Par lucette desvignes
Avec Piccoli dans le rôle du Saint Père, je m’attendais à voir dans Habemus Papam une sorte de farce sarcastique avec sans doute un humour douteux (je n’ai pas dit que cela me consternerait). Or j’ai vu un film où la drôlerie, l’humour, le comique étaient réservés aux seconds couteaux, les cardinaux avec leurs tics, leurs manies personnelles, leur envie de gagner ou leur gourmandise, ou encore la section « Relations publiques » du Vatican telle qu’on nous la présente, ou enfin la présence de ce garde suisse qui doit, dans les appartements de Sa Sainteté, veston posé pour une tenue blanche, faire bouger les rideaux matin et soir pour faire croire que le Pape est bien là. Certes un sommet de drôlerie est atteint avec ce match de volley ball (je ne crois pas me tromper d’étiquette, mais je ne garantis rien) organisé entre cardinaux des deux hémisphères par un psychiatre athée devenu un véritable gourou sportif à l’intérieur du Vatican. Quant au pape lui-même, c’était au contraire toujours émouvant de voir un homme ignorer pourquoi il est las de vivre et possède dans la douleur le sentiment de son indignité. On suit sa fuite anonyme à travers Rome avec sympathie, surtout quand on découvre que le seul milieu qui le fait vibrer est celui du théâtre, avec le texte de La Mouette qui lui donne enfin l’impression qu’il vit, qu’il comprend quelque chose à la vie – et qui lui donne la sagesse de pouvoir fermement renoncer à un rôle qui n’était pas fait pour lui. Il y aurait bien des choses à dire encore sur le faux parallélisme de ces deux comédiens, celui qui avec ses faiblesses et ses insuffisances croit qu’il a soulevé les foules, et l’autre, qui a manqué sa vocation de comédien et prend conscience qu’il ne doit pas recommencer une seconde fois…
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