17 février 2022
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SUPPLEMENT A L'OXYMORE
Je me suis en effet rendu compte, en dissertant sur l'oxymore et en en fabriquant quelques-uns, que ce n'était pas facile d'en créer à la pelle ; il n'y a alliance de mots que lorsque les deux termes sont opposés par une racine différente, le contraste des significations est à lui seul insuffisant. Par exemple, j'avais créé "un banquier désintéressé"(vous allez trouver avec moi que c'est un oiseau rare, mais justement la formule insiste sur l'insolite de la chose, il n'y a pas contraste difficile à accepter, comme dans "silence assourdissant"; la formule peut admettre n'importe quel adjectif (blond, rougeaud, intègre ou myope), elle ne rentre pas dans les figures de style. De même, avec mes gazouillis : ils peuvent être consternants ou débiles tout autant que délicieux, mais le nom n'a pas de contraire, et même "gazouillis pétaradants" ne serait pas un oxymore (sans cela tous les noms affublés d'un adjectif leur conférant une caractéristique particulière feraient l'affaire, et je n 'aurais pas besoin de m'en mêler). Retenez donc cette absolue nécessité du clash entre deux sens non faits pour s'apparier, mais qui en s'appariant de manière détonante causent la surprise et le divertissement..
Published by lucette desvignes
17 février 2022
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ET L'OXYMORE?
Et si on s'occupait de l'oxymore, est-ce que ça ne varierait pas valablement nos travaux? Quand on l'appelle oxymoron, comme on a pleinement le droit de le faire si on veut se faire remarquer, cela donne au terme une vague coloration sanitaire dans le sillage des nouveaux variants du Covid, mais cela n'éclaire pas sur son rôle ni sa signification dans la phrase. J'y pense parce que je viens de lire hier "une obscurité lumineuse" - et je ne peux m'empêcher de penser qu'il s'agit d'une parodie (est-elle consciente ou non?) de cette "obscure clarté " qui tombait des étoiles dans Le Cid. "Un silence assourdissant" est une figure de style coquettement mise en valeur par l'ensemble de nos présentateurs, comme s'ils en étaient les créateurs personnels alors que c'est devenu un vieux machin éculé. Le fin du fin est d'allier deux mots par définition inconciliables, absolument antagonistes : "un deuil réjouissant", "une catastrophe bienvenue", "une vigilance endormie", "une alarme muette", "une harmonie discordante", "une élocution éthylique"... La formule a toujours l'air un peu affectée, comme le résultat d'un calcul, et lorsqu'elle paraît venue tout naturellement elle est alors de qualité, c'est-à-dire qu'elle retient l'attention, voire se teinte d'ironie et peut prêter à sourire. Et il faut qu'elle frappe, et elle ne frappe pas si les contrastes ne sautent pas aux yeux dès la fusion . On peut y revenir si vous jugez que le jeu en vaut la chandelle.
77777777785ition impossibles à coexister
Published by lucette desvignes
15 février 2022
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DU PLEONASME
On pourrait s'occuper un peu du pléonasme, qui n'est apparu entre nous qu'incidemment et qui, à mon avis, mérite mieux. Cette manière d'insister sur le sens d'un propos sans avoir l'air de répéter ne relève jamais d'une recherche langagière, mais bien plutôt d'une ignorance du rôle dévolu à chaque terme. Ainsi "monter en haut", "'descendre en bas", "s'enfuir en courant" (alors que "s'enfuir en boitant" n'aurait rien de pléonastique), "allumer la lumière", "marcher à pied"... juxtaposent la même idée sous des formes grammaticales différentes, adverbe + verbe, verbe + nom tiré du même radical. C'est justement l'ignorance des racines qui amène à la répétition du sens (d'où l'inutilité d'un des termes) : "constellé d'étoiles" (étoile = stella en latin), "un soldat militaire" (miles = soldat en latin), "un vieillard sénile" (senex = vieillard en latin).... pourquoi pas aussi "de la braise incandescente" ou "un pyromane incendiaire"? L'association des termes, inutile puisque répétitive, donc n'apportant pas la moindre nuance supplémentaire, dissimule son inutilité grâce aux origines sémantiques différentes dont les aspects surtout sonores ne trahissent pas pour l'oreille que la pensée piétine. Au passage, pas de pléonasme pour mes délicieux gazouillis : chaque terme contient sa dose d'enchantement, les deux s'additionnent pour plonger dans le ravissement ceux qui écoutent...
