colle volontiers
les fausses moustaches à l’envers, surtout sur les dames dont les bouches maquillées continuent à être aussi pulpeuses que jamais…Aucune adhésion
n’est possible, ce qui donne au comique une dureté mécanique irrésistible : voir la prétentieuse Hyacinth s’effondrer une douzaine de fois dans un buisson en passant près d’une vieille épave
où loge un chien aboyeur et.. . en redemander, voilà un tour de force de complicité du spectateur qui ne se réussirait pas de ce côté-ci du
Channel…
lucette desvignes
26 septembre 2012
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Une série
d’articles sur les feuilletons comiques anglais qui m’est transmise par Internet m’enchante. J’y trouve
la justification culturelle de tous les engouements que j’ai ^pu avoir pour ces séries d’un comique insolite, très particulier, qui se régale sans honte de la grosse farce et attache le
spectateur indéfectiblement. Dans la masse que brandit le savoir encyclopédique de l’auteur, je repère quantité de programmes que j’ai suivis ou que je suis encore – ne me dites pas que vous
n’avez pas suivi la projection de Benny Hill sous toutes ses hypostases, je ne vous croirais pas. Mais justement l’intérêt pour moi n’est pas le simple rappel (ou la déconcertante annonce de tant
de séries que je n’ai jamais vues et ne verrai jamais) : j’y ai appris que toute une génération d’amuseurs devenus
célèbres ont commencé pendant la seconde guerre mondiale comme divertisseurs à tout prix des soldats cantonnés en garnison ou du public dont le moral avait grand besoin d’être soutenu d’une
poigne de fer…D’où sans doute le tout venant dans ce comique, sa variété, sa spécificité, son effervescence, ses délires. Et aussi ses associations – duos ou trios dont les membres sont branques
et ainsi peuvent nous présenter n’importe quoi pourvu que cela nous fasse tordre. Il faut avouer qu’il y en a ^pour tous les goûts : je déteste certains programmes qui ont par ailleurs grand
succès, comme « Black Adder » (sauf dans le dernier épisode, situé en 1917, d’une pathétique gravité à la fin) ou comme « American pie » qui m’a souvent soulevé le cœur, ou
encore « Lead Balloon », complètement débile. Et puis l’équipe du « Monty Python Circus », qui peut hérisser certains conservateurs du rire – oui c’est vrai, je suis émoustillée à toutes ces évocations, mais j’ai encore à vous dire un gain précieux tiré
de cette étude. A demain « se non piove e se non tira vento “…
lucette desvignes
25 septembre 2012
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On dirait
vraiment que je m’entraîne à me débrouiller sans rien voir. Les yeux fermés je retrace les itinéraires dont je commence à avoir l’habitude. Quatre marches, un plan incliné, une porte qui s’ouvre
devant moi, un accueil où je me signale seulement par courtoisie car on m’attend dans un autre bâtiment (la courtoisie fait souvent défaut ici, où la réceptionniste rit et batifole au téléphone
sans tenir compte des arrivants) un long couloir, une porte qui s’ouvre, une rampe de descente, une cour à traverser, un bâtiment marqué B, une rampe de montée, une porte qui s’ouvre, une
pancarte rassurante (si l’on veut : « explorations ponctuelles », ça peut aussi faire frissonner), un accueil courtois, Asseyez-vous,
Non je n’ai pas besoin de votre carte vitale merci, Prenez place dans la salle d’attente, La salle de repos à côté c’est pour après. Tout cela devenu familier sinon pleinement rassurant. Ensuite,
à l’appel des noms, on se lève, comme les poilus morts se dégageant des limons de la Champagne le jour du jugement, on complète la brochette qui attend au bout du couloir, on reçoit le
harnachement vestimentaire – charlotte ^pour les cheveux, ample peplum pour le corps, chaussons pour cacher les souliers - , puis on est dirigé vers la salle d’opérations, deux infirmières vous
ont chacune mis deux gouttes dans l’œil coup sur coup (cultivent-elles entre elles une saine émulation ou les produits sont-ils différents ? on ne vous dit rien sur ce point important), on
vous fait allonger, re-gouttes puis badigeon d’antibiotique puis re-gouttes puis votre visage est couvert d’un masque en papier bleu avec un trou en face de l’œil, on vérifie qu’on s’occupe bien
du bon et pas de l’autre, un écarteur de paupières est mis en place, Attention ça va faire mal juste une seconde, vous hurlez juste une seconde,
C’est fini, on vous inonde l’œil de nombreuses gouttes, on vous débarbouille de l’anesthésique et de l’antibiotique, on vous relâche dans la nature, Attention, ne vous relevez pas trop vite, ça
va ? parfait … On vous déshabille de vos vêtements de carnaval, vous regagnez l’accueil presque à tâtons, Vous voulez rester dans la salle de repos un moment ? Non, commandez-moi mon
taxi, qu’il me prenne tout de suite. Vous voyez, mes belins-belines, comme c’est facile. On pourrait faire ça toutes les semaines.
lucette desvignes
24 septembre 2012
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La courtoise
insistance avec laquelle un technicien venu pour mon chauffage a tenu à se déchausser pour ne pas abîmer les tapis du salon m’a rappelé les rites du Canada de l’Ouest, celui des Prairies ou des
Rocheuses, où le placard de l’entrée est destiné à recevoir les chaussures des invités. Les messieurs restent en chaussettes, les dames tirent d’un coquet petit sac en taffetas ou en lamé de coquettes ^petites pantoufles dorées – l’habitude, au départ logique puisqu’au Canada les hivers veulent dire neige épaisse et
que la neige gâte les moquettes, s’est transformée en une habitude automatique : même en plein été le rite persiste, et les étalages d’orteils sont sans problème à l’ordre du jour.
