26 septembre 2020
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UN SIMPLE CATALOGUE D'HORREURS
L'accent était mis en effet hier sur l'horreur visuelle, celle qui fait frémir devant le sang, les plaies, les monstruosités de comportement, l'étrange incompréhensible : le problème de la foi n'était qu'effleuré, le prêtre demandant si la mère ou la fille avaient la foi, "ce qui pouvait aider". Le combat se livrait entre la mise à mal de l'innocence (toujours relative) et le bien, qu'il fallait a contrario déduire de cet acharnement théorique à détruire le malin toujours caché' (ignoble, finalement déguerpissant devant la concentration de la foi et la lecture continuelle des exorcismes du livre sacré). La compréhension du policier flairant un domaine insolite et trouvant au pied de l'escalier extérieur de la maison un débris de statuaire assyrienne (venant d'où ? il semble que ce soit la même divinité inconnue que celle dont par ses fouilles l'exorciste avait extrait du sol et de l'oubli une effrayante statue rappelant Baal : pourquoi en avoir rapporté un débris. quel rapport avec le rituel de l'exorcisme du catholicisme? ce point-là ne méritait-il pas d'avoir sa place dans l'affaire? d'autant que le même mystère inquiétant plane - sans explication - sur l'étrange monnaie elle aussi transmise on ne sait comment jusqu'au lieu de la possession) - oui, cette incertitude situe en porte-à-faux la position de l'observateur laïc, si bien qu'au final "L'Exorciste" reste un catalogue d'horreurs regroupées et s'efforçant bien en vain de faire frémir.
Published by lucette desvignes
26 septembre 2020
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ET SPIELBERG POUR EN RAJOUTER UNE LOUCHE!
Et je m'en voudrais de ne pas attaquer Steven Spielberg pour le ridicule "Poltergeist" qui complétait la soirée. Un esprit frappeur installé dans un arbre mort devant la façade, avec, à la faveur d'un orage, déchaînement de lumière, tonnerre, chamboulement des planchers, valse de tous les objets en tourbillons et aspiration par la fenêtre jusque dans le néant (y compris la petite fille qui faisait si finement amis-amis avec l'écran mort de la télé). Et l'effet tremblement de terre dure, dure... Avec empilage artistique des chaises, démantibulation de la literie, disparitions : là on a recours à une "assainisseuse de maisons", personnage hurluberlu qui s'adresse au Poltergeist et négocie avec lui. Naïveté de la transaction! La clé de l'horreur est que la maison a été construite sur un ancien cimetière, d'où fissurage des fondements, surgissement en nombre des morts sortant de la boue et y entraînant la famille. Si cette suprématie de la boue n'était aussi hideuse et écoeurante, je vous assure qu'on rirait. Le Grand Guignol là encore venu à vous... Comment peut-on, non seulement croire à pareilles billevesées (je sais pertinemment qu'il y a des adeptes pour ce spiritisme grotesque) mais même en accepter le spectacle sans réagir pour secourir la raison mise à mal?
Published by lucette desvignes
25 septembre 2020
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POSSESSION ET DEPOSSESSION
Le Grand Guignol étant une attraction d'Île de France, j'aurais eu peu d'occasions dans mon adolescence voire ma jeunesse d'être allée voir par curiosité ce qui s'y passait. Tout vient à point à qui sait attendre : le Grand Guignol est venu hier jusqu'à moi! Faute de mieux, je m'étais enfin branchée sur L'Exorciste régulièrement dédaigné, étonnée de découvrir au générique Max von Sydow et Lee J.Cobb. Une histoire de possession puis d'expulsion du squatter hors de la possédée me paraissait intéressante comme documentaire, et les manifestations de la possession m'ont réjouie, relevant plus du Barnum que du royaume de la religion. Mais que dire de la phase inverse, l'extirpation du squatter (qui d'ailleurs, à travers les remords du jeune prêtre qui a laissé sa mère mourir seule, prend parfois la voix de la mère maudissant son fils) hors d'un corps violé malmené rendu hideux par le sang la sanie les yeux retournés la gesticulation désarticulée? L'appel fait au grand exorciste, cet archéologue religieux dans ses pompes et ses oeuvres, pour améliorer la prestation du jeune prêtre finalement défenestré, aboutit après un long combat à l'aveuglette avec l'occupant indu d'un corps innocent : rien n'est plus grotesque que cette voix et ce vocabulaire émanant de l'enfant, si ce n'est l'expulsion de l'hôte indésirable avec ses deux faits remarquables : mort de l'exorciste d"épuisement, restitution du corps de l'enfant dans sa pureté originelle et sans qu'elle ait le moindre souvenir de cet hébergement en elle du malin jamais nommé. Oh je continuerai demain, j'ai encore à dire.
