Par lucette desvignes
C’est sans doute dans la dernière partie de sa carrière – il faudrait le vérifier, mais c’est probable – que Miss Marple se lance dans les enquêtes virtuelles, autrement dit en spéculant sur des mobiles ou des incidences invérifiables parce que passés, à partir d’un détail concret relevé par hasard. Autrement dit, en faisant fond sur l’imagination, l’intuition, presque la divination, toutes choses qui éventuellement peuvent avoir leur utilité dans une enquête habituelle mais dont toutefois il serait plus raisonnable de se méfier – « Imagination, maîtresse d’erreur et de fausseté », disait Pascal (et il disait ça bien avant la constitution officielle des procédures judiciaires et de leur fonctionnement boiteux). Il a fallu du temps pour que l’idée soit reprise dans le domaine des investigations policières ; mais cela s’est développé, a prospéré, s’est imposé : combien de séries nous amènent à spéculer sur ce qui s’est passé autrefois – il y a quinze ou vingt ans, voire davantage – pour qu’en résultent un cadavre ou un squelette déterrés fortuitement ? Ces réouvertures d’enquêtes se sont mises à fleurir dans tous les répertoires nationaux : Cold Case, Affaires classées, Silent Witness, Wake up the dead…Les séries américaines et britanniques surtout se livrent à ces activités rétrospectives, mais l’Australie ne se laisse guère traîner en remorque : le facteur ADN bien servi par de merveilleuses et intrigantes machines y joue un rôle prépondérant. Ce sont d’ailleurs, à noter au passage, des équipes bien soudées et bien rodées qui empoignent à bout de bras la résolution des mystères passés : n’en concluons pas pour autant que le règne des Barnaby, Morse, Murdoch, Luther, Caïn… ait du plomb dans l’aile ! Ce serait une grossière erreur…
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