10 août 2020
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DUNE ET DUNE
Je n'ai jamais prétendu que Dune, le film de David Lynch, fût un chef-d'oeuvre, ni même un film défendable : j'appréciais trop le roman de Frank Herbert pour imaginer qu'on pût le porter à l'écran et je n'avais pas cherché à le voir ni suivi les remous de la presse et de la critique à l'égard de ce retentissant échec commercial. Il y a deux ans seulement, toutes passions apaisées y compris chez moi, j'avais découvert la chose et trouvé certaines séquences franchement ridicules, telles la venue du ver monstrueux et son chevauchement final par une poignée d'intrépides. Le revoir enfin l'autre soir permettait un jugement à froid, donc plus équitable en théorie. Sans vouloir comme les fans de Lynch défendre chaque détail du film, j'ai admis comme défendables plusieurs passages que j'avais condamnés.- sans qu'ils soient assurés de ne jamais passer aux oubliettes. L'intérêt de la soirée se concentrait dans l'interminable interview du réalisateur de l'autre version, celle sur quoi Todorovski a travaillé des années en mobilisant tout le monde et son père (y compris Dali pour figurer l'empereur au tarif de cent mille dollars la minute - la minute utile, tout de même, ce qui se réduisait à deux ou trois prestations). "Todo", brillant défenseur de son projet, veut à la fois donner un sens à l'oeuvre (quand l'épice et le ver sont détruits - cela prend du temps - la paix règne sur une planète enfin ouverte à la justice, d'où une atmosphère vaguement mystique) et en même temps construire le film comme une série de dessins de BD pour lesquels il rallie le plus grand dessinateur anglais de l'époque. Beaucoup de voeux enthousiastes,, de visions magiques, d'idées de génie... Toute l'équipe enrôlée dans cette longue aventure n'use que de superlatifs, pour le créateur comme pour la chose : facile à dire lorsque la chose n'a jamais abouti, qu'elle reste sous forme d'épais cartons de dessins de BD, de projets et de principes condamnant toute autre entreprise à partir du même roman.... Que Todorovski nous documente abondamment sur les coulisses de l'exploit, certes : beaucoup de ses commentaires servent de puissantes analyses du texte. Quant à brandir le projet dans sa boîte comme si elle contenait le chef d'oeuvre de tous les temps...Peu de gens raisonnables peuvent suivre dans la foulée.
Published by lucette desvignes
10 août 2020
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UN BEAU PROGRAMME
Un Lubitsch que je ne connaissais pas? Allons-y! (seule grimace : la présence majeure de Jennifer Jones - Selznik a-t-il enfin ouvert les yeux et mis fin à ses ébats de bécassine aux grosses joues, laquelle a dû chercher du travail ailleurs? Mais non : le générique précise qu'elle a été prêtée pour ce film par David Selznick l'empereur ... - allons-y tout de même). Le rythme et l'enjouement- de Lubitsch rendent supportables les évolutions et les rires de la servante amatrice de plomberie qui ne trouvait jamais sa place. C'est acceptable, cela passe même un moment, bien que nous soyons fort loin des subtilités habituelles des trios de Lubitsch et de leur élégance dans les complications sentimentales. Suit un horrible mélo (Charles Boyer oblige - avec Gaby Morlay dont on se demande bien pourquoi le film français a pu la ranger au titre de ses plus beaux fleurons : elle est moche, elle joue mal, elle chante encore pire, elle a une voix insupportable). Heureusement Les Nuits blanches, dans la version italienne du génial Visconti, termine pour moi la soirée ; l'irrésistible fraîcheur de Maria Schell, la formidable maîtrise de Mastroianni peuplent ce noctambulisme incessant sous la pluie ou la neige d'une manière attachante et passionnée : l'évolution de cet amoureux incompris tient tout le film à bout de bras, dans un quartier de Venise où l'eau n'apparaît pas, où les vieilles petites rues en labyrinthe et leur enfilade de petits ponts en dômes posent le climat dès la première rencontre. "La folle ingénue", " Le Bonheur" (pas plus valable à mes yeux que celui d'Agnès Varda), enfin "Les nuits blanches" : beau programme sans même avoir à zapper.
