Par lucette desvignes
FILM versus SERIE
J'étais depuis trop longtemps imprégnée de littérature anglaise pour accueillir sans réticence la mise en série télévisée de Pride and Prejudice lorsqu'elle nous envahit il y a une quinzaine d'années, et qu'on pouvait la trouver sans peine sur une chaîne ou sur une autre. "Plus on en voit, plus on veut en voir", disait une critique. Parfait pour moi : contrairement à mes craintes, j'ai tout de suite adoré cette belle traduction en images d'un beau texte, avec ses lenteurs, ses langueurs, son allure respectueuse du temps qui passe pour mûrir l'amour dans les couples et dissiper les malentendus. J'ai vu il y a deux jours le film de la BBC, si attentionnée pourtant à la vénération des chefs d'oeuvre romanesques du XIXème (elle a plongé dans ce trésor comme de ce côté du Channel on a puisé dans Balzac). Quelle tristesse! Comment une adaptation de 90 minutes pourrait-elle rivaliser avec une série de six ou huit épisodes dans lesquels on prend le temps de connaître les caractères, de jouir des entretiens qui sont affrontements ou tête à tête, toujours élégants mais sous lesquels on perçoit l'impertinence ou un début de tendresse? Les 90 minutes du film résument une histoire compliquée dont il faudrait suivre toutes les nuances et pas simplement la sécheresse des faits présentés comme des chapitres et donc délaissant la chair du texte. Même le choix des acteurs est attristant : qui pourrait tomber amoureuse du sinistre jeune homme du film (la série, elle, vous proposait Colin Firth, waouahouah!)? Merci les programmes : remballez les versions film et donnez-nous les versions série. Please!
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