Par lucette desvignes
Un ami qui sans cesse milite pour la solidarité, le mieux vivre ensemble, le respect de l’autre, m’a envoyé avec ses vœux une vidéo qui m’a émue, en même temps que j’admirais l’art et l’ingéniosité de l’artiste présenté. Imaginez une douzaine de petites scènes intimes, fleurant la famille, l’amour des enfants et l’amour des jeunes, réalisées à l’aide de graviers intelligemment choisis, regroupés et collés sur une carte. Des graviers, oui, des graviers de rivière, blancs, roses, gris bleu, traversés d’une rayure, noirs, blonds… ceux-là même que les confiseurs s’essaient à copier pour y enfouir leurs pralinés : « Graviers de Saône, Galets de rivière, Sable du Rhône… ». Mais imaginez-les dans des formes variées, tout ronds, effilés, recourbés comme un boomrang, et disposés en guise de bras, de têtes, de corps, comme des gens qui marchent, qui attendent sur un banc (oh cette scène de la lassitude, peut-être même du désespoir, pour une femme effondrée sur un banc de jardin public – je vous assure que malgré la rigueur de la matière elle vous crie toute sa misère). J’ai aimé aussi ces couples amoureux, dont l’un est debout sous un arbre ployé constitué de tout petits cailloux alignés en une jolie courbe, on croirait presque qu’il s’agit d’un arbre en fleur au printemps. Et puis, magistrale, intitulée les Réfugiés, une fresque miniature d’individus faits de graviers, à la queue leu leu, enchaînés ensemble dans leur cheminement sans solution… Comme j’aimerais avoir sous les yeux, sur mon bureau, ces petites scènes si pleines de vie – et de cœur… Et l’artiste est palestinien, depuis l’enfance jamais sorti d’un camp au Liban, et travaille les cailloux parce qu’il n’a rien d’autre comme matériau à utiliser…
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