Published by lucette desvignes
7 août 2020
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CHOIX D'UN SUJET
Je me fais parfois l'effet d'une conductrice en cours d'apprentissage, pleine d'enthousiasme mais aussi pleine de complexes, qui serait prête à dévorer l'espace (virages, vitesse, freinage...) si on lui mettait entre les mains une voiture déjà démarrée et ronronnante. Ce n'est pas l'appréhension de l'aventure qui me trouble, moi : c'est plutôt l'interrogation sur la direction que la tire doit prendre. Autrement dit, pour changer de terrain métaphorique, l'interrogation sur l'idée qui fait démarrer la rédaction. Et croyez-moi, les idées ne se trouvent pas sous les pas d'un cheval, comme on disait autrefois quand les grigous ne voulaient pas desserrer les cordons de la bourse : on les récolte comme on peut, parfois l'actualité vous les impose, c'est parfait, mais souvent vous devez chercher dans vos réserves mentales et c'est loin d'être simple ou facile, à mettre à la portée de tous. Moi dès que je me mets "en position de blog" , comme aurait dit Pascal en se modernisant quelque peu, j'ai une vision récurrente depuis une quinzaine de jours : sur fond de virulente manif" de femmes surmontée d'un océan de pancartes, la plus lisible d'entre elles se détache et s'impose : "Pour éviter d'être arrêté comme violeur, un bon truc : devenir chef de la police". Pas besoin de nom, tout le monde comprend, tout le monde (?) approuve. Ah! j'en aurais des choses à dire sur pareil sujet! Vous devinez pourquoi je ne m'y suis pas encore décidée? Par peur d'être sous vos yeux étouffée de dégoût et de fureur en évoquant cette ignominie tous azimuts.
Published by lucette desvignes
4 août 2020
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12:03
DU BRICOLAGE ARTISANAL
Vous avez pu voir hier qu'après une bouderie de trois ou quatre jours l'ustensile dont je dépends pour vous contacter, mes belins-belines, a fini par se plier à mes desiderata. C'est moi toute seule qui ai réussi à débloquer cet entêtement de mauvais aloi, avec un truc concernant ma box que j'avais déjà tenté dès le début du blocage, mais sans résultat. Ne me demandez pas pourquoi hier après-midi le même truc, pratiqué docilement avec la patiente obstination des imbéciles, a soudain rétabli une connexion muette : c'est fait, ouf! Et fait par moi, ce qui est mieux. Du même coup, j'ai appris de mon technicien venu après la bataille le truc pour supprimer les bégaiements des enregistrements de blogs : quand je veux vérifier si le blog est bien parti, je m'adresse par Firefox à "le blog de L.D.", où le texte en théorie s'est logé sans délai. Eh bien une fois sur deux ou trois la fiabilité est nulle : je crois donc que mon blog n'est pas parti vers vous, je m'empresse de le refaire... Stupide raisonnement de l'impatience (ou du désir mal dirigé de tout faire pour le mieux) : c'est ainsi que je multiplie les textes déjà partis et vous savez les déboires que j'ai pu avoir pendant la période de livraison de Laure à l'OEuvre .... J'ai noté sur une petite fiche, en mon jargon à moi, la gymnastique à effectuer pour arriver à la suppression : assez simple et logique, finalement. L'essentiel sera désormais de ne pas égarer la petite fiche.
Published by lucette desvignes
3 août 2020
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QUESTIONNEMENT
Est-ce qu'aujourd'hui la bonne volonté de mon ustensile vous permettra de vérifier que, même sans la possibilité d'un envol vers vous j'ai dûment rempli ma fonction? Oui mes belins-belines, j'ai trois blogs qui piétinent dans l'impatience de vous rejoindre (je sais avec quelle tendresse vous les accueillez, il m'en revient quelques échos, quel baume pour mes blessures!) et auxquels ce grand flandrin au long nez répète avec obstination "Hum, je ne suis pas capable de trouver ce site...". On se demande bien ce qu'il vient faire dans ce circuit. Fait-il partie de l'administration (celle qui pendant un temps se mêlait de contrôler mes titres et s'acharnait sur mes propositions jusqu'à me faire penser à un refus d'enregistrer? - grâce à Godot ce temps d'entrave aux libertés des titres semble révolu). Auquel cas il saurait parfaitement sur quel bouton appuyer pour que mes trois messages pussent (oui, pussent) vous apporter la sève salutaire qui nourrit vos intellects et vos coeurs. Mais, vous le voyez comme moi, c'est une question de bonne volonté du conducteur de la machine. Certes c'est moi qui tiens le volant pour les changements de vitesses et les virages, mais le moteur, l'allumage, l'essence, c'est par définition délégué ou automatique, c'est-à-dire soustrait à mon souci. Il y bien entendu de longues phases où ça marche parfaitement, cet arrangement-là... Quelle mouche le pique depuis trois jours, ce conducteur qui devrait être mon ange gardien, dès lors qu'il refuse de fonctionner sans dire pourquoi?