L’objectif demeure : surtout, que les invités se sentent chez eux, parfaitement à l’aise. C’est pourquoi les maisons sont ouvertes à
l’invasion, demi-étage, family room au sous-sol, salle de bains pour le maquillage de dernière minute, chambre du couple réservée pour les dames,
toilettes séparées (avec pancartes imprimées, parfois même illustrées : Gals – Guys … Tout juste si on n’attend pas la pancarte si
fréquente dans les bars sympa : « Hang overs provided and healed », autrement dit « Fournitures et service après-vente pour gueules de bois ») …Car sur ce point là on
s’active gaillardement dans ces soirées du vendredi : une cassure se pratique entre la semaine de boulot et le week-end où l’on s’occupe de soi, un petit vent de déraison sinon de folie
souffle sur les esprits, les estomacs se préparent au pire, c’est la fête. Honte à l’hôte qui ne tend pas d’emblée à l’invité qui entre sa boisson favorite ! Il se renseigne utilement avant
l’arrivée d’un invité nouveau – c’est ainsi que dès ma première invitation mondaine je me suis trouvée à ma grande surprise accueillie par un bourbon and soda deux glaçons (renseignement soutiré
à l’ami chez qui je résidais). L’information s’est répandue comme une traînée de poudre, et je me suis souvent demandé ce qui se serait passé si j’avais décidé de changer pour un gin and tonic – mais j’avais toujours, une fois dédouanée, la possibilité de prendre des initiatives
individuelles…
lucette desvignes
22 septembre 2012
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Avons-nous vraiment besoin d’un gourou dans le domaine des lettres ? Nous faut-il absolument un mage, un druide pour planer
au-dessus de ce territoire encombré aux mille turbulences et combines souterraines ? Non certes que celui auquel je pense – comme vous, mes belins-belines - ait jamais refusé de participer
auxdites turbulences et combines, directement ou par personne interposée : un pape, c’est un pape, ou bien ? (comme on dit à Genève). Pendant ^plus de trentet ans il a régné sur les
vendredis soirs de la galaxie Gutenberg, avec son sourire et ses petites lunettes faisant oublier une tyrannie absolue qui interdisait toute tentative
de proposer une formule différente de la sienne, tout essai de libération d’un joug officiel de critique littéraire, sa formule à lui étant devenue essentielle, en quelque sorte un étalon
éventuellement copiable mais non sans droits d’auteur. Et l’entrée en académie, quelle qu’elle soit, vous couronnait le bonhomme, lui qui avait déjà couronné tant de médiocres ! Et voilà
que, tel un vieux président de la République chassé du pouvoir et ne sachant quoi faire de son temps libre qui se lance dans la littérature (c’est pas cher, y a pas de droits d’entrée à payer),
il se mêle aussi de tremper sa plume dans l’encrier, histoire de montrer qu’il peut faire aussi bien que les médiocres qu’il a jadis encensés. Chiche qu’on lui donne le Goncourt cette année (il y
va tout droit, vu comme on le retrouve partout, sur toutes les chaînes et à toutes les émissions qui se targuent d’être culturelles : c’est la préparation à la chose qui compte, et lui le
battage il sait faire). En attendant le Nobel sans doute, son nom est bien connu en Suède…
lucette desvignes
21 septembre 2012
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J’ai toujours
beaucoup d’intérêt et d’émotion à suivre les progrès que fait un chat pour s’intégrer définitivement aux rythmes et à la vie de ma maisonnée, puisque
nous vivons en symbiose – c’est un pléonasme, mais il sonne bien et il est sympathique – et qu’il s’agit pour lui de dépasser l’instinct de survie en s’adaptant à des compagnies pas toujours
bienveillantes au premier abord. Je viens d’en faire l’expérience – ô combien agréable et stimulante - avec Maxence qui en une quinzaine de jours a
fait des progrès foudroyants. Il n’y a guère que deux semaines en effet – mettons trois ^pour faire le bon poids honnête - qu’il est apparu sur mon
orbite, autrement dit dans les parages de mon jardin, me fixant depuis la route avec intensité. Me chassera ? Me chassera pas ? Dès l’abord il semblait à peu près rassuré, tout de
même : je dois avoir soit une bonne réputation parmi la gent féline du quartier, soit une bonne tête, en tout cas je ne fais pas peur aux chats,
même de loin. Une première observation, oreilles dressées, thorax avantageux – aux aguets. Une première avancée, pâtée dévorée sur mon palier après une progression circonspecte. Puis connaissance
faite avec de petites bribes de bifteck haché, nouveauté dans son régime : à déguster si l’on vient jusqu’à proximité de mes pieds. Chose faire, mi-forfanterie, mi-étonnement. Au bout de
deux jours je peux caresser. Au bout de trois jours il se frotte contre mes jambes, il me suit à la cuisine. Cinq jours, il se laisse prendre dans les bras – progrès surprenant. Puis le ronron
s’accentue, puis il « commence à y croire » - ce qui se traduit par l’envie de chasser tous les résidents pour affirmer son identité. Peu à peu la coexistence s’installe, les allées et
venues séparées s’organisent en attendant un rassemblement qui sera la preuve définitive de l’intégration, décidée par l’un et acceptée par les autres (c’est sur ce point-là qu’il faut marcher
sur des œufs, mais à chaque nouvelle naturalisation de SDF sans papiers je sais comment faire). Je passe sur les détails mineurs de la progresseion : cette nuit Maxence a dormi contre mon
épaule.
