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3 mars 2021 3 03 /03 /mars /2021 15:40

DERNIERES MEDITATIONS

 

       Il m'est souvent arrivé de me demander rétrospectivement ce à quoi ma mère pouvait bien occuper ses journées dans ses derniers temps. Dns le jardin le plus souvent, grâce au climat méditerranéen, à tripoter des boutures, arroser les plantes assoiffées, contempler sans se lasser le flamboiement des bougainvillées, lire le journal avec distraction (car Nice-Matin ne vous parle pas de la Saone-et-Loire), sans doute aussi tous les soirs préparer les légumes pour la soupe. Cela ne fait pas grand chose dans une journée, au bout du compte, et il doit rester au coeur un manque continueL Avoir franchi la ligne au-delà de laquelle on ne se sent plus bon à grand chose, plus actif, plus capable de rendre service ou partager des efforts, cela impose une mentalité nouvelle dont il faut bien s'accommoder, après les programmes d'activités surchargés qui finissaient par abrutir ou rendre dingue. Une idée maîtresse suffit, un intérêt majeur auquel raccrocher toutes ses pensées à côté de la gestuelle routinière,   par exemple se tourmenter pour le malheureux destin de la Palestine, se ronger pour mettre fin à la souffrance animale, ces grandes calamités qui ne dépendent pas de vous mais qui peuvent constituer un domaine auquel réfléchir sans cesse. Au fur et à mesure qu'on se charge d'ans, précisément on devrait prendre conscience de ce à quoi on  n'a pu porter remède et qui va si mal dans le monde, de quoi quitter ceet univers mal fait  avec plus de facilité.

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3 mars 2021 3 03 /03 /mars /2021 11:57

JE CROIS QUE J'AI TUE MARIE-LOUISE

 

          Je me demande si je n'ai pas tué Marie-Louise. Avec Clémentine il n'aurait pas été question que cela pût se passer de la sorte. Elle avait pris de telles habitudes familières avec moi, elle accourait si ponctuellement dès qu'elle avait repéré la zone de lumière de ma lampe,  elle craignait si peu les transbordements précautionneux auxquels je me livrais avec elle agrippée délicatement à un bout de bristol un peu rigide pour être enlevée jusqu'aux clivias du coin nature où elle a trouvé hébergement et nourriture (ne me demandez pas de quoi elle se nourrit puisqu'il n'y a plus de framboises, mais elle ne manque de rien et même elle prospère. Le quant à soi de Marie-Louise, sa fuite loin des lumières et son goût pour les coins sombres, ont  inévitablement joué contre elle. J'avait pourtant hier bien regardé mon tapis de douche, comme d'habitude, et je n'avait rien remarqué sauf soudain par malheur une petite boule noire de la grosseur d'une noiselle qui filait vers l'écoulement, rendue déjà défunte sans doute par la température de l'eau. Je suis désolée que les choses puissent se passer ainsi sous mon toit. Quand pourrai-je donc apprendre à mes arachnoïdes qu'ils ont tous intérêt à se loger dans mon plafond?

 

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28 février 2021 7 28 /02 /février /2021 18:57

L"AMOUR ET LES CHATS

 

          De même qu'il faut bien compter trois bonnes années de pleine terre pour qu'un arbuste, voire une simple plante vivace (pîvoine, hémérocalle, phlox) donne l'impression d'avoir trouvé définitivement la place pour ses racines et son bonheur, de même une expérience constante m'a amenée à remarquer qu'un chat ou une chatte ne donne jamais le meilleur de sa tendresse qu'à partir de cinq ans. Même s'il s'agit d'un minet câlin et proche de vous depuis toujours, il accepte les démonstrations de tendresse comme faisant partie du menu quotidien normal. A partir de cinq ans (y a-t-il dans son système physiologique ou cérébral quelque chose qui déclenche en lui la notion du temps qui passe?), son potentiel d'amour se libère, s'exprime, quitte toute passivité. On vient me tirer par la  manche ou le pantalon pour être pris dans les bras, on organise l'assaut de mon fauteuil pour pouvoir s'installer sur moi, on me regarde avec reproche si c'est un autre que je câline. Quand on est logé sur mon épaule (en divers territoires scrupuleusement revendiqués et d'ailleurs respectés), je n'ai qu'à déclencher dans leur oreille les litanies personnelles auxquelles chacun a droit pour que le ronron, écouté morosement par les autres, éclate comme un chant de triomphe.  Mais quelle diplomatie, quel sens  absolu de la justice ne faut-il pas posséder pour dominer ce territoire passionnel sans accroc?

