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14 août 2012 2 14 /08 /août /2012 11:06

 

            Puisqu’on nous offrait sur les étranges lucarnes un festival de navets, j’ai voulu faute de mieux voir ce que c’était qu’un navet d’envergure internationale. J’aurais pu tomber sur un numéro de la série des gendarmes, mais ça ne s’est pas trouvé. En avant donc pour Bons baisers de Russie, où il y avait peut-être des relents de guerre froide vus (si on peut voir des relents) du côté occidental, c’est-à-dire du côté le plus bêtement agressif (l’autre côté c’est le plus agressivement bête). D’abord je n’y ai rien compris : du côté   russe les entraînés aux coups durs sont si idiots qu’ils se font descendre comme des mouches ; du côté James Bond il est presque toujours dans le noir, aux aguets, il tire un peu au jugé dès qu’une brindille craque, il a toujours son petit chapeau et son smoking blanc, on le poursuit ou c’est lui qui poursuit je ne sais pas, mais quand on le retrouve au bar d’un hôtel super chic entouré de belles filles c’est qu’il a échappé aux mauvais coups. Ne croyez pas que l’aspect démocratique soit négligé dans ce vaste kaléidoscope du monde : à un moment la scène se passe aussi chez les Roms, les filles y font des danses du ventre à l’égyptienne en l’honneur de leur visiteur, puis elles se battent et se déchirent les vêtement jusqu’à la limite de la pudeur, mais lui n’en pince pas davantage pour l’une que pour l’autre, qu’est-ce qu’il fait là à manger avec les doigts tandis que les garçons transportent des balles de foin pour faire couleur locale ? On le retrouve ensuite dans son biotope (écoutez bien : dans son biotope, mes belins-belines) qui est la chambre de l’hôtel six étoiles où se glisse entre les draps une pépée entraînée par les Russes mais trop amoureuse pour bien jouer le jeu, et là devait se situer la SCENE qui a imposé Sean Connery comme sex symbol auprès des dames et des messieurs de tous âges : on l’avait annoncé dans Télérama, il sort de la salle de bains les reins ceints d’une serviette mauve et arborant une poitrine esthétiquement velue à faire damner les saints. Je voulais au moins voir ça. Eh bien la serviette est bleue, tout banalement, elle n’a rien d’exigu par le bas, et le torse nous avait déjà été montré auparavant sans soulever le moindre soupir d’extase.. J’ai fermé le poste : je n’aime pas qu’on me trompe sur la qualité de la marchandise.

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13 août 2012 1 13 /08 /août /2012 11:25

             Lorsque j’avais huit ans, avant les Merveilles du Monde, bien avant  Blanche-Neige et les Sept Nains, j’ai un temps collectionné les images du chocolat de l’Union. Elles étaient assez épaisses, bistres, et m’ouvraient les portes d’un paradis de cauchemar où j’étais  à mon aise. Tricératops, iguanodon, archéoptéryx, tyrannosaure, diplodocus, megathérium, je les connaissais tous, ils me servaient d’illustrations pour rendre la lecture du Voyage au Centre de la Terre  ou surtout   du Monde perdu aussi vivante que sur un petit écran.. Il m’a fallu attendre pour voir King Kong -  le vieux, le seul, le vrai, l’étonnant, et j’avoue que les combats de dinosaures me séduisaient davantage que la passion du monstre pour cette créature qui tenait dans sa main. J’ai refusé de voir Jurassic Park quand c’en était la grande folie parce que j’ai horreur de la vulgarisation à tout crin, mais samedi j’ai sauté sur un programme où les monstres antédiluviens étaient à l’honneur, y compris les géants des airs de douze mètres d’envergure. Vous l’avouerai-je ? J’ai été très déçue. On annonçait cette série de documentaires scientifiques comme une réussite britannique, et chacun sait que dans le domaine du documentaire les Anglais sont les rois, pour la conception comme pour la réalisation.  J’étais gênée de voir la souplesse et, presque, les palpitations de ces peaux écailleuses dont au fond on n’était pas très sûr qu’elles fussent telles qu’on les imaginait à partir  de leurs squelettes. Voir les iguanodons sautiller pour s’enfuir ou marcher sur deux pattes, je l’aurais sans problème accepté dans un dessin animé de qualité supérieure : il n’y aurait pas de tricherie sur la nature du procédé. Ici ces images de synthèse qui font plus vrai que nature  ont quelque chose de faussé à force d’être trop vraies. Et les scénarios de poursuites, de nidification, de chasse à la proie ont beau avoir eu de la tenue dans leur simplicité nécessaire, on n’y ajoute pas foi. Il y a pourtant des couleurs, même dans les yeux ou les becs (mais qui pourra garantir que « c’était comme ça » avant le déluge ?) – je ne sais pas pour les autres, moi je n’y ajoute pas foi….