lucette desvignes
20 septembre 2012
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Comme pour me
confirmer dans mes vaticinations – à savoir, l’annonce qu’après le champ de navets de Thermidor on aurait droit à des programmes de plus haut niveau intellectuel et artistique - le choix des magazines de télé en effet a repris du tonus et presque de l’allure. Toujours bien entendu, sagement,
prudemment, sans se lancer dans les découvertes : il faut attendre deux ans pour que les films puissent avoir assez de bouteille pour gagner le droit à l’appellation contrôlée.
Toutefois, de même que pour les navets on nous repassait de manière éhontée de vieux trucs éculés en dehors de l’audimat, de même pour les programmes
de rentrée on se cantonne volontiers dans les productions déjà canoniques, comme si on avait peur en haut lieu de nous faire essuyer des plâtres. Vous n’avez qu’à feuilleter les menus de la
semaine : La Ruée vers l’or, Mort à Venise, Autopsie d’un meurtre, Serpico, Loin du Paradis, Les
Infiltrés…Reviens-moi, aussi, pas extraordinaire mais de qualité et plus récent – je dois dire que la scène du désastre de Dunkerque en mai 40, immense déroulement de ruines, de débris
matériels et humains, avec sa grande roue dérisoire et ses carcasses militaires, ses survivants affamés et malades, vous laisse volontiers sans voix – tout cela augure bien d’une saison
d’automne. On a même l’impression que les ressources des réserves sont telles qu’on ne sait pas bien comment les distribuer : à preuve, cet embarras devant trois grands films projetés en
même temps, le même jour à la même heure, qui mériteraient l’exclusivité chacun dans son genre. Comment voir Poetry, ce grand beau film coréen, sans
sacrifier Le Mécano de la Général de désopilante mémoire (j’aimerais tellement le revoir) ou, dans un autre genre de chef-d’œuvre, La Poursuite impitoyable d’Arthur Penn, avec une distribution étonnante ? Ce serait malheureux tout de même
de pleurer la bouche pleine.
lucette desvignes
19 septembre 2012
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. Le blog d’hier, mes
belins-belines, n’était pas trop tonique ; il se ressentait de la sonate funèbre de Schubert qui me trottait par la tête depuis un jour ou deux. Aujourd’hui je vais tâcher de changer de
disque, et je pense que ce ne sera pas trop malaisé puisque ce matin le soleil inonde mon bureau. La consultation multiple des catalogues de jardin joue aussi son rôle, ces brassées de fleurs
finissant vite par se faire prendre pour des vraies à force de couleurs et de variété – il n’y a plus que le parfum qui fasse défaut ! Mais une fois de plus je me sens perplexe devant cette
manie qui se répand, laquelle consiste à obtenir du deux en un (comme les gilets à effet de plastron ou les pantalons de soirée à effet de jupe) – on
dirait qu’il faut absolument gagner quelque chose, du temps, de l’argent, des fonctions, que sais-je ? Pourquoi ne pas accepter les fleurs telles qu’elles doivent être, après avoir obtenu
d’elles un rendement aussi beau et durable que possible ? Je vois ici des primevères à fleurs de roses (je ne suis d’ailleurs pas sûre que la mutation ait été parfaitement réussie si j’en
juge par mon expérience d’il y a trois ans sur la foi de ces mêmes catalogues – mais peut-être ont-ils affirmé leurs techniques), des tulipes à fleurs de pivoines, un rosier à fleurs de phlox
(mais quelle idée ! le phlox et la rose sont superbes chacun dans sa peau, chacun avec ses caractéristiques et ses couleurs – et que deviendra le parfum original de chaque espèce ?).
J’ai même trouvé une clématite à fleur de passiflore, ce qui traduit une montée en puissance de la recherche dans ces combinaisons inutiles…A quand la rose en fleur d’œillet, rivalisant avec
l’œillet en forme de rose ? Hâtez-vous, les chercheurs botaniques ! Notre attente est insupportable !
lucette desvignes