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28 février 2021 7 28 /02 /février /2021 12:05

ETAT DES LIEUX

 

          Confinement et couvre-feu se combinent harmonieusement lorsque le grand enfermement est décrété. On nous montre des cartes savamment coloriées, auxquelles nous ne comprenons que ce qu'on veut bien nous faire comprendre. Selon les lieux et les décisions des autorités locales tenant tête aux décrets nationaux (dans un sens ou dans un autre : l'essentiel est non de participer mais de s'opposer) les citoyens consentants ou non sont enclos dans leurs foyers de manière à faire des économies (en effet, pas de restaurants, de dépenses somptuaires, de fantaisies dont on perd le goût, l'envie et la facilité : donc l'épargne gonfle par nécessité, et cela va constituer une ressource dont  l'Etat, s'il peut s'en emparer par divers procédés, pourra nourrir la relance). A voir ces pauvres économistes se féliciter de ce système d'épargne inattendu, conclure des études d'un an de misère que la croissance a commencé à "frémir", trouver que nous ne sommes pas si mal au palmarès des résultats européens en tout domaine, on peut se demander s'ils s'appliquent à bien gagner l'avoine dont on les nourrit grassement pour remodeler la morosité de l'opinion ou s'ils y croient vraiment, ce qui mettrait au ras des pâquerettes leur niveau intellectuel et scientifique. Pour l'économie comme pour la vaccination, on n'a besoin d'aucun spécialiste pour nous faire toucher du doigt que tout va mal, même si chacun d'eux nous rabâche, avec ses fausses preuves spécifiques,  qu'on "va bientôt voir presque déjà le bout du tunnel".

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28 février 2021 7 28 /02 /février /2021 11:15

ORCA

 

          Hier j'ai regardé ORCA, que j'avais toujours manqué au passage. Difficile de dire ce qu'on doit en penser. L"histoire est un conte dont on doit tirer une morale, et il est prenant de voir le coupable du massacre d'êtres vivants doués d'intelligence et de langage se convaincre peu à peu de sa culpabilité. L'affrontement final entre l'homme et l'animal prend des dimensions grandioses et symboliques, et il paraît normal que l'homme y périsse, après avoir causé cataclysmes et morts autour de lui. L'aspect prétendument documentaire de biologie marine est, lui, sujet à caution. J'ai personnellement une telle conviction que le règne animal ne nous a jamais réservé la suprématie, même si l'homme s'y est installé en maître,  tyran et bourreau cruel, borné et profiteur, que la version sentimentale des orques, vivant en famille unie et  défendant  les liens familiaux jusqu'à une implacable vengeance, me plairait infiniment si je devais y ajouter foi. L'obstination du mâle à porter sa femelle massacrée jusqu'à son meurtrier pour lui faire comprendre que sa vengeance est en route est un trait savoureux et touchant, mais signe la fabrication du récit : quel scientifique au courant des capacités émotionnelles des épaulards aurait laissé le document se limiter à un scénario de film bien monté (avec la spécialiste des cétacés récupérée par hélicoptère, seule des protagonistes, parmi les icebergs où l'orque a emmené son convoi meurtrier?). Un conte, dans lequel même les apports des superstitions locales indiennes s'engloutissent...

