LE 30 DU MOIS
Fin du mois, fin de l'année. Mauvaise denrée qu'elle fut, amorcée dans les séquelles des remous civils, empoisonnée par le virus, bloquée par les règlements (flottants, contradictoires, sans cesse remaniés, mais bloquants tout de même). Nul n'a pu faire quelque chose dans ces douze mois, rien d'utile, rien de commercial, rien d'intellectuel, rien de scolaire, rien d'artistique. Nous nous trouvons parqués, les mains liées, les envies étouffées à force d'interdictions, les initiatives coupées, les volontés disparues. Nous ne pouvons nous raccrocher à rien : les consignes se limitent au concret, les discours s'entrecroisent dans la confusion, l'inintelligibilité et l'inopérance sont les grandes caractéristiques du lyrisme, l'agitation ne fait que croître et embellir en se diversifiant . Malgré soi, on se bonzaïse, on se racornit, on sèche sur pied. A quoi bon tenter de déployer ses ailes alors qu'on se sent comme encagé? Oui, on arrive à la fin d'une longue période de chagrin, et ces douze mois y occupent bien leur place. Allons, tâchons quand même de chercher à nous ragaillardir quelque peu si nous voulons pouvoir souhaiter alentour que l'année soit meilleure et moins douloureuse.