26 juin 2014
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Les vacanciers privilégiés, ceux qui ont pu choisir leurs dates indépendamment des congés scolaires, ont choisi juin, naturellement, le mois sur lequel on peut parier le plus sûrement pour avoir du beau temps, même si parfois l’on se trompe (voir l’an dernier). En tout cas, ceux qui campent ou se baignent ces présentes semaines ont tout pour s’éclater, à peine l’eau a-t-elle séché sur leurs maillots qu’ils peuvent recommencer à faire trempette sans se soucier du séchage. Cela me rappelle le climat d’Hawai, où tout le monde se balade en chemisette sous la pluie qui survient tous les jours pendant dix minutes : pas besoin d’intervenir pour se changer, en deux temps trois mouvements les chemisettes sont sèches sur le dos des promeneurs ou autochtones. Ici, les vacanciers qui doivent attendre juillet piétinent et s’impatientent : pourvu que ce temps exotique puisse continuer jusqu’au moment où ce sera à leur tour d’en profiter ! Il n’y a que les jardins qui n’espèrent plus rien . comment le béton actuel produit par toutes ces phases de plein soleil pourra-t-il se reconvertir en terre arable, et quand ? Les foins ont pu être faits, pas trop mal, mais les cultures sont d’ores et déjà compromises. Il n’y aura pas de pommes de terre, ni de carottes, ni de choux, et les cerises - une grosse année, à laquelle ces chaleurs ont été favorables – sont déjà dépassées et oubliées. Et ne me dites pas qu’au moins la chaleur profite aux tomates, aux fraises, aux melons, car je vous répondrai que tout cela est forcé sous serre, sans contact avec la terre, poussé en hâte sous produits chimiques divers, gonflé d’eaux enrichies et de colorants artificiels, et que si on leur montrait le soleil, à ces pauvres fruits, ils s’en détourneraient avec terreur tant ils en ont peu l’habitude. Souhaitons seulement que l’été 2014 ne nous rappelle pas tristement la grande sécheresse meurtrière de 1976, elle est gravée dans mon souvenir comme une catastrophe de terrible envergure.
Published by lucette desvignes
25 juin 2014
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J’ignorais que Ken Loach était capable de bâtir un film drôle pratiquement d’un bout à l’autre en mettant comme d’habitude en relief la galère que connaissent les adolescents des couches sociales abandonnées à leur sort, en Ecosse ou en Irlande. La bande des quatre – une petite voleuse, un minus totalement inculte, un grand péquenod violent, un paumé au palais et au nez étonnants pour juger des whiskies – condamnée à des travaux d’intérêt général pour délinquances diverses, va prendre son essor – l’un traînant les autres – dans un jubilatoire contexte de distilleries et de vente aux enchères (donc devant de richissimes amateurs) d’un petit fût d’un scotch ancien extraordinaire. Les amateurs de bourgogne entraînés au vocabulaire spécifique qui a cours à présent seront ici dépassés par la richesse des associations, olfactives visuelles ou gustatives, faites à partir du bois des tonneaux (américain ou écossais, naturellement, cela compte), du parfum local des tourbes ou du mélange des malts et des levures. Quelle leçon que cette visite d’une distillerie, qui a rafraîchi mes souvenirs de la distillerie Dewars, à Perth, il y a longtemps… Et cette Part des Anges, ce 2% de chaque fût qui s’évapore dans la nature…Que les dons étonnants de goûteur du délinquant le plus sérieux l’amènent à un casse dont on ne peut juridiquement le condamner (puisqu’il subtilise le malt exceptionnel sans que s’en rende compte l’acquéreur, le richissime Américain qui a payé une extravagante fortune pour ces quelques litres devant lesquels se pâment surtout les snobs) et que de ce casse puissent naître, par sa sagacité, d’heureux développements pour son avenir et celui de sa famille, voilà bien une coloration d’humour et d’humanité tendrement souriante inhabituelle chez Ken Loach et fort agréable à goûter au passage…………..
