Je viens de voir chez ma coiffeuse (seule excursion de la semaine hors des lectures ayant quelque poids – et je n’appelle même pas ça lire : c’est fait pour qu’on déchiffre seulement les deux ou trois lignes qui servent de légende aux photos, innombrables, elles, et colorées, et aguichantes, de manière qu’en avoir fait le tour suffise à épuiser un sujet) – de voir, donc, et non de lire, les photos de tout le beau monde rassemblé à Paris pour discuter harmonieusement des grands problèmes de la planète. Photos de duos frappants ou attendrissants : David Cameron prêt au shake-hand le plus affectueux pour Hollande (mon dieu mon dieu, il faut le voir pour le croire), Poutine le petit et Obama le grand se serrant la paluche sans se regarder, notre ami Benyamin (Hollande dixit à plusieurs reprises historiques) se retenant tout juste d’embrasser Mahmoud Abbas, …bref ils sont tous là, souriants, affables, gracieux, cordiaux – le type même de ces hommes de bonne volonté dont le pape tâche de solliciter la fidélité à chaque Noël. A les voir on pourrait penser qu’ils prennent en patience l’arrivée du temps qui sera consacré au déjeuner, lequel, offert par Paris et préparé par ses grands chefs, vaudra sans doute à lui tout seul le déplacement. Et tout compte fait, je suis persuadée que c’est à cela qu’ils pensent dès leur rencontre avec leurs homologues, et non à Daech ou au climat : ils en parlent et en discutent si souvent et depuis si longtemps sans arriver à rien,, ils fatiguent à la fin, et puisqu’on leur offre des petites vacances à l’étranger, il s’agit pour eux de se dépayser le plus agréablement possible. Ils reprendront leurs parlotes sans fin après la fin de cette petite pause-café : pour l’instant… Carpe diem !.