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25 février 2021 4 25 /02 /février /2021 17:14

LA CREATURE VENUE DU  FOND DES ÂGES

 

          Ce mythe de l'être inconnu malencontreusement tiré de son sommeil millénaire ou de son enfouissement  relève d'un schéma de base commun à toutes les civilisations ; le danger  d'un anéantissement contre lequel il est impossible de lutter car il saute par-dessus les siècles, revient d'au-delà de la mort pour reprocher aux vivants, si ce n'est leur vie condamnable, au moins d'être encore en vie (la notion de péché ou de châtiment n'est qu'un élément surajouté par telle ou telle religion brodant sur ce thème). Les morts-vivants, ghoules, vampires, lamies, combien d'autres, forment le fond des superstitions de l'espèce dévorante restée assez proche de l'humain. Dès que la science prétend s'ajouter à cette recherche plus ou moins interdite  des domaines interdits, l'être ou la bête qui se manifeste ne recherche à endosser une apparence d'humanité que pour mieux s'attaquer aux vivants qui l'affrontent ou se défendent contre elle : elle prend par elle-même des dimensions géantes, des allures repoussantes où se montre l'imagination du réalisateur qui par les effets spéciaux arrive à des résultats d'horreur et d'invraisemblance  parfaitement originaux. C'est peut-être même là que chacun  tente de briller : j'ai vu quelque part un savant accoucher un être fendu en deux d'où va jaillir la bête dans un développement impossible à freiner. et révulsant à regarder. En se dédouanant de tout élément religieux,  la recherche scientifique -(l'Antarctique est encore assez peu connue pour qu'on y trouve des vestiges maléfiques de créatures abominables disparues) semble avoir ouvert un champ inédit, mais ce paramètre à lui seul ne peut pas nourrir une grande variété, d'après ce que j'ai déjà pu en voir...

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25 février 2021 4 25 /02 /février /2021 10:09

L'ART DE CARPENTER

 

          Toujours cette vanité de ne pas vouloir mourir idiot! Quand on compte comme moi '(pas tout à fait) quatre-vingt quinze printemps, on a intérêt à faire vite. C'est pourquoi j'ai voulu hier voir ce qu'était un film d'horreur, genre qui ne m'avait jamais tentée, bien au contraire. Des horreurs de toute espèce et à tout niveau, certes j'en avais vu, au cinéma comme au vrai, assez pour ne pas les rechercher. Mais puisque avec John Carpenter il s'agissait d'art cinématographique...Je n'ai pas eu le moindre frisson, j'ai été remplie de dégoût. Ces évocations dites effroyables de chairs sanguinolentes de texture inconnue, de formes monstrueuses et gigantesques qu'on n'arrive pas à vaincre, qui sont hideuses, visqueuses, carnassières, déchaînées sadiquement dès qu'on les tire de leur sommeil ou de leur enfouissement, ne me font pas frémir le moins du monde, même si je devine une extermination totale du groupe humain coupé de tout contact : en somme, on n'a plus qu'à attendre et compter, comme dans Dix Petits Nègres,et c'est plus brutal, moins raffiné, c'est de la boucherie faite pour le regard. Je trouve même que cette laideur de l'horreur empêche l'horreur de choquer, la banalise, en fait un simple spectacle révulsant. Bref, Carpenter ou non, la découverte de ce nouveau genre ne m'a pas comblée de délectation esthétique.

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24 février 2021 3 24 /02 /février /2021 09:39

RABÂCHAGES

 

 

          On pouvait se plaindre, il y a un an, que les chaînes de télévision ne parlent que de sports. Le sport étant considéré comme une activité culturelle s'est vu, de force et à la longue, rejeté comme une cause de clusters et de contamination nombreuse (après trois ou quatre bévues très dommageables pour les statistiques sanitaires). Pour un peu, même les non amateurs de sports se plaindraient maintenant de ne plus en entendre parler : le domaine du colivirus occupe tout l'espace audiovisuel avec toutes ses ramifications,  à savoir,  les fameux plateaux de commentateurs qui, au gré de leurs formations, se succèdent d'heure en heure pour l'information du public. Le virus, ses visages, ses virulences, les soignants, les régions atteintes, les graphiques avec leurs courbes, leurs pics et leurs plateaux, et le grand défilé des sommités médicales qui sont pour ou contre, quel que soit le sujet abordé : la guérison,  l'aggravation, les mesures décidées et leur pertinence, le ridicule ou le côté salvateur du confinement ou du couvre-feu, le laxisme soudain des libertés lorsqu'elles sont accordées...  Chacun a son mot à dire (ou à redire, hélas! que de redites et de rabâchages qui ne font pas avancer les choses mais rendent chacun tout fier d'avoir mis son grain de sel dans la soupe!). Il y a déjà belle lurette que j'ai fui ce genre de nouvelles sur l'actualité.