Published by lucette desvignes
24 juin 2014
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A divers niveaux et dans les domaines les plus variés, le manque de goût s’impose frénétiquement dans notre société où la publicité conditionne nos tics et envies. Sur un catalogue, je tombe sur le gratte-dos extensible, qui, « facile à plier et transporter dans un sac, vous permet de vous gratter le dos en toute discrétion » (je voudrais voir l’application pratique de l’ustensile à l’heure du thé). Il y avait eu, d’ailleurs en toute hâte (ou presque) retiré de la pub télévisée, l’épisode du marié convolant par erreur avec un homme et que seule va détromper l’attitude de ladite mariée piquée debout devant un siège de WC (je n’invente rien, cela remonte à quatre ou cinq ans je crois, je l’ai vu à mainte reprise). Il y a en ce moment une offensive contre l’éjaculation précoce, à grand renfort de saynètes tendres au restaurant (fleurs, violons, chandeliers encombrants…) mais du côté dames on n’est pas oublié : avez-vous suivi l’ouverture d’une porte blanche avec comme seul ornement une silhouette de petite bonne femme en laiton astiqué ? On tourne la poignée, on ouvre, on découvre une dame distinguée pas gênée du tout installée sur un siège de WC (la lunette non ouverte tout de même et d’ailleurs la dame distinguée est habillée d’un tailleur blanc assorti tout ce qu’il y a de strict), surtout qu’elle se lève sur-le-champ pour s’adresser au public : « j’avais des problèmes urinaires, mais on peut lutter contre l’incontinence, adressez-vous à je-soigne-ma-vessie sur Internet » (je déforme peut-être la lettre du message, mais je vous garantis que je n’en déforme pas l’esprit). Autrement dit, avec un bon ordinateur et un peu d’adresse, on peut facilement trouver des remèdes à tous ses maux secrets. On aurait bien tort de s’en priver, n’est-ce pas ?.
Published by lucette desvignes
23 juin 2014
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Pas de chance hier à la télé, malgré une stratégie d’allure maligne : d’abord « le Minnelli » (puisqu’on en dit si grand bien), ensuite « le Gena Rowlands « (j’aime mieux dire que « le Cassavetes », :il y a des valeurs sûres… et puis des autres). Donc d’abord une comédie musicale vantée : j’ai horreur du genre, le plus bâtard qui soit et qui sous prétexte de divertissement artistique impose les pires scénarios, les pires dialogues, les pires jeux d’acteurs , mais Minnelli tout de même… Et puis, dites un peu, en rappel de Singing in the Rain, vu revu et rerevu, et qui est une pure merveille…Eh bien j’avais tort d’assimiler les deux films : à part les claquettes et les performances chorégraphiques (dont on se lasse vite), Fred Astaire n’était pas meilleur que d’habitude et le thème, la réalisation, l’idée étaient en dessous de tout. Au moins avec Chantons sous la Pluie il y avait cette brillante utilisation de l’historique du cinéma, càd le passage tumultueux du muet au parlant, qui donnait corps à l’intrigue. Hier soir, ah malheur ! La beauté sculpturale de Cyd Charisse n’arrivait même pas à s’imposer dans ce méli-mélo indigne. Et si Opening Night, ensuite, promettait un spectacle intelligent se passant strictement au théâtre avec ses problèmes matériels et psychologiques – et même littéraires puisque la comédienne se sentait mal dans le rôle qu’on lui avait écrit et qu’elle réclamait sans cesse une réécriture du scénario – on est empêché de se concentrer sur le malaise de l’actrice (les whiskies en nombre n’ayant jamais constitué une béquille vraiment utile) par une fin inattendue, due à l’improvisation délibérée qui, on ne sait pourquoi, provoque les rires et sauve la pièce lors de sa première. De quoi ne pas savoir que penser des dernières séquences, même si, de l’avis du machiniste qui a souvent aidé sur scène des acteurs ivres-morts, Gena Rowlands gagne la palme à être ivre-morte debout !
