s On voit le problème : retrouver après 23 ans une jeune fille rencontrée dans un train en décembre 44 et dont on ne sait rien…A force de suppositions, de déductions (de Nevers à Bar-sur-Aube, retrouver le village d’un charron…), le narrateur tente des itinéraires, voyage sur des cartes d’Etat-Major ou Michelin, suit des fausses pistes, finit par aboutir : il retrouve le village, le charron et sa famille, la jeune fille du train, découvre son destin (elle a été mariée à un médecin qu’elle n’aimait pas, a vécu cinq ans avec lui en Afrique, a séjourné ensuite 17 ans en asile psychiatrique et guérie en a été libérée pour vivre avec son frère : tout cela fait 23 ans, le narrateur s’il avait déclaré sa flamme aurait pu lui éviter ce calvaire malheureux, mais il n’ a pas su la retrouver et elle n’a pas su l’attendre). C’est la partie visible de l’iceberg : la partie immergée, bien plus volumineuse, continue à brasser les souvenirs confus, emmêlés les uns aux autres, des amours anciennes, lesquelles s’appuient sur des descriptions originales de paysages, de lieux, d’éclairages. Avec aussi, fil rouge pas très évident mais qu’on arrive à dégager, la présence de Claire alias Perle, chanteuse pour laquelle le narrateur écrivait des textes et qui a déroulé avec lui une vie passionnée d’amours secrètes non consommées charnellement, de leur décision commune. C’est cette vie en miroir, cette parole double qui va longer le déroulement d’une vie sentimentale compliquée. Romanesque, romantique, le récit se dévide cahin-caha : il faut savoir suivre, mes belins-belines !