Published by lucette desvignes
14 février 2022
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UN TROU, DEUX TROUS...
J'ai beau promettre voire engager ma parole (Croix de bois, Croix de fer, Si j' mens j'vais en enfer) : j'ignore s'il s'agit d'une disposition génétique ou si les conditions troublées de nos vies présentes agissent sur mes fonctions. En tout cas, voilà encore deux séances de blog qui sont passées à l'as, sans même que je m'en aperçoive sauf au moment du bilan ou de l'exercice. Autrement, le reste du temps - donc, devrait-ce être, la journée - devrait être consacré à la chasse aux idées, aux sujets, à la dignité de nos entretiens. Eh! bien figurez-vous que je remplace ce temps de documentation par de la lecture : je me réserve un petit moment, juste pour me mettre en train... et puis, quand je suis plongée dans d'autres mondes ou dans d'autres ambiances je ne sais plus que j'ai franchi la frontière et que je suis en train de vous trahir bel et bien, mes belins-belines, puisque je me livre à des jouissances intellectuelles auxquelles je ne vous convie nullement. Mais soyez-en sûrs : le bénéfice glané au parcours d'un livre ou d'un autre passera par osmose ou transfusion directe dans votre petit particulier, de manière à bien nourrir ou égayer vos cellules sensibles. On pourrait de nouveau reprogrammer les entorses à la grammaire ou à la correction de la langue : je crois que vous aimez assez ce genre de délicieux gazouillis.
Published by lucette desvignes
10 février 2022
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11:59
RYTHMES RIGOUREUX
Je viens de découvrir avec émotion que lorsque je ne fais pas s'envoler les délicieux gazouillis de mes blogs vers vous, mes belins-belines, certains parmi vous comptent les jours de silence et s'inquiètent. Que ne voilà-t-il pas une délicatesse rare dans l'attachement! J'en fais le sujet de mon blog d'aujourd'hui tellement j'ai été émue. De ce décompte plein d'inquiétude je devrais bien tirer une leçon personnelle. En général je n'écris pas mes contacts avec vous, mes agneaux, si je suis mal portante ou si j'ai des obligations impérieuses qui dévorent mon temps disponible pour vous. Mais j'avoue aussi que parfois (pas très souvent mais tout de même) c'est la déesse Flemme qui pèse sur mon activité ; or je me découvre de plus en plus lente pour réaliser mes projets, et les blogs ont du mal à prendre forme, même si au niveau neuronal tout va toujours bien... Je perds énormément de temps à rêvasser, je pique du nez sur mes livres, je somnole plus souvent que je ne voudrais, même avec un chat ou un autre sur les genoux. Cela ne fait pas un bilan bien productif, mais puisqu'il peut donner lieu à des inquiétudes je vais faire un effort pour conserver un lien écrit avec vous, fût-ce un tout petit quelques lignes, histoire de vous dire que je suis toujours là et que je vous aime. Et c'est du promis juré sérieux!