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21 juin 2014
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Je n’ai rien contre l’émergence de nouveaux comédiens, surtout dans le répertoire classique – l’apport de sang frais est toujours bien venu, dans la mesure où pour la scène la diction reste claire et non bredouillante, comme dans les dialogues de films bien trop souvent. J’ai réfléchi depuis hier à l’introduction de tout jeunes poulains dans la réalisation d’une pièce aussi emblématique que Le Jeu de l’Amour et du Hasard : lorsque Sylvia était Danièle Lebrun et Dorante Jean-Pierre Cassel, n’étaient-ils pas tout jeunes eux aussi ? Il y avait cependant une osmose de sentiments qui dès le premier échange de regards apparaissait, se fixait, s’installait avec ses intensités et ses inquiétudes, avec ses emportements mal retenus et ses découragements, bref c’était tout un travail de psychologie et de passion qui se déroulait sous nos yeux, illustrant à merveille le beau texte marivaudien, tandis que le cheminement parallèle des valets, moins proche des tourments des maîtres vers la fin, constituait une pétillante reprise de la même aventure dans une autre tonalité, bonne enfant, facilement enjouée (et sans la moindre vulgarité, je le précise : les nuances des comportements relevaient du grand art). Je ne crois pas que ce soit un service à rendre à ces bizuts que de saucissonner leurs contacts avec le texte, de confier à des sous-titres ce qu’ils devraient exprimer par leur jeu personnel, de les isoler par séquences au lieu des tête-à-tête où par eux-mêmes ils devraient approfondir le texte et en tirer un maximum d’émotion. Aucun des quatre ne pourra dire que Le Jeu a transformé son style par son intensité, comme Cassel le confessait après avoir incarné un Dorante exceptionnel. Hier c’était tant pis pour nous, demain ce sera tant pis pour eux…
Published by lucette desvignes
20 juin 2014
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Je crois avoir vu, de mon cher Marivaux, à peu près tout ce qu’on a pu donner sur la scène française ou à la Télévision depuis qu’on a célébré le bicentenaire de sa mort en 1963, ce qui revient à dire que j’ai dû accepter (ou refuser, avec indignation et moult grognements) des mises en scène variées, trois ou quatre éblouissantes, beaucoup d’autres consternantes soit de médiocrité soit pour avoir transposé grâce à la pureté du texte les pires fantasmes du réalisateur. Je pourrai vous en parler une autre fois. Hier j’ai vu « Ah ! l’Amour ! » - au moins on annonçait avec honnêteté que c’était librement inspiré de Marivaux. Et au départ l’idée était bonne – transposer le thème du Jeu dans une actualité artificielle, en remplaçant les dialogues ou àpartés par des soliloques inspirés permettant de voir tout le travail intérieur (sauf l’introduction du psychologue, muet heureusement, dans deux séances de divan – quelle faute de goût…). Et même, au début, l’apparition des sous-titres explicatifs ne surprend pas désagréablement. Mais les plastrons rappelant au public les rôles d’emprunt étaient une énorme erreur : la précision et la beauté du texte ne permettaient pas la confusion chez le spectateur ; au contraire, on voyait progresser le trouble puis l’accablement dans les cœurs, c’était là tout le thème de la pièce. Et là, au prix d’un contraste pénible entre la vulgarité criante des valets et la retenue des maîtres tombés amoureux deux par deux selon leurs affinités et statuts sociaux, on a prétendu tout expliquer par l’abus de sous-titres inutilement enfantins (même si c’était pour faire « d’époque »…), remplaçant ainsi l’admirable développement de l’amour chez Sylvia puis chez Dorante (ce pâlichon petit jeune homme, ouais !) qui colore d’angoisse et d’émotion tout l’acte III, le combat de l’orgueil de classe avec l’amour coup de foudre arrivant à un sommet bouleversant de tension dramatique entre les amoureux les plus intéressants – de tout cela nous avons été frustrés, mes belins-belines…
Published by lucette desvignes
19 juin 2014
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J’aime regarder « Ainsi va le monde » jour après jour – cela s’enchaîne parfaitement derrière mes Eastenders inamovibles depuis 27 ans maintenant, il n’y a qu’une chaîne à changer et, en fin de compte, quinze minutes pour savoir en quel état de combustion se trouve notre planète ce n’est pas trop cher payer pour se tenir au courant. On apprend donc ainsi – au cas où on le le saurait pas – que la Lybie est en flammes et sans gouvernement, que la Syrie continue à flamber dans tous les sens, qu’au Centrafrique et au Soudan les populations continuent à fuir et à mourir de faim, de fatigue et de désespoir au long des routes. Il y a du nouveau depuis hier : l’Irak (qui devait il y a dix ou onze ans être sauvé du joug d’un dictateur et amené gentiment à la démocratie) s’effondre entre factions religieuses rivales et mortellement ennemies, avec ou sans armes, officielles ou anarchiques, à tel point – oui, mes belins-belines, à tel point – qu’il est fait solennellement appel aux bombardements américains pour ramener l’ordre. Rodrigue, qui l’eût cru ? Chimène, qui l’eût dit ?... Mais les Américains se font prier : devraient-ils remettre les pieds dans la fourmilière fournaise irakienne ? dans ce Moyen-Orient où on les hait, où on les menace, où tout est prêt à sauter, et où voilà qu’on aurait besoin d’eux ? Si on regarde du côté de l’Ukraine, les tensions et règlements de comptes créent la même confusion inextricable… Et les églises siciliennes sont archi-remplies des rescapés du grand exode méditerranéen. Et de toute façon les populations quelles qu’elles soient et où qu’elles se trouvent sont destinées à périr dans l’indifférence, la misère, la maladie, l’inanition…Ainsi va le monde : où va-t-il ?