Published by lucette desvignes
3 août 2020
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MELANCOLIE TOUT PARTOUT
Je ne sais pas si ce billet pourra vous parvenir, mes belins-belines : voilà deux jours que mon ustensile me fait comprendre avec obstination que "Hum, il ne va pas pouvoir trouver ce site" (celui qui me permettrait de m'envoler jusqu'à vous). Je ne baisse pas les bras pour autant : quitte à laisser s'accumuler les blogs dans une réserve d'où ils ne peuvent sortir (et, lorsqu'ils retrouveront leur liberté, pourront-ils sortir dans le bon ordre?), je m'exprimerai comme j'en ai fait mon devoir, c'est-à-dire jour après jour sur les sujets qui me paraîtront susceptibles de vous intéresser. Il y a tant à dire, n'est-ce pas? Tenez, par exemple : aujourd'hui la mortelle canicule des trois derniers jours semble oubliée par la météo, c'est tout juste si on ne nous annonce pas une petite pluie sur un ton chagrin comme si l'automne était déjà à nos portes. Mais laissez pleuvoir, Madame Météo! laissez pleuvoir! Les orages secs dont vous nous menacez ne nous donnent pas une goutte d'eau, mes phlox sont morts (eux qui devraient dans tous les coins de mon jardin brandir gentiment leurs touffes odorantes et de couleurs si variées jusqu'à la Toussaint), les chardons ont colonisé les allées, même les lilas des Indes font triste figure, alors qu'à Fort Alamo ils étaient d'une telle exubérance (de petites images de ce genre me reviennent, douces d'abord puis amères, mais il faut être raisonnable). Bref, vous voyez l'importance, voire l'urgence, de gloser sur l'air du temps. Eh bien comptez sur moi, je continuerai à gloser. Attendez seulement avec patience que la mécanisation (?) capricieuse des moyens de contacts me permette de nouveau de vous contacter.
Published by lucette desvignes
3 août 2020
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MISES AU POINT
C'est sans doute le hasard de la programmation qui amène Ciné-Classic et parfois Ciné-Club à proposer une série d'oeuvres signées du même cinéaste (ou jouées par le même comédien) : toujours est-il que le fonctionnement des découvertes et des comparaisons rend le spectateur régulièrement gagnant. Dans un sens ou dans l'autre, certes : la prospection méthodique des films de Franju, dont j'ai parlé récemment, est moins euphorisante qu'on pourrait la rêver, mais du moins on peut ranger le réalisateur à la place qui lui est due. De même pour Mocky, où il faut trier l'ivraie et le bon grain. Je viens ainsi de découvrir, autour de René Clément, du matériau qu'on a bien eu raison de reléguer en milieu d'après-midi, au moment où la sieste en arrive à son plus profond. J'ai été éberluée d'apprendre l'existence du Château de Verre, où Jean Marais et Michèle Morgan formaient le couple fatal (qui donc savait qu'ils avaient tourné ensemble?). Horriblement mauvais l'un et l'autre, coincés, raides, faussement naturels, pas le moindre courant passant entre eux. Lui surtout, préfabriqué, bellâtre, gêné par le dialogue. Le roman de Vicky Baum, pourtant, sans s'imposer comme chef d'oeuvre, offrait une intrigue défendable à laquelle le film n'a donné qu'une coloration frisant le ridicule (je pense à ces deux coupures sous le pied que les deux amants se font en marchant sur les débris du château de verre - beurk!). Il faut plusieurs Passager(s) de la Pluie pour renvoyer l'autre film à l'oubli total d'où il n'aurait jamais dû sortir.