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23 février 2021 2 23 /02 /février /2021 19:06

"DRACULA   UNO   E DUE"

 

 

          Je ne peux pas dire "J"adore Murnau" comme je dis "J'adore les frères Coen" ou Kurosawa. On a pour lui la vénération des grands magiciens des débuts du muet, où seuls jouer sur les éclairages et les contrastes du blanc et du noir. Les derniers contacts avec les paysans épouvantés ou l'infernale voiture qui jette le mari de Lucy devant le château de Dracula n'ont pas besoin d'être ren- forcés pour causer les frissons. La tentative de Herzog est tout à fait respectable; on suit dans son film la ligne d'écriture de Murnau,  l'illustration de l'horreur des lieux (gorge, torrent, ruines, chaos de rochers, lueurs effrayantes). Les ajouts au texte original (par exemple la vision du château dans la journée) ne chargent pas la densité d'angoisse, ni l'horrible figure de Klaus Kinski ne peut  faire oublier la glaçante allure du premier héros lugubre). Peut-être quelqu'un qui découvrirait l'histoire du vampire avec Herzog peut-il être marqué par l'horreur macabre, mais pour un "initié"'la charge émotionnelle est déjà à son maximum avec Murnau. On  ne sent pas chez Herzog le désir de compétition, au contraire (et c'est très inattendu en pareil cas) on sent partout l'intention respectueuse, et la capture du comte, au chant du coq,  n'est pas plus prenante que chez Murnau. Je regretterais plutôt que le film d'Herzog s"ouvre sur cette promenade muette parmi les morts des catacombes de Syracuse (je les ai visitées, ce ne sont pas des catacombes au sens propres, c'est un étalage de morts restés intacts depuis leur trépas avec l'horreur des grimaces de la mort sur leurs traits). En fait ce spectacle n'a aucun rapport avec le vampirisme, et si c'est pour créer avant le film une disposition à l'horreur et au dégoût n'est-ce pas reconnaître chez Herzog la conviction  qu'à lui tout seul il ne fera pas aussi génialement fort que le débutant du septième art?

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21 février 2021 7 21 /02 /février /2021 19:26

PROBLEMES EXISTENTIELS

 

          Voici revenus les temps, semble-t-il, où on va se remettre à tripoter la langue pour fixer des codes modernes de mise au pluriel (pourquoi dire "Ils sont tous au salon" quand "ils" compte dix femmes et un seul homme? ce 'ils" gêne-t-il quelqu'un? une passionaria  a exposé hier le problème sexiste qu'elle y découvrait, j'ai failli tomber de ma chaise), de féminisation, de ponctuation, d'orthographe (suppression des accents circonflexes et des traits d'union, laxisme sur tous les points délicats qui faisaient de tout temps la difficile beauté du langage - ainsi adieu les chausse-trapes de douce mémoire - ou inclusion des voyelles soudain jugées utiles). Je confesse que cela me rend malade. Je n'ai jamais pu voir où se manifestait la déroute des mâles quand on ajoutait un E triomphal à docteur, professeur, auteur, procureur, quand on disait la juge, la maire, la cheffe, la sapeuse-pompière aussi sans doute. Si j'étais mâle moi je ferais des gorges chaudes de voir ces excitées s'enorgueillir de titres de fonction devenus si laids, si malsonnants, si ridicules... Comme si, tout en s'ajoutant une valeur inestimable, elles se paraient de tout ce qui séduisait les tribus primitives et du même coup piétinaient leur Holoferne personnel dans la boue. Je trouve significatif  que fassent bon ménage les partisans du remue-ménage linguistique et les tourmentées du deuxième sexe avec leur inguérissable prurit de suprématie.

 

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