Published by lucette desvignes
18 juin 2014
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14:57
Peut-être bien qu’en effet les yeux s’ouvrent ici et là… Il faut dire que l’information réussit à être accessible si on veut s’en donner la peine. Ainsi, une fois informé que toutes les marques de mayonnaises sauf Benedicta ont décidé d’utiliser uniquement des oeufs de poules élevées en plein air, si vous continuez à acheter et consommer les produits Benedicta c’est que vous applaudissez à l’entêtement de la firme à se fournir en œufs de batteries, aussi condamnables pour la santé que pour le non respect du droit des animaux à ne pas souffrir. De la même manière, maintenant que la ferme aux Mille Vaches est installée sur le territoire de la réprobation générale, si la firme Senoble se fournit en lait au centre concentrationnaire fermier c’est qu’elle fait passer le profit (un prix d’achat avantageux) avant les considérations sur lesquelles désormais le public se veut vigilant : éthique du respect animal et qualité du produit fermier que l’industrialisation de l’élevage compromet de manière consternante. A chacun donc de voir s’il continue sur le chemin de la complicité ou s’il décide de réagir contre les sociétés qui optent, non plus pour un profit honteux bien caché, mais pour l’arrogance de la honte pratiquée au vu et su de tous.
Published by lucette desvignes
17 juin 2014
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Il est tout de même frappant, même si on se veut parfaitement indifférent aux problèmes qui agitent le Moyen-Orient et en particulier au problème palestinien dans toute son atrocité, que le même jour un journaliste israëlien appelle le reste du monde au boycott de son pays (ainsi que le faisait Nelson Mandela aux pires moments de l’apartheid) et que l’homme le plus riche du monde, Bill Gates, retire ses billes de la société anglo-israëlienne qui gère les prisons en Israël, laquelle société est donc complice et soutien des tortures et exactions croissantes que Tsahal réserve aux Palestiniens où qu’ils se trouvent et quoi qu’ils fassent, y compris la résistance non armée. « Cessez de vous prosterner devant Israël », continue Gidion Lévy – et de fait toutes les autorités décideuses, USA ou Europe, ont depuis des lustres soit aidé ouvertement Tel-Aviv de toutes les manières (USA), soit fait la sourde oreille aux protestations les plus évidentes des Palestiniens (Europe). Il est temps de contrer l’arrogance d’une nation qui, sous prétexte qu’on l’a fait souffrir autrefois, n’a de cesse d’infliger les mêmes souffrances au peuple qui se trouve à sa portée. Les yeux s’ouvrent, en Israël même ; on commence à voir l’indigne comportement d’une nation qui en occupe une autre par la terreur en lui refusant le plus élémentaire de la justice et du respect des droits de l’homme. Oui, les yeux s’ouvrent…
Published by lucette desvignes
16 juin 2014
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Il y a une bonne dizaine d’années, on avait annoncé à son de trompe et roulements de tambour la venue en terre cinématographique d’un triplex aux trois couleurs de la France. Cette superproduction de Christophe (je l’écris comme on le prononce en français) Klieskowski n’ayant pas laissé dans les mémoires une empreinte ineffaçable, je me suis aventurée hier à en voir le Bleu de la première étape. J’ai compris au bout d’un bon quart d’heure que j’avais déjà vu ça, et bien avant la fin du film j’étais sûre que je me contenterais d’une couleur, même mal passée et difficile à expliquer. Le passage du chagrin à la rancune puis à un nouvel attachement, qu’on a déjà vu six mille fois sur grand ou petit écran, méritait d’être traité avec originalité, ce qui n’était pas (ainsi dit-on dans un raisonnement pour pouvoir aller plus loin). On a même réussi à transformer le visage de notre lumineuse petite Binoche en un masque rigide où pas une expression ne se manifeste. Et la musique censée être le fil rouge (pardon : bleu) de cette histoire est insupportable, tonitruante et prétentieuse, voire racoleuse dans ses phases de simplicité. Qu’un musicien des rues joue sur sa flûte le thème principal de la symphonie ou du concerto inachevé passe déjà assez mal ; mais que ledit musicien soit amené sur place le matin dans une somptueuse voiture, cela pose problème, si annexe soit-il au déroulement de l’intrigue (qui est d’ailleurs à peu près inexistant). Bref une couleur ratée qui n’incite certainement pas à voir si les deux autres vont rattraper la mise.
Published by lucette desvignes