Published by lucette desvignes
3 août 2020
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ARTE ET LES FILMS ALLEMANDS
Il est rare que je sois entièrement ravie par un film allemand tel que nous les sélectionne Arte. Il y manque toujours, me semble-t-il, une chaleur qu'on trouve en abondance (en surabondance, même) dans le cinéma italien. Les rapports entre parents et enfants, surtout lorsque domine l'effrayante autorité du père, faussent pour nous les habitudes du quotidien même dans le siècle passé où la rigueur était la règle. La religion aussi, sans doute, glace les relations familiales avec l'obsession du péché et le refus opiniâtre de comprendre (voire tout simplement d'admettre) les motivations et les sensibilités de chacun des êtres constituant la génération qui monte. Cette dureté entraîne parfois une magnifique réussite, comme dans Le Ruban blanc qu'Arte nous a déjà offert deux fois. Selon mon goût personnel, la réussite est rare. Ainsi ce Toni Erdmann, annoncé comme une critique du monde des affaires et qui se résout en un affrontement le plus souvent complice entre la fille et le père, elle coincée dans la rigidité de son appétit de carrière, lui farfelu sage s'arrangeant toujours pour faire prendre conscience aux gens de ce monde artificiel et déshumanisé que leurs décisions et agissements sont antinaturels et devraient être repensés. Et certes les rapports de l'équipe devraient être repensés : est-ce pour autant assurer le retour à la nature que d'organiser une "soirée de nudité", à laquelle seuls quelques-uns acceptent de participer et qui ne fera que consacrer le fiasco? Le contraste final entre le père, déguisé en gorille plus velu que nature, et la fille s'extirpant superbement de sa robe trop serrée et de son corset (longue scène admirablement réussie), pourrait servir de morale en évoquant une sortie hors de chrysalide. C'est un final de bon aloi, mais compense-t-il le corps du film, auquel il manque manifestement quelque chose?
Published by lucette desvignes
29 juillet 2020
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DU CINEMA A QUATRE MAINS
J'ai aimé, il y a bien longtemps, les frères Taviani dans leur Arbre aux sabots. Pour les frères Coen, Joel et Ethan de douce fratrie, mon enthousiasme va presque à l'idolâtrie, tant à force de les pratiquer sous tous les angles j'apprécie leur humour ténébreux, leur crudité, leur grain de folie, leur distorsion de la réalité, leur extravagance. Pourquoi alors ne pas aller voir ce que la collaboration des frères Dardenne est capable de donner, puisque La Fille inconnue figure au programme? Triste pioche! Comment s'intéresser aux personnages, fût-ce la figure d'un jeune médecin qui devrait être attachante, souriante, perméable aux émotions; proche, compatissante? D'autant qu'elle s'accuse de la mort de l'inconnue, à qui tard le soir elle avait refusé d'ouvrir son cabinet - ne devrait-elle pas être ouverte à la compréhension, au fur et à mesure qu'elle progresse dans son enquête sur la jeune morte? Tout cela s'effectue dans la rigidité, dans la grisaille. Pas d'élan, pas de sympathie diffuse. Je n'ai pas tenu jusqu'au bout, ce qui m'enlève sans doute le droit d'être juge impartial, mais peut refléter l'ennui guettant le citoyen Lambda en quête de spectacle vespéral. La littérature cinématographique à quatre mains n'est sans doute pas à la portée de tout le monde.
Published by lucette desvignes
29 juillet 2020
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12:53
PLETHORE DE BOUQUINS
Les livres, chez moi, déferlent comme une marée. Et une marée montante qui ne connaît jamais de phases de calme et de décroissance. J'ai toutes les peines du monde à empêcher mon bureau de devenir le troisième capharnaüm de la maison : deux anciennes chambres inoccupées par l'évolution du contingent familial se sont goulûment empressées de changer de fonction. Vous avez, au départ justement, tenté avec rigueur de classer la denrée par catégories : les livres d'art, les polars, les primés à ne pas garder, les bouquins à faire circuler entre amis (et tant pis s'ils ne rentrent pas au bercail), les livres à livrer à la boîte aux livres la plus proche. C'est tout juste si on devine encore la masse d'un lit sous le monceau des pages imprimées qui, au départ plutôt attendrissantes (tout abandon d'un livre a quelque chose de déchirant) sont peu à peu (et si vite même, bou diou!) transmuées en une menace d'invasion contre laquelle vous n'avez rien pu. Les entassements auxquels vous avez cru pouvoir donner une allure digne s'effondrent sous leur poids, les couvertures des livres de poche se gondolent et jaunissent, le besoin s'impose bientôt d'une boussole pour circuler entre les travées, voire (les jours de grande exaspération) l'envie frénétique d'un peu de cheddite pour réussir à faire place nette. Je me demande avec angoisse, maintenant que les boîtes à livres sont supprimées à cause de la pandémie, comment ça se passera quand on ne pourra plus fermer la porte.
Published by lucette desvignes