Published by lucette desvignes
8 février 2022
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L'ACTIVITE ET LE SOLEIL
On pourrait croire que mon activité digitale pour porter vers vous, mes belins-belines, mes messages supposés quotidiens obéit aux conditions météorologiques, à cette exception près que le compagnonnage des deux fonctions pose problème. Je renâcle à travailler du clavier dès que la journée se confirme dans le gris, le mouillé, le peu lumineux. Au contraire le joyeux ensoleillement annonciateur des luminosités d'avril devrait fouetter l'énergie, inciter à s'activer. Ce double postulat paraît issu de la pure logique. Mais que dire si au contraire le soleil me fait penser aux vacances, donc au dolce farniente limité à la contemplation de la course des nuages et des arabesques des papillons, tandis que le renfrognement du temps pousse à tenter de l'oublier en se mettant tristounettement au travail ? Conclusion parfaitement inefficace : on peut tirer du temps l'incitation à faire ou ne pas faire selon l'humeur individuelle, ce qui au fond condamne toute influence météorologique éventuelle. Ne cherchez donc pas de justification de logique aux sauts, ressauts et soubresauts de mes accès de zèle pour vous, mes agneaux : quand la santé s'en mêle, alors je vous le dis, c'est pour me faire plaindre, mais quand la responsable du manquement est la cosse (des fois grosse comme une canne à sucre au milieu de la paume), je ne tiens pas à vous le dire, mais je suis sûre que vous devinezæ.
Published by lucette desvignes
2 février 2022
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LES PRECIOSITES RIDICULES
Après quelques jours de repos, puis l'évocation des manoeuvres taubirales, inattendues mais impossibles à ne pas inscrire en bonne place au tableau du grotesque, il me paraît convenable de revenir sur des propos plus grammairiens ou stylistiques : d'ailleurs des commentaires fidèles m'y incitent, en me donnant de beaux exemples, tels que "visionner un film". Ces verbes du premier groupe, c'est-à-dire de fabrication récente selon les besoins, sont des excroissances à partir d'une base qui a fort longtemps rempli son emploi mais ne répond plus aux prétendues minuties de l'usage moderne. Voir,c'était bien - "visionner" toutefois ne fait-il pas plus distingué, voire plus savant? Poser, c'était bien aussi - mais quelle élégance dans "positionner"! Et finir, quelle pauvre allure à côté de "finaliser"! Il y a peut-être une infime nuance entre "expliquer" et "expliciter", je vous l'accorde - et sans doute peut-on parfois avoir besoin d'une nuance supplémentaire qu'on se forge pour mieux se faire comprendre. Mais ces acquisitions inutiles, à ne pas confondre avec des "vivoter", dansoter", "lavocher", "écrivailler" etc.(qui, d'ailleurs anciens, ont apporté à leur base une très perceptible nuance dépréciative), n'ont rien apporté du tout, sauf de la prétention et une coquetterie de style qui sont devenues la grande conquête des bonimenteurs télé de tout poil. Pas besoin de guetter longtemps pour apercevoir leur marque de fabrique.
Published by lucette desvignes
2 février 2022
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15:48
TAUBIRALES
Encore des lacunes dans un service qui devrait être honnêtement exécuté? Encore trois jours, quatre même peut-être, sans l'empreinte cordiale qu'on est en droit d'attendre jour après jour sauf dimanches et fêtes? Y a-t-il eu un tel éblouissement devant les prouesses Taubirales que s'en sont trouvées paralysées les facultés de jugeote et, du même coup, la maîtrise des moyens d'expression, qu'ils soient vocaux ou transmis par ordinateur? Mes belins-belines, on peut se le demander. Vous avez vu ce qu'a réussi à faire (d'ailleurs pas au niveau des pourcentages puisque rien n'a été chiffré : on devait dire Bien, Assez Bien, Médiocre, Peut mieux faire...c'était une drôle de préparation au grand vote du dernier jour, celui de la présidence, et puis c'étaient peut-être des gens qui s'amusaient) - oui, vous avez vu ce qu'a réussi à faire une ancienne fausse gloire éventée soudain ressurgie des ténèbres de l'oubli en prétendant ramener sous sa houlette les fragments éparpillés de la gauche survivante? Mais mes agneaux rien d'autre que fonder à grands cris et moulinets de bras un nouveau petit closter où la contamination tourne en rond! Savoir ce que ça va devenir, tout ça? Je dis ça par simple curiosité, vous savez, car mon mutisme de ces trois ou quatre jours venait de ma flemme - oui, j'avoue - et non pas parce que mes moyens d'expression avaient été réduits au silence par une admiration éperdue.