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11 août 2012 6 11 /08 /août /2012 11:31

Outre le divertissement pour les yeux qu’ils vous offrent si vous aimez les fleurs, les catalogues de jardinage démontrent aussi un sens de l’enflure, de l’augmentation, de l’exagération qu’un Zola, un Ionesco, voire un Céline dans ses grands élans de lyrisme seraient loin de désavouer. Vous pourriez imaginer qu’ils se contentent de magnifier un peu, par la beauté des photos, l’effet que devra produire dans votre jardin telle plante à l’attirance de laquelle vous avez du mal à résister : ainsi les lilas de Californie, dont on vous exhibe des touffes d’inflorescences compactes alors que (et je ne me plains pas : j’en ai deux rejets qui viennent avec une vigueur admirable, ils auraient du mal à faire mieux) les fleurs frisées aux couleurs chatoyantes viennent au bout des branches et en aucun cas ne peuvent constituer des masses en continu. De même les tapis de crocus, touffus au point de presque décrire des motifs tant les fleurs se touchent - alors que les centaines de bulbes que j’ai plantés en quelques années  sur quelques mètres carrés  tendent le nez avec bravoure mais en gardant leurs distances, comme on disait dans mon enfance au début des séances de gymnastique. Bon, il y a cet aspect-là : photos plus belles que la réalité, et ça n’est déjà pas si mal. Mais l’enflure, qui dans ce domaine commercial et non littéraire s’apparente davantage au bourrage de crâne qu’à la recherche stylistique, apparaît à présent de manière systématique. Cela avait commencé il y a deux ou trois ans avec les fruitiers nains sur lesquels vous pouviez dès la deuxième année compter pour faire vos confitures – inattendu mais bellissime. Et cela continue, c’est de plus en plus gros à avaler : plantez des safrans, à la maturité vous prélevez les filaments rouges, votre récolte vous fournit pour des années. Et vous savez si c’est onéreux, cette épice-là. On ne suggère pas que vous pourriez en revendre, mais quand vous voyez l’épaisseur de la collecte dans la jatte à pistils, on ne peut qu’être frappé par la quantité, du coup on se met à envisager la culture à grande échelle, c’est ce que j’appellerais volontiers la reprise de la croissance: allez-y gaiement et qu’on s’en sorte une bonne fois !

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10 août 2012 5 10 /08 /août /2012 10:48

             J’ai toujours réservé le feuilletage des dictionnaires (au passage, ça sent la tarte) à des moments de tranquillité, et jamais aux crises d’urgences comme il semblerait que ce dût pourtant être le cas : un renseignement d’orthographe, ou de sens, une mise au pluriel, cela devrait se négocier dans la fièvre ou du moins dans la hâte, ex tempore, au cours d’une mise aux lettres qui n’aurait pas un instant à perdre. L’autre fonction d’un dictionnaire, naturellement, ce serait  d’offrir le monde aux oisifs, avec les planches en NB ou en couleur, avec les illustrations qui captent le regard au passage (lui faisant oublier qu’il cherchait quelque chose d’urgent, lui proposant de furtives échappées dans le monde animal ou végétal surtout), avec les cartes décourageantes dès l’abord, où tout est trop petit, ou tronqué à la pliure. J’ai pris la stricte habitude de ces deux utilisations : l’une qui tâche de ne pas perdre de temps, l’autre qui au contraire se réjouit d’en perdre. Eh bien voilà qu’avec mon ordi je suis plongée dans d’infâmes remontées du passé qui s’imposent à moi lorsque je cherche quelque chose et dont je ne peux plus me débarrasser. J’ai sans doute tort de garder des messages qui contiennent des renseignements à portée durable : au bout de quelques semaines ou de quelques mois ils ont perdu non seulement tout parfum mais même toute signification, quand je les retrouve je ne sais plus de qui ni de quoi il s’agit et je  me racle les neurones pour tenter de les situer sur mon passé pas encore si lointain…. L’horreur vient surtout de ce   qu’avant de vérifier la date de ces messages (mai 2010, septembre 2011) – vous savez comme les chiffres m’agressent – je me pose les questions d’une actualité qui fut brûlante mais n’est plus que cendre froide…Et que je monte ou descende avec mon ascenseur, d’autres messages apparaissent, posant le même type de question, complètement obsolètes mais surgissant comme des urgences… J’ai l’impression que je me noie…