Published by lucette desvignes
24 septembre 2020
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ALIMENTATION FELINE
C'est tout un art de savoir attribuer à chacun de mes chats la nourriture qu'il préfère. Vous pouvez penser (et je ne suis pas loin de vous suivre) qu'il serait plus simple de leur fournir une bonne ration de croquettes dont ils prendraient chacun ce qui lui conviendrait, mais c'est que vous ignorez que d'une marque à une autre les croquettes ne sont pas accueillies sans bouderie. Les sachets, dômes, pochons en rations individuelles (et la bonne dose est trois par jour) rivalisent de sophistication pour flatter (mais c'est loin de marcher à coup sûr) les appétits des minets contemporains bourgeois. Saumon, cabillaud, dinde, poulet, foie, lapin... sont doublés par des "duos" où sont combinés des légumes, carottes et boeuf, épinards et volaille, tomate et canard (dont les uns et les autres se lassent vite, même s'ils ont pu être un instant tentés par la nouveauté). Il y a les "tout volaille" et les "tout poisson" (encore que le combiné hareng et truite repousse carrément toute la troupe), les "un peu d'agneau de temps à autre mais pas trop souvent", et le thon pour tous (mais pas au-delà de trois jours de suite). Il est évident que je ne les régale pas si dévotieusement sans penser qu"'on est arrivé à un niveau exagéré d'attention et de raffinement pour les animaux de compagnie et que des milliards de chiens et de chats meurent de faim dans le monde (les ^problèmes au niveau de l'humain correspondant encore à une bien autre catégorie). Mais je rêve aussi que j'aimerais pouvoir nourrir les miens à la végétarienne, ce qui supprimerait définitivement tout recours aux abattoirs, fût-il comme chez Friskies, Whiskas ou Félix, cantonné officiellement dans le bas de gamme.
Published by lucette desvignes
21 septembre 2020
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S'ADRESSER SPECIALEMENT AU PUBLIC
Au grand siècle, où triomphaient Corneille, Racine et Molière, mais même par la suite pendant pas mal de temps, la scène n'était pas comme à présent un espace réservé aux acteurs pour leurs déambulations et évolutions. Il y avait sur le côté un banc, voire des sièges pour les spectateurs favorisés qui moyennant finance s'installaient au milieu des répliques (et fumaient et même conversaient), à telles enseignes que pour leurs tirades et échanges importants les comédiens étaient obligés de s'avancer et de s'adresser au public, au lieu de jouer leur jeu entre eux. Cette manière attentionnée de se tourner vers les spectateurs me rappelle (ou bien plutôt préfigure) la manière dont chaque ministre vient nous faire ses confidences-recommandations : Ici on canalise le parcours du combattant pour les volontaires du test, là on vise à supprimer la pub pour tous les pollueurs (voitures, nutella, voyagistes incitant à de trop grandes distances). Un peu plus loin, on précise que seules les classes où jusqu'à trois élèves seront atteints, à condition qu'ils ne soient pas de la même famille, seront fermées (juré: j'ai entendu ça il y a une heure dans la bouche du ministre des classes). Ainsi vous voyez qu'on nous prend pour des demeurés, incapables de la moindre initiative individuelle après réflexion et raisonnement, ballottés que nous sommes entre les décisions et leurs contre-ordres immédiats. Le plus étrange est que ces ministres et décideurs si bavards ne paraissent pas appartenir au monde des citoyens : ils parlent de leur balcon mais personne n'écoute.
