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11 octobre 2020 7 11 /10 /octobre /2020 16:11

VAINS PLANS TIRES SUR LA COMETE

 

          On pouvait imaginer les dernières phases d'une existence privilégiée (c'est-à-dire sans qu'on souffrît d'une pathologie menaçante) sous plusieurs aspects. D'abord (ce luxe....) l'effondrement brutal, quelques minutes même moins, pourquoi pas pendant le sommeil? pas le temps de dire Ouf! Merci Aspro. Ou autre option (non pas option en réalité, mais plutôt simple cas de figure) les jambes seules vous lâchent, vous réduisez votre champ d'action, vous faites ami-ami avec votre fauteuil roulant, vous déambulez assis pour toutes les activités essentielles (mais vous ne pouvez plus tout faire, cela vous laisse donc un temps magnifique pour lire tout ce qui reste encore sur votre liste). Les cotes mal taillées (vous restez au lit mais toujours bon oeil sinon bon pied, on vous installe votre ordi à portée ou alors vous vous scotchez à la télé dans ses pompes et ses oeuvres et c'est vite fatigant) sont à écarter, mais c'est moindre mal que la survie autarcique sans le moindre accessoire. Et vous savez bien que c'est du transitoire, tout ça : le grand portail se profile derrière, visible jusqu'à la provocation. A la vérité tout ce que vous pouvez avoir rêvé de classifié organisé programmé c'est de la foutaise : à l'encontre de votre vouloir il y a tous les obstacles matériels qui se donnent le malin plaisir de se combiner et de se multiplier, si bien que votre programme au final aboutit à un bien ridicule rendement. Oh j'ai la vision la plus lucide de ces futurs immédiats. Pour autant, je ne peux même pas dire que j'aie le choix...

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10 octobre 2020 6 10 /10 /octobre /2020 11:53

EN AVANT, MARCHE!

 

          D'accord,  parfait! Vaut mieux savoir! (Non je suis pas d'accord, non c'est pas parfait,  et le fait de savoir n'arrange rien du tout, on se ment à tour de bras par ici). Savoir que c'est la jambe gauche qui plie, qui fait défection au moment où on aurait le plus besoin d'elle puisque c'est toujours en changeant de plan horizontal, autrement dit pour descendre ou pour monter des marches, ça ne vous remplace pas l'appui ferme sur un bon pilon solide. C'est vrai que ça vous rend prudent : arrivé en face de l'escalier à négocier, dans un sens ou dans l'autre, vous marquez l'arrêt. Comment va-t-elle se conduire, cette bon dieu de jambe gauche? Vous avez la canne bien en main, vous avez bien l'intention d'utiliser la rampe de l'autre côté, et pourtant le coeur vous manque. Les chutes sur les escaliers vous donnent sans doute de l'expérience, mais aucune garantie pour une protection récompensant votre prudence, ce qui pourrait honnêtement se concevoir selon le fonctionnement secret de la justice distributive (mais justement la justice distributive est bornée, sourde et aveugle, vaut mieux carrément la laisser de côté quand on ébauche un plan de conduite personnel).  Donc, de savoir ou d'avoir expérimenté, tout est pareillement inutile : en face de votre escalier, vous ne pouvez plus vous lancer sans le coeur battant. Et vous pouvez vérifier que si vous n'avez pas un palier donnant directement dehors, vous voilà bloqué entre vos quatre murs, c'est presque déjà comme entre vos quatre planches, certes c'est une vérification qui ne surprend plus mais tout de même. On essaie bien de se consoler en pensant qu'au moins sur ce point on obéit à M. Macron au doigt et à l'oeil, on se confine avant même qu'il dise de le faire. Mais cette obéissance civique née de la nécessité ne console pas vraiment, c'est le moins qu'on en puisse dire.

