Par lucette desvignes
Je ne me dérobe jamais (en me forçant, bien sûr, car je sais que je vais découvrir d’insoutenables horreurs) à la vision des videos tournées en cachette dans les enfers perfectionnés où l’on prépare les bêtes d’abattoir à être livrées aux mâchoires humaines. Oies et canards, dindes et poulets, pondeuses et laitières, cochons et bétail, tous y passent, pas un n’en réchappe – des milliards de bêtes de tout genre livrées au martyre et à la souffrance. Je pourrais détourner les yeux, mais puisque je ne cesse de dénoncer les tortures infligées aux animaux qui ont simplement le malheur de ne pas être des humains, c’est bien le moins que je sois renseignée jusque dans les pires détails – tant pis pour ma sensibilité, elle se console après coup comme elle peut. Je viens donc de voir une video sur des poules enfermées par milliers dans des cages de fil de fer empilées, des dimensions d’une boîte à chaussures, trop basses pour qu’elles puissent lever la tête, ce qui les oblige à glisser le cou entre deux barreaux quitte à rester tordues, le bec coupé pour leur éviter de se mutiler, les ailes coincées et cassées, les plaies ouvertes ensanglantant les œufs qu’on ramasse comme si de rien n’était, en laissant se putréfier sur place les mortes et les mourantes. Tout cela pour obtenir deux œufs par jour, dont on imagine la valeur nutritive et le bon goût. C’est pourtant la firme Wendy, spécialiste du breakfast à l’américaine, deuxième fournisseur mondial dans la production des bons œufs frais, qui se livre à l’élevage des pondeuses dans de telles conditions… Il y a bien un mouvement général de protestation qui se développe, mais quand sera-t-il efficace ? Et quand l’appétit du monde aura-t-il perdu de sa monstrueuse férocité ?
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