Par lucette desvignes
Il y a longtemps qu’on sait qu’il n’est guère possible de plaire à tout le monde et à son père. Quand on se lance à exposer sur le petit écran de son ordi un commentaire sur l’actualité au fur et à mesure qu’elle se fait – donc sans avoir encore le temps de la remâcher pour lui donner une forme policée, bien lisse, sans aspérités, de manière à ne choquer personne - on est préparé à froisser les uns ou les autres, qui prennent pour eux (parfois à tort, souvent à raison) les blâmes ou critiques toujours abondants dans ce type de contacts. Et encore : je ne parle que de la réaction à l’actualité, or lorsqu’il s’agit d’exposer ses pensées, ses goûts, ses aversions, ses enthousiasmes, c’est encore bien pire. Certes on peut aussi compter sur les fidèles qui, l’un dans l’autre et ayant avec les années accumulé un petit trésor d’indulgence et de sympathie sont prêts à passer par-dessus une remarque avec laquelle ils ne sont pas d’accord, alors qu’un lecteur qui vous découvre s’irrite de vos élucubrations qu’il ne peut ni resituer ni relativiser. Si nous voulons vivre heureux, vivons cachés, à l’ombre, sous notre petite pierre : « Apprêtez-vous à la lapîdation », me disait un collègue quand il avait appris que ma première pièce de théâtre allait être jouée dans un petit théâtre d’essai…sur un ton qui m’avait fait frémir et que je n’ai jamais oublié par la suite. Inutile de préciser que dès que s’en mêlent les prises de positions politiques ou du moins à connotation sociale, ou antimilitariste, ou anti-guerre avec virulence, il est de bonne guerre (oui : celle-là je l’aime) d’être attaqué et d’avoir à se défendre. On remonte ses manches, on sort les crocs, on brandit sa fourche…
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