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9 août 2012 4 09 /08 /août /2012 12:13

             Avec ces alternances d’alanguissement de la canicule et de reprise en férocité, l’été semble en avoir pris un coup dans les mirettes. D’ailleurs, « après l’orage du 15 août »…il paraît que tout est terminé dans le calendrier estival. En vérité je ne sais pas trop où ces annonceurs moroses ou rabat-joie ont pris leurs renseignements : ce sont peut-être les journées les plus belles qui vont nous être offertes jusqu’au début d’octobre, ensoleillées sans faire fonction de bar-B-Q, sur fond d’air frais adorablement léger, dans une lumière souvent atténuée qui invite à s’y exposer. C’est à ce moment-là que le vent sent le sucre – est-ce à cause des raisins et des prunes ? On a l’impression que la terre ne sait pas comment remplir nos paniers avant de se mettre en sommeil, mais c’est là qu’elle apparaît généreuse, abondante, tendrement attachée à la vie qu’elle nourrit. En tout cas, les catalogues de jardinage qui s’étaient mis à briller par leur absence les deux derniers mois reprennent leur activité - et sur un ton comminatoire, « Plantez maintenant pour le printemps ! Préparez vos semis pour l’année prochaine ! Groupez vos tulipes en massifs !  Réservez un coin pour les narcisses à couper ! ». Chacun regrette de n’avoir qu’un mouchoir de poche à garnir, on varierait si volontiers les coins sous-bois, les coins exotiques, les coins plein Sud, les rocailles…Méfiez-vous si l’on vous dit que les narcisses reviennent plus beaux chaque année : pas chez moi en tout cas, pas dans mon terrain… à telles enseignes que je les plante dans la section « à couper », un peu en vrac, sans préjudice de leur couleur ni de leur précocité. Et j’en rachète de nouveaux, des tourbillons roses et blancs, des remous chiffonnés orangés, avec des tulipes frangées bordées de givre comme du sel sur une margarita bien tassée (with a saddle, dit-on dans les saloons de style Far West en vous apportant une ration supplémentaire d’alcool de cactus accrochée à votre verre comme une selle en travers de votre cheval). Tant pis pour l’année prochaine ! L’essentiel est que ce soit superbe dès avril…

 

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8 août 2012 3 08 /08 /août /2012 11:10

             Comme pour me faire mentir puisque j’avais pris si carrément position, le programme de télé de ces jours-ci  a décidé de nous offrir quelques spectacles convenables. Ainsi par exemple Citizen Kane (bien que Arte répugne décidément à la V.O., alors que le doublage ôte à un film plus de la moitié de sa valeur d’origine), inusable chef d’œuvre où à la dixième vision on s’étonne encore d’avoir tant à y découvrir, dans la puissance des images, du style de récit, des séquences merveilleusement interminables, dans la direction des acteurs. Ou un bon Anthony Man,  un Klapisch dont au moins on peut discuter, un Frears de grande qualité, un peu de Tennessee Williams (c’est mieux que rien du tout). Je repêche aussi (mais là je demande à voir - façon de parler de joueur de poker car je n’irai pas voir) Douglas Sirk, pouah ! maltraitant ce grand livre d’Erich Maria Remarque qui s’intitule Le Temps d’aimer et le Temps de mourir. Ou, nouvel exemple de roman exceptionnel qui ne se laisse pas transposer en images, je m’aperçois qu’on a fait un film avec La Route ! Quel esprit borné a pu penser qu’avec deux personnages sur une route défoncée il n’aurait pas de frais de décors ni d’acteurs et allait pouvoir réaliser un film pas cher ? Entreprise ridicule, vision d’un cerveau primaire (et dire qu’on y a entraîné ce cher Viggo Mortensen si expressif !). Et puis un Fellini, aussi, même si ce n’est pas l’un des meilleurs. Et un Sautet, tout de même Et La Soif du Mal sans doute pour la dix millième fois. Et pour les fans de Thatcher, tout un échantillonnage des meilleurs morceaux : sur les marches du pouvoir, sa dernière bataille, la Dame de Fer (2 épisodes), Thatcher et Reagan,.. il ne manque plus que Meryl Streep et une interprétation pleurnicharde (pauvre femme qu’on abandonne !) dont on n’avait absolument nul besoin. Comme si on conservait la nostalgie de cette dictateure (pour une fois je serais d’accord) ! Et voici ma flèche du Parthe : Le Temps retrouvé, encore… Mais oui ! Allons, bon ! En fouinant un peu, à la farfouille, quoi, on peut y arriver… mais il faut tout éplucher avec les bonnes lunettes – si l’on peut dire !