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9 octobre 2020 5 09 /10 /octobre /2020 10:51

SOIN DES YEUX

 

          "Vous ne pouvez pas savoir, me disait il y a longtemps un vétérinaire, ce que l'abondance et la régularité des gouttes dans les yeux peuvent faire de petits miracles". Je ne me rappelle pas l'avoir constaté dans les yeux de mes chats, mais je suis toute prête à accepter la véracité de cette déclaration pour moi-même. Les trois gouttes d'Artelac par jour ne devaient pas s'être révélées suffisantes, bien que prescrites '(et plus ou moins docilement respectées) depuis une bonne dizaine d'années. On vient de m'ajouter de mettre une goutte d'un nouveau machin uniquement dans l'oeil droit, mais trois fois par jour aussi. J'ai négligé de demander si deux produits pouvaient être administrés en même temps ou s'il y avait risque d'explosion et vais tâcher de me débrouiller toute seule  sans plus attendre. J'ai donc le choix entre deux types de saucissonnage dans ma journée : soit trois fois une goutte dans les deux yeux plus trois fois une goutte dans un seul oeil, soit trois fois une goutte dans les deux yeux en intercalant à mi-course trois gouttes dans l'oeil gâté (je veux dire bien sûr chouchouté par sa ration particulière de fortifiant, mais on peut interpréter le mot différemment, moi je n'ose pas me prononcer). Sur le papier tout cela a l'air bien arrangé, facile à suivre, bien clair en tout cas ; reste à savoir ce que j'en tirerai dès que je mettrai ce nouveau régime oculaire en pratique.

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8 octobre 2020 4 08 /10 /octobre /2020 16:35

MELANCOLIE

 

          Toujours à cloche-pied, ou comme à gué l'on franchit avec audace un ruisseau à grands pas précautionneux, je vous retrouve, mes belins-belines. Je ne suis guère en humeur rose mais morose.   C'est d'ailleurs tous les ans ce qui me tombe dessus : avant même que n'arrivent les anniversaires douloureux je me sens mourir avec la saison, comme si je me vidais de mes forces et de mon énergie - certes pour repartir avec l'essor du printemps, le bondissement de la sève qui rénove et fortifie (et ce n'est que justice que cette conformité avec le cours de la planète) mais il faut franchir le cap de la neige malaimée et du froid meurtrier pour tant de vies, et ce souci d'équilibre c'est peut-être payer trop cher. En outre je crois bien avoir franchi une ligne jusqu'alors apparemment logée dans le futur et traîtreusement glissée sous mes pieds sans prévenir. Je crois bien avoir changé de phase, de section dans le découpage de mon existence, pour entrer dans une ère plus chagrine, moins vaillante et fanfaronne, où les rétrécissements de toute sorte sont devenus la loi. Je sens que tournent dans ma tête des énoncés mélancoliques, "David, la nuit tombe", ou encore "Après le crépuscule vient la nuit", ou même "L'ombre s'étend sur la montagne" : titres de livres, de films, de chanson, je ne sais plus. Mais définitivement porteurs d'une indicible mélancolie - oui, c'est la couleur du jour.

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6 octobre 2020 2 06 /10 /octobre /2020 11:46

EXPLICATIONS

 

          Encore un caprice? direz-vous. De nouveau une flemme de deux ou trois jours? On dirait que cela va s'aggravant, et les  choses étant ce qu'elles sont on ne peut guère compter sur une amélioration dans le futur proche ou lointain. Eh bien non, mes agneaux, il ne s'agit pas de flemme le moins du monde. La flemme impliquerait la désinvolture d'avec ses engagements, la conscience  du devoir négligé, la décision délibérée de se libérer indûment . Or faites-moi la grâce de ne pas me créditer de tout cela. Si je ne vous ai pas contactés dernièrement, c'est que les problèmes domestiques m'avaient absorbée en totalité - vous savez, quand il ne reste plus ni énergie ni conscience claire, que vous estimez vaguement vos capacités intellectuelles au niveau de celles d'un bovin repu se préparant à la sieste, alors que vous n'avez même pas la force de ruminer - ce qu'il fait, lui, paisiblement, sans avoir à s'en occuper.... L'avantage, pour vous comme pour moi mes belins-belines, c'est qu'en émergeant des contrariétés domestiques on se retrouve plein de bonne volonté pour mettre les bouchées doubles.