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19 septembre 2020
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INCONSEQUENCE DES CONDUITES
J'apprends par leur interdiction officielle, hier, qu'il existait des soirées dansantes ici et là, dans les bars, les soirées étudiantes ou civiles, depuis le déconfinement. Je m 'en trouve toute hurluberlue! Certes je savais que s'organisaient à foison des sorties pique-nique populeuses, mais en plein air. Que les événements sportifs se soldaient immanquablement par des grands drainages de foules, mais le plein air n'aidait-il pas à la diminution de la contamination? Que sur les plages, sauf celles qui se quadrillaient de balises et de mises en garde vigilantes, on se côtoyait comme si le virus n'avait jamais fait parler de lui et on se trempait gaillardement dans la même eau. Mais je n'arrive pas à croire que les individus de notre temps, informés comme ils sont sur la recrudescence des morts et des contaminés, puissent ne pas voir la gravité menaçante de ces chiffres : ce n'est tout de même pas pour les contrarier qu'on édicte les mesures contraignantes pour les gens! On pouvait comprendre la frénésie désespérée des bals et des fêtes lors des épidémies de peste ou de choléra : tous étaient frappés et il n'y avait pas de remède. Nous n'en sommes pas là, bou diou, le désespoir n'est pas de saison. Et il est inadmissible de voir anticiper par ces inconséquences des scénarios atterrants, comme s'il était vraiment indispensable de les faire advenir.
Published by lucette desvignes
15 septembre 2020
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A PROPOS DE LAURE A L'OEUVRE
Les appréciations m'arrivent, rares car j'ai envoyé peu de livres, précieuses pour moi car elles sont d'une autre pointure que les banales félicitations, fussent-elles, celles-ci, chaleureuses et visiblement sincères. Chaque jugement relève de la nature que j'attendais : dépassant le simple plaisir de lecture pour jouir des choses les plus profondes, jouissant de la chair du texte, de son déroulement, de l'analyse qui en est faite, de la quête obstinée de ses origines. Chaque juge use de gravité, d'intensité, évoque sa réaction intime, situe Laure à l'OEuvre à son étiage, celui dont je rêve secrètement, et cela me comble. J'oserai peut-être vous en citer des petits bouts, rien que pour vous faire connaître ce qui n'a pas été imprimé dans la presse littéraire et qui mériterait d'être dit chanté proclamé à la cantonade. Oui, j'oserai peut-être.
Published by lucette desvignes
12 septembre 2020
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JARDINAGE D'AUTOMNE
Quand dès le milieu de l'été les catalogues de jardineries arrivent pour les plantations d'automne, je me laisse prendre à chaque fois. A froid, lorsque je fais le bilan d'une année de fleurs au jardin, je me trouve irrémédiablement flouée. A part les bulbes printaniers, puisqu'on les met en terre avec leur réserve nourricière et qu'ils se débrouillent fort bien sans aide, rien n'est jamais satisfaisant, et même parfois je me sens accablée, par exemple pour les phlox, dont j'aime le foisonnement de couleurs et le doux parfum et qui n'arrivent pas à passer l'année à cause de la sécheresse. Mais il y a aussi les roses de Noël qui meurent avant la Toussaint, les hémérocalles sophistiquées dont je n'ai jamais vu les belles nuances que sur les catalogues, les anémones souffreteuses, les glaïeuls d'Ethiopie dont je ne vois jamais que les feuilles, même le muguet déjà effondré avant son heure (et, là, ce ne sont pas les effets dévastateurs d'une canicule interminable qui jouent, comme pour l'ensemble du jardin : quatre années consécutives d'échec, il faudrait voir le fond des choses). Et inutile de se lancer dans des expériences inédites avec des fleurs miraculeuses aux noms des Mille et Une Nuits : il faut la foi pour y croire et je ne l'ai pas au rayon horticole. Il n'empêche : me voilà de nouveau dans les catalogues, à comparer les splendeurs spécifiques plutôt que les prix... et je vais bientôt me retrouver, j'en suis sûre, à la tête d'un chantier de plantation deux fois trop vaste pour mes faibles forces.