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7 août 2012 2 07 /08 /août /2012 12:10

 

 

            D’étranges images me viennent à l’esprit ce matin, au moment où il me faut entrer en contact avec vous pour vous délivrer le message de la journée. Une orange complètement vidée de sa substance, au point que même la pulpe est collée à l’intérieur de l’écorce sans espoir d’en être jamais dissociée. Naturellement, dans la foulée, Voltaire et Frédéric de Prusse, puisque le premier se plaint d’avoir été pressé par le second puis abandonné une fois tout le jus récupéré par l’autre. A ces images visuelles succèdent des sonorités, lesquelles prennent forme peu à peu sur mon petit cinéma intérieur :  toc ! toc ! (comme au début du « Faust » de Goethe : Es klopft – Herein ! – Es klopft – Herein denn !) toc ! toc ! Un bruit de calebasse,  peut-être même pas en mesure et sur des rythmes sud-américains, ce qui serait envoûtant, mais en solo maigrichon : une calebasse vide, toc ! toc ! voisins des ploc ! ploc ! de la pluie d’averse qui s’égoutte dans un tonneau sous la gouttière. Beaucoup d’effet sonore pour pénurie de matériaux : nos amis anglais le savent bien, qui répètent à satiété « empty vessels make the more sound » (les récipients vides font d’autant plus de bruit). Nous n’avons pas d’aphorisme correspondant, à ma connaissance du moins, mais nous en avons d’amples et variées illustrations : ne sont-ce pas les livres les plus vides qui font le plus de bruit chez nous ? Il faut me pardonner aujourd’hui que la calebasse soit vide, demain  elle aura repris de la pulpe, je vous le promets.

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6 août 2012 1 06 /08 /août /2012 10:11

 

  

     Depuis que le petit Benjy – mon petit roi, élevé au compte-gouttes et toujours si proche – s’est fait écraser à cinquante mètres de chez moi, le Bambi de ma voisine a joué des coudes pour s’imposer. Il est très intelligent, a très bien vu qu’il pouvait y avoir une place à prendre mais essaie de s’y prendre en douceur – ainsi, il sait que je ne lui donne rien à manger car il est amplement pourvu chez ma voisine, mais il sait aussi que je ne lui ai jamais retiré le pain de la bouche : aussi laisse-t-il les autres s’occuper à leur pâtée quand je viens de la distribuer, attendant d’un air modeste que l’un d’entre eux se lasse et lui laisse la place. Toutefois, le chat chanteur nommé Django, qui avait l’air si docile du temps de l’autorité de son copain Benjy,  se hausse du col et gronde avec sa belle voix de baryton dès que Bambi fait mine de commander aux autres :  en clair « Bambi, go home ! ». Pour autant, même si Bambi ne cherche pas la bagarre, la place ne se libère pas comme ça : Maxence, bel SDF frère de Max qui depuis longtemps a pris ses habitudes chez moi, panière, heures de repas, heure des gâteries spéciales pour chats fidèles, a décidé depuis quelques semaines de demander asile. Et il s’adresse directement à l’autorité, à savoir moi, ayant depuis le premier jour joué la carte de la tendresse, câlins, politesses avant, remerciements après. Hier il s’est même couché à mes pieds une fois l’estomac plein, et il a veillé avec moi au train du monde. Pas simple, hier, le train du monde… Bulle s’en est venue en couinant – avec son couinement de souris qui m’appelle à l’aide, « T’as vu ce qu’y m’font ? Veille voir un peu au grain !»  -  et domine depuis le haut de l’escabeau. Max, pas culotté pour deux sous, se déhanche avec un arrière-train de panthère, comme s’il se glissait entre les hautes herbes de la savane   en se méfiant des coups de Jarnac toujours possibles ; entre couinements de Bulle et grondements de son frère, il procède la tête basse, les oreilles couchées, se demandant s’il va sortir entier aujourd’hui, visant l’escalier du sous-sol pour assurer sa retraite. Or, horreur ! en haut des marches apparaît Petit Siam, le siamois du quartier que je nourris depuis des mois, suscitant de nouveaux grondements à la fois de Bulle et de Maxence, mais répondant à ces menaces par  des grondements sans peur ni reproche…. Nous aurons de l’orage avant la fin de la soirée !