 

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2 octobre 2020 5 02 /10 /octobre /2020 11:19

MAIGRET DE FACE ET DE PROFIL

 

          Sans doute pour répondre nationalement à la vague Agatha Christie qui vient de déferler sur nos petits écrans (créant même des remous au motif inattendu d'un antiracisme déplacé et abusif à propos de ces dix petits nègres qui dans le texte d'origine étaient d'ailleurs des petits Indiens), nous voilà plongés brutalement dans l'ère Simenon. Et jusqu'au cou. Et pour longtemps - car on va nous fourguer tous les films de Maigret, quelques-uns de qualité mais aussi les navets, et même (oui, même) le rebut inclassable, comme cette Nuit du Carrefour au titre affriolant qui ouvrait hier la séance inaugurale avec un niveau bien peu attractif. Le choix de ce titre, presque inévitable, illustrait la première incarnation du Commissaire Maigret, encore dans son brut de décoffrage : Pierre Renoir, l'acteur frère,  dont la prestation est plutôt consternante. La thématique adoptée - les incarnations du Commissaire - va permettre le déroulement de tout l'arsenal filmique avec aux entractes les bavardages stériles des critiques, anciens acteurs ou cinéastes dont à peu près tous les propos sonnent creux. Comme pour sa rivale britannique, il y a pour Simenon le texte et l'adaptation par l'image, ce qui pourrait voire devrait (mais mais mais) nous procurer quelques heures intéressantes si cela était bien fait. Le Rouge est mis qui suivait n'était pas du meilleur choix mais introduisait Gabin, lequel pour sa prestation première gabinait bien plus qu'il ne maigrettait. On va suivre sans grand enthousiasme ni grandes découvertes cette provision  de romans transposés avec zèle mais sans génie, la variété des tons, des époques, des styles étant source d'intérêt. La  succession rétro des styles des chapeaux d'hommes, par exemple, nous fournira bien à défaut d'autre chose quelques soirées délassantes.

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1 octobre 2020 4 01 /10 /octobre /2020 12:47

ISABELLE,  ISABELLE...

 

          Il est rare qu'une semaine passe sans qu'on nous donne notre ration  d'Isabelle Huppert. Faiseuse d'anges, prostituée, épave coloniale, jeune héritière américaine tuberculeuse... Il est vrai qu'il y a de quoi choisir dans son inépuisable filmographie, d'autant qu'elle peut servir d'illustration à tous les sujets envisageables : ici à propos de Chabrol, là pour les années d'Occupation, là encore chez les pionniers émigrés d'Europe où la civilisation tente de  s'organiser...0. est bien obligé de la considérer comme une des valeurs sûres du cinéma français . L'aime-t-on pour autant? Je me le demande. Avec son regard impertinent et dédaigneux, elle ne cherche pas à gagner les sympathies : hier dans Eva, elle fonctionnait comme prostituée de luxe sans que sa fidélité de coeur à son mari en prison puisse vraiment toucher. L'air désinvolte et désabusé, sans illusion ni capacité à s'attacher, elle est  parfois belle de manière inattendue, en général pourtant sauf exception elle ignore la recherche du regard des hommes et s'accommoderait  fort bien, j'imagine, d'un rôle sulfureux. En fin  de compte, elle s'analyse constamment comme une entité solitaire chez qui domine - et de loin - le mental et non la passion. L'interview qu'elle prépare sera, paraît-il, à son image : constituée essentiellement de films et évitant les confidences habituelles. On verra.

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30 septembre 2020 3 30 /09 /septembre /2020 11:48

RANDOLPH  SCOTT ET LA SERIE  B

 