Published by lucette desvignes
28 janvier 2022
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GLANES PEDAGOGIQUES
Vous pensez sans doute, et fort à raison, qu'avec le Covid et sa prodigieuse descendance d'un côté, et les remous et frétillements de la campagne présidentielle de l'autre, on n'a que faire de mes remarques de grammaire ou de style. J'en conviens : les deux sujets tout juste énoncés sont en effet les deux seules choses dont on parle dans l'Hexagone, et je ne suis certainement pas la seule à en être lasse et plus que lasse. Si donc, mes belins-belines, il y en a parmi vous quelques-uns ou quelques-unes qui désirent changer de disque, je vous propose modestement mon petit mirliton dans sa rentrée classique. Car ne me dites pas qu'avec tout ce batelage, ces palabres, ces échanges vigoureux qui s'arrêtent tout juste au seuil des noms d'oiseaux, il ne se trouve pas matière à faire sursauter d'horreur ou d'hilarité les auditeurs doués d'une oreille sensible. Il y a en effet à boire et à manger dans les dires des politiques, des commentateurs et de la presse télévisée, et ne croyez pas que les politiques ou les journalistes soient exempts des pires fautes. Erreurs d'accords, mots mal lus, termes glanés dans la fantaisie de la dernière mode courant sur les chaînes et employés n'importe comment en révélant la sottise... Il y a de quoi remplir son panier, car il y a de tout. Pour ma part, j'ai relevé comme un précieux cadeau le délicieux "hebdromadaire" qui m'a fait rêver à Tataouine : il ne m'a pas hérissée comme tant de relâchements de l'attention, d'ignorances de l'essentiel, d'erreurs qu'on n'hésite pas à placarder comme objets de fierté, et pour lesquels je n'aime pas pardonner parce que mon "Pourrait faire mieux" dédaigneux dévoile une incurie ou une indifférence qui me navrent et m'irritent. Combien de "ne" sautés qui ne relèvent pas d'une coquetterie consciente et passagère du style ("j'ai rien répondu" -- et cela n'est pas grave, c'est presque officiel, mais qu'il y a donc d'autres choses plus sérieuses! "C'est de ça dont je vous parle", "des occasions à profiter", "les soldes hivernales", "je supporte les verts", vous n'êtes pas sans ignorer", "je m'en rappelle fort bien"...Oh on va s'y atteler incessamment, cela nous changera les idées....
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Published by lucette desvignes
26 janvier 2022
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MORT AU BITUME !
L'afflux des pétitions parmi les messages reçus a un double effet sur mes rapports avec l'actualité : d'une part il me permet souvent de me défouler en m'associant à l'indignation d'autrui déjà noblement constituée en volumineuse protestation qu'on n'a plus qu'à augmenter de son nom ; d'autre part, je découvre des tares de notre condition humaine que nous nous fabriquons de manière suicidaire, par exemple au motif qu'il faut assurer la circulation des biens et des gens. Je viens de recevoir, avec une demande urgente d'en finir avec le bitume qui signe la mort du terrain, une photo aérienne d'un noeud routier sur trois ou quatre niveaux qui hanterait les cauchemars des plus déterminés architectes de l'aménagement du territoire : c'est comme un tas de spaghettis tombés d'une passoire, et dont chaque bout en voie ou en tunnel aurait son prolongement dans la direction opposée, genre profusion en rose des vents, après avoir décrit des boucles superposées de plus en plus paresseuses et des croisements de plus en plus surréalistes à partir d'un simple carrefour. J'en frissonne encore. Assez! Assez! Qu'il nous reste quand même quelques champs, quelques prés, quelques bosquets! Le Pays de Galles est certes de moindre superficie que l'Hexagone, mais c'est voté définitivement : on n'ajoutera pas un centimètre au réseau du bitume tel qu'il a été construit. Quelle vénération devons-nous ressentir pour cette sagesse tardive mais salutaire ! Quand nos édiles cesseront-ils d'écouter les lobbies du profit?
Published by lucette desvignes