Le blog de lucette desvignes

AMENDE POUR RETARD

                    J'espère que, si vous avez un chat, vous avez songé à le peigner régulièrement (pour bien faire, quotidiennement) pendant qu'il n'a encore que deux ou trois ans : son poil, même s'il n'est pas par nature doux et soyeux, est assez fringant pour qu'on puisse le caresser sans arrière-pensée. J'ai loupé le coche (comment? pourquoi? qui le saura?) avec mon Papi, qui depuis deux ans promène sur ses flancs des poils longs qui devraient être magnifiques et qui lui donnent un look misérable. Mes tentatives appliquées pour mettre un terme à cet état déplorable sont improductives : le dos et une partie des côtés réagissent convenablement au peigne (spécial, plutôt semblable à une herse qu'à un distributeur de câlins), mais stoppent l'engin dès qu'on frôle les flancs où s'accumulent les boulochons, si coagulés et durcis par de vains coups de langue qu'ils forment une haie de béton animal au lamentable aspect.. J'ai entrepris aujourd'hui - exécution réfléchie d'une cogitation de longue durée - d'utiliser de longs ciseaux à papier aux bouts arrondis pour que, tandis que je maintiens la victime couchée sur la table, ma Fatima puisse supprimer ces morceaux de poils devenus ciment. Nous venons de "faire" un côté : lundi on continuera, je peaufinerai par la suite jour après jour ..."Un point de couture à temps en épargne dix", disent les Anglais - mais ils ne sont pas plus malins que nous,  dites-moi : je suis sûre que vous connaissez au moins un dicton aussi futé...

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UNE PENSEE POUR DÜRRENMATT

                    Est-ce que vous saviez qu'une souris ça se change? Je n'avais jamais envisagé que ma vieille petite rate pourrait ni surtout ne devrait me quitter un jour. J'avais déjà changé mon clavier, dont certaines touches  avaient pâli sous mes assauts déchaînés (ou tout simplement parce que c'étaient les lettres que j'utilisais le plus selon les disposition,s de la langue française). Mais ma souris! Je lui faisais tellement confiance et d'autre part je me sentais tellement nullarde avec ce prestigieux outil qu'est un PC entre mes mains que je n'ai pas une seconde soupçonné ma souris d'impuissance ou de vieillissement. L'utilisation temporaire de mon outillage par un visiteur m'a révélé que les faiblesses dans la saisie d'un texte venaient de l'appareil. J'ai donc appelé le spécialiste qui soigne avec zèle et compétence ce petit miracle de l'informatique que je malmène si souvent en l'accablant d'injures ! L'opération s'est faite sans anesthésie en quatre ou cinq minutes. Voilà. Mon outil a une souris neuve. Avec ces pièces qui peuvent si facilement se remplacer,  j'espère ne pas trop vite devenir comme la Vieille Dame de D¨urrenmatt qui en fin  de vie se retrouve "toute en prothèses". 

RECETTE  D'ANTAN

                    Comme pour tester la vigueur de la nouvelle organisation de mon métabolisme (celui de la vieille peau réenfilée dans l'allégresse), je constate que la double page de mon agenda pour la semaine à venir n'est surchargée d'aucun rendez-vous de médecine ou denrée assimilée. Deux séances de kiné certes, mais c'est plutôt le beau temps que la pluie, et deux choses conjointes réjouissantes : la coiffeuse le matin et l'après-midi visite d'un  couple ami  pour faire honneur à mon baba au rhum. L'organisation de mon temps ressemble davantage ainsi à l'emploi du temps d'une retraitée qui a conservé ses principes pour recevoir les amis qu'elle compte encore en ce monde. Une vieille , vieille retraitée, car figurez-vous qu'elle recherche à cor et à cri la recette de l'antique dent-de-loup  dont elle voudrait restaurer la saveur d'antan restée logée dans un petit coin de sa mâchoire tout en émerveillant ses amis et connaissances si elle pouvait leur brandir cet élément largement oublié, mais dont la résurgence ferait figure de petit miracle et couvrirait la pâtissière de gloire et de considération. Oui, il me semble que la semaine à venir doive normalement faire la chasse aux dents-de-louip dans les vieux  grimoires culinaires...

RETROUVER SA VIEILLE PEAU

                    Mon  ancienne peau, enfilée de nouveau il y a trois ou quatre semaines, pas davantage , me va comme un  gant. J'ai retrouvé toute une flopée de repères dont je pensais avoir oublié la trace. J'ai retrouvé des gestes, des réflexes, des rythmes que depuis des mois j'avais remplacés (ou dû remplacer, plutôt) par des ersatz de mouvements dont tout en les faisant je déplorais morosement le caractère fabriqué, aux antipodes du naturel. Je n'avais cependant jamais perdu le goût des bonnes choses à manger, salées de préférence, et j'ai toujours fait ma cuisine. Problème quand mes enfants s'annoncent: ils m'ont si souvent trouvée en piètre état qu'ils avaient pris l'habitude d'apporter  de délicats programmes de repas et je n'avais, alanguie dans mon, fauteuil,  à me soucier de rien du tout. C'était si gentil de leur part (ils y sacrifiaient leur repos,  nécessaire entre deux voyages) mais rien ne pouvait me faire me sentir plus inutile,  comme un  chiffon tout juste bon à être poussé dans un  coin, hors de la vue. Eh bien figurez-vous que toutes ces phases de déliquescence avec SAMU, pompiers etc. ont l'air repoussées derrière moi,  derrière un paravent opaque. Ma peau, je vous dis. Ma vieille peau d'avant les catastrophes, c'est elle qui me va comme un  gant. Du coup,  j'ai retrouvé, non  seulement les fines recettes dont j'était si fière,  mais tout l'allant et toute la force nécessaires pour les exécuter : le vol-au-vent de ma tradition familiale,  ou encore une de ces somptueuses blanquettes à faire rêver... Tout a l'ai d'être revenu. Pourvu que les globules rouges ne se mettent pas en grève!

PRIDE AND PREJUDICE

          On pouvait comprendre, à la lecture du roman de Jane Austen, qu'il pourrait en être tiré une abondance de scénarios pour le film ou la télévision. C'est peut-être d'ailleurs une spécificité de la littérature anglaise, si l'on pense à Thackeray ou Dickens et à leur progéniture. En tout cas les Anglo-saxons (ajoutons-y bien sûr Hollywood pour faire bon poids) ont été nombreux à s'emparer de pareille matière. J'avoue avoir un gros faible pour la longue série qui a la première fait connaître Mr Darcy au monde entier. La série a pu être captée en plusieurs occasions, je l'ai revue chaque fois que c'était possible (j'ai fait mienne cette remarque d'une critique de Télérama : on l'a déjà vue et revue, et on en redemande!) en anglais, doublée ou en VO. La BBC en avait fait un film avec Judy Deuch pour incarner la terrible duchesse qui met des bâtons dans les roues de cette idylle déjà si délicate à mettre sur pieds, mais malgré le charme de l'héroïne on ne pouvait que regretter Elizabeth Ehle, en même temps qu'on déplorait que la série au déroulement irrésistible soit comprimée en deux heures. Il fallait toute la série pour donner leur valeur aux développements familiaux, sans négliger le rôle de l'argent dans la dotation de la fille dévergondée. Du coup, tout scénario raccourci paraissait indigent, et c'est bien la même frustration qu'offrait hier soir la version américaine de 2005 : je l'ai découverte avec intérêt,  mais si la série est de nouveau programmée je retiens d'avance mon fauteuil  devant les étranges lucarnes pour une nouvelle année de romance à l'anglaise.