            J'avais toujours assimilé au niveau de la série B américaine le visage et la tenue de Randolph Scott, et c'était bien à raison, car il était la bonne fortune, voire l'unique recours des réalisateurs seconds couteaux, l'éternel shérif qu'on voyait un nombre incalculable de fois avec le même Stetson, la même plaque étoilée et sans doute aussi le même cheval. Autour de lui, les vieux comiques comme Walter Brennan ou Hunnicut se,distinguent par leur personnalité bougonne et truculente : d'un film à l'autre on reconnaît leur voix, leur humour ronchonnant, ils incarnent savamment un personnage. Randolph Scott, shérif et toujours brave homme (visage impassible vaguement souriant jamais  malmené par les coups de poing, le sang ou la poussière, cheveux bien en place, les plis du dos de la chemise bien marqués) hérite de la bonhomie du tonton, du parrain affectueux, du justicier protecteur, vaguement amoureux sans jamais se lancer : comment lui prêter une voix, un style,  une diction? Je me demandais comment il avait fait pour se couler dans cette atonie qui se laissait accepter comme telle sans jamais lasser les réalisateurs. Je viens de découvrir sous la plume inspirée d'un critique la formule qui le caractérise parfaitement dans son absence de caractère : "sa talentueuse inconsistance". Oh j'aurais voulu trouver moi-même cette alliance de mots si savoureuse et si juste...

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29 septembre 2020 2 29 /09 /septembre /2020 13:51

ALLÔ, DOCTEUR!

 

          Comme pour les autres domaines, la succession des indifférences négligences désinvoltures incompétences manquements étourderies e tutti quanti au niveau des conducteurs du char de l'Etat depuis un demi-siècle a atteint pour la  disponibilité des médecins spécialistes une crise dont il semble bien peu assuré qu'on puisse sortir jamais. Il n'y a plus de médecins de campagne, depuis longtemps; mais il faut se battre pour trouver un spécialiste qui veuille bien vous donner rendez-vous : les yeux,  les oreilles, le nez, l'estomac, l'oesophage, l'intestin, la peau... ont tellement besoin de soins attentifs ou d'opérations    qu'il faut faire la queue de longs mois et parfois plus d'un an pour pouvoir être examiné par l'homme de l'art. On paye ici de toute évidence la politique du numerus clausus qui limitait le nombre des médecins confirmés  '(quitte à laisser sur le carreau des étudiants de dernière année parfaitement qualifiés) : résultat des courses, avec l'accroissement de la population et le souci que dans l'ensemble la population a pris de son état physique, le recours au médecin est, comme la pratique du téléphone, devenu d'une banalité sidérante.  Encore faut-il pouvoir contacter le toubib désiré : or bien des cabinets ferment au moment de la retraite, sans successeur possible (et le côté financier doit aussi jouer son rôle dans la transaction, j'imagine). Bref il  vaut mieux être bien portant qu'égrotant  inscrit en souffrance (c'est le cas de le dire) sur l'interminable liste d'attente d'un spécialiste. Et qui oserait  venir contester cette lapalissade?

 

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28 septembre 2020 1 28 /09 /septembre /2020 14:12

DECISIONS OFFICIELLES

 

          De crainte que les protestations qui couvent assez furieusement dans la population ne soient encore amplifiées par des mesures considérées comme '"scélérates", on nous annonce ces jours qu'il n'y aura pas de confinement avant Noël. L'effet espéré est celui d'un cautère sur une jambe de bois : du moment qu'il y aura confinement, la colère grondera. D'ailleurs que signifie cette date-butoir? Est-elle en rapport avec des anticipations médicales autorisées? Est-ce une date autoritaire, donc sans valeur convaincante, comme ce 11 mai pour la fin du confinement, du 18 juin pour la réouverture (bien temporaire) des collèges, ou ce saupoudrage de débuts de semaine pour des fermetures, des réouvertures, des mesures ou des contre mesures en fonction des courbes des morts, des hospitalisés graves, des services hospitaliers déjà plus ou moins engorgés? L'épreuve de mars-avril n'a pas servi de leçon : les autorités médicales qui dès mars avaient réclamé le doublage des possibilités hospitalières l'ont constaté cette semaine : pas le moindre début avéré d'exécution de cette mesure absolument indispensable. Il peut être réjouissant de voir à la télévision s'affronter (directement ou à distance) des tripotées de professeurs de médecine  pour ou contre le masque, pour ou contre les tests, pour ou contre la seconde vague. Mais il est surtout navrant de constater que leurs mesures préconisées, qui ne peuvent aller que dans le bon sens d'une préparation au pire, sont toutes, quelles qu'elles soient, considérées comme lettre morte.   

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