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4 août 2012 6 04 /08 /août /2012 11:37

  

            Il fait un temps superbe : juste ce qu’il faut comme vent léger, juste ce qu’il faut comme température pour se sentir tout prêt à s’étirer dans le bonheur, de muscle et de squelette, si l’on reste à l’ombre, juste ce qu’il faut comme  pommelage de quelques flocons de nuée, là-haut, pour faire joli sur un bleu tendre qui est presque gris perle à force d’être bleu. Une merveilleuse journée à vivre, pour vivre… Et pourtant combien vont mourir aujourd’hui sur les routes, combien d’enfants ? J’y réfléchis en marge de mes pensées quotidiennes pour les enfants qui meurent dans la guerre, bombardés, poignardés, fusillés avec leurs parents, atteints par des balles perdues. A l’intérieur de toutes ces morts, il y a, les jours de grand rush sur les routes de vacances, l’enclave des bambins dont le seau et la pelle à sable sont encore visibles dans le désastre du coffre à bagages défoncé, ou  dont les palmes se sont échappées des valises éventrées. Oui, je sais bien : on les attache soigneusement, ces bambins, les ceintures de sécurité sont faites pour ça – mais quand votre voiture a été réduite au volume d’un accordéon, la ceinture n’empêche pas grand-chose. Les images qu’on nous présente des accidents de la route – pas encore assez repoussantes, assez effroyables, assez insoutenables – devraient se graver à jamais dans la mémoire, à tel point que chaque conducteur s’installant derrière son volant devrait les voir défiler en un éclair dans son petit cinéma intérieur, le confortant ainsi dans ses bonnes dispositions de conduite calme et prudente. Bonnes dispositions qui ne durent souvent qu’une heure à peine : c’est qu’une voiture pleine de jacasseries, de piaulements, de criailleries n’est pas propre à prolonger la sérénité du chauffeur, en même temps que la fatigue s’en mêle, avec l’ennui, l’énervement des bouchons – vous le voyez, je vois tout comme si j’y étais (mais point n’y suis, mes belins-belines). Et je vois déjà les petits corps allongés au bord de la route – est-ce que l’enjeu mérite ce prix à payer ?

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3 août 2012 5 03 /08 /août /2012 11:13

 

 

            Ne vous imaginez surtout pas que je sois si fiérote d’avoir un portable comme tout le monde que j’aie jugé nécessaire d’un faire deux blogs – autrement dit, d’en répéter le texte tant j’étais contente de ma performance. Ces répétitions arrivent sans que j’en prenne conscience, je m’aperçois un ou deux jours plus tard que j’ai bégayé un texte, et le plus souvent je dois faire appel au spécialiste de mes proches pour rétablir les choses : remettre en ordre les compteurs de blogs, rectifier les chiffres, supprimer les bégaiements… Ne tenez donc pas compte de ce redoublement, les choses seront remises en place dès que possible. En attendant, j’aimerais vous entretenir de l’amitié, car rien n’est plus tonique, plus réconfortant, plus précieux, que le contact avec quelques rares amis autour d’une bonne table  dont tous les mets ont été préparés de manière à vous faire oublier le poids de la canicule. Un goûter- soupatoire, comme on dit chez moi : un peu trop tard situé pour s’appeler les quatre heures, un peu trop tôt pour s’appeler dîner. Rien que du frais et du froid – même avec  « six courses », comme disent les Anglais : il fallait de l’imagination pour varier les plaisirs, mais pour faire plaisir à ses amis la maîtresse de maison en a trouvé sans mal… Et champagne, s’il vous plaît, et Mercurey mes amours, comme s’il y avait un rôti sortant du four à accompagner fièrement…L’heure était délicieuse, la fraîcheur du soir commençait à pénétrer à l’intérieur de la maison, quatre amis proches dissertant de littérature autour d’une table ronde… Je vous assure que si Cézanne avait encore été de ce monde, il n’aurait pas hésité à peindre « Les Amis » pour faire le pendant à ses « Joueurs de Cartes ».

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