Published by lucette desvignes
11 septembre 2020
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DU FLOTTEMENT DANS LE FONCTIONNEMENT
Ce que j'aime, dans l'organisation interne de notre civilisation hexagonale, c'est la désinvolture avec laquelle les choses se font ou se décident, selon le groupe qui brandit une mesure ou une autre. Le masque est inutile (c'est ce qu'expliquent avec force les responsables qui savent que les réserves sont vides), mais le masque est indispensable (selon ceux qui voient dans cette industrie inédite une occasion de relance de notre économie). De la même manière, même au niveau de l'affrontement des gradés, le destin culturel des générations scolarisées se joue à pile ou face : en conséquence de la saison dernière qui a abouti à un gâchis total de l'année d'enseignement, et sans crainte de réitérer dès cette rentrée si discutée, on ouvre solennellement les classes, puis on en ferme une bonne partie, tout ce qui n'est pas conforme aux règlements sanitaires. Même schéma de décision pour le reconfinement : on le recommence sans le recommencer mais tout en le recommençant, car il a fait ses preuves et on a besoin de recloîtrer les nouveaux suspects; on débute par des petits groupes, des petites villes, on en arrivera bien vite au département puis à la région. Brochant sur ce panorama fantaisiste, une des premières autorités médicales dénonçait hier qu'il a depuis six mois obtenu la multiplication des places d'hospitalisation en prévision du pire, et que vérification faite pas la moindre avancée n'est visible. Ce n'est pas faute de se réunir en Conseils de Défense et de s'exhiber en palabres : mais le jacassin, depuis trois ans, a régulièrement tenu lieu de réalisations.
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10 septembre 2020
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SQUAT, SQUAT...
Ils étaient deux sur le chemin de la retraite, ils avaient une petite maison dans le midi, acquise à force d'économies, et en attendant l'âge de cette retraite dans l'incertitude des décisions d'en haut ils continuaient à travailler, avec de moins en moins d'énergie faut-il le préciser. Leur maison avait donc l'air inoccupée, des gens la repèrent, la trouvent sympa et convenable pour ce qu'ils en voulaient faire, changent les serrures (comment cela a-t-il pu se faire, quand on voit les précautions dont s'entourent les serruriers pour éviter les embrouilles?) et s'installent, sans rien demander à personne. Les propriétaires, interdits d'entrée, recourent aux représentants de la loi - la gendarmerie, le maire - pour faire cesser cet incroyable état de fait : tout le monde pense qu'une expulsion manu militari est en droit de s'effectuer. Tout le monde se trompe. Il s'agit d'une résidence secondaire, donc la loi ne s'applique pas normalement : c'est une sorte de réquisition que ces squatters ont accomplie, ils ont résolu la crise du logement, un dossier de moins à examiner et renvoyer aux calendes grecques pour les services de l'habitat paralysés par le sous effectif et la surcharge.. On en est là : tout le monde , très au courant de l'impossibilité au plein coeur de l'hiver de faire ouvrir aux sans abri les bureaux inoccupés ou les appartements vides, suspend son souffle pour savoir si les squatters vont être expulsés ou si on va les décorer de la médaille du courage et du civisme en les confirmant légalement dans leur squat. On voit si souvent qu'à tout niveau et en toute occasion les bandits sont chouchoutés, dans cette République qui est la nôtre!
Published by lucette desvignes