3 novembre 2022
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15:01
AU SECOURS, MA COUSINE! REFILE-MOI TON ADRESSE!
Je viens d'écrire une lettre de deux pages à ma cousine de Paris pour tenter de me faire pardonner un impardonnable silence qu'elle avait en vain tenté de briser à plusieurs reprises. C'est que, quand mon indolence se conjugue avec mon horreur de la correspondance, cela fabrique une masse rocheuse dont un bulldozer ne viendrait pas à bout. Ma pauvre cousine s'est trouvée dans le tas des correspondants à qui j'ai de jour en jour repoussé de répondre. Même le téléphone restait inopérant, je n 'avais pas encore renouvelé mes prothèses et le téléphone demeurait une facilité de communication hors de ma portée. D'ailleurs la vraie responsable de tout ce gâchis est mon inguérissable oblomovtchina, cette tendance naturelle à repousser à plus tard ce qu'on pourrait sans le moindre problème faire aujourd'hui (c'est ainsi qu'après des lustres de manana, c'est assez bon pour moi! je me trouve en face d'un désordre dans mes papiers et mes livres qu'il m'est désormais impossible de museler). ET maintenant la lettre est dans l'enveloppe... mais l'enveloppe n'a pas d'adresse, car dans ce désordre total je ne trouve pas comment acheminer cette lettre ailleurs qu'à sa résidence de campagne déjà abandonnée... COUSINE! COUSINE ! Je sais que tu lis des fois mon blog. Ne peux-tu lire celui-ci et, pour mettre fin à cette situation, me faire connaître ton numéro et ta rue (car naturellement je ne retrouve pas ta dernière missive)? AU S E C O U R S ! AU SECOURS ! Cousine! Tire-moi d'intrigue, comme on disait dans Molière...
Published by lucette desvignes
27 octobre 2022
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CENT ANS
J'ai rencontré dans une grande surface, il y a un an, une dame devant laquelle par courtoisie je faisais reculer mon caddie et qui, d'une douce voix fraîche, me demanda si je reculais pour lui assurer le privilège de l'âge. Je m'étonnai : elle était rose, sans rides, de beaux cheveux blancs arrangés en chignon... J'étais toute prête à lui dire qu'en général c'était devant mon grand âge qu'on laissait le passage, mais la dame continuait :"Je vais avoir cent ans samedi prochain, et ça m'ennuie". Je la complimentai avec élan, elle était si jolie, comment pouvait-on l'imaginer centenaire? En poussant son caddie loin du mien, elle me dit: "Personne ne devine ce que c'est que cent ans à traîner!" Je la regardai s'éloigner d'un pas alerte, presque sautillant. Une centenaire d'exception...Oui, une exception et non pas un modèle. En tout cas, pas pour moi : je n'ai nulle envie de m'inscrire dans le groupe des "objectif 100", à brandir comme une médaille - ou tout simplement une étiquette de prix!
Published by lucette desvignes
25 octobre 2022
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SCANNER
Allons bon! Me voilà "probablement" '(dit le scanner) atteinte de la maladie de Forestier, qui existait déjà dans l'Antiquité mais porte son nom et est étudiée depuis 1950. Qu'est-ce que c'est? me direz-vous - Eh! bien beaucoup de médecins ne la connaissent pas, ne connaissent même pas son nom, on ignore ses causes , on ne sait pas comment elle évolue et il n'y a aucun traitement pour la soigner. Si j'ai bien compris ce que j'ai pu glaner sur Internet, c'est une hyperostose, autrement dit une ossification qui se fait et ne devrait pas se faire. D'où des calcifications gênantes et des "épines" osseuses aux articulations. Enfin quelque chose comme ça, "la deuxième forme la plus fréquente d'arthrite après l'arthrose". Je n'ai donc gagné aucun traitement pour mes maux des lombes. Je savais bien qu'ils avaient à voir avec les os et leurs caprices, je n'avais pas besoin qu'on me le dise. GrosJean comme devant, en somme! Moi qui croyais que ce scanner allait m'apporter des révélations salvatrices...
Published by lucette desvignes
20 octobre 2022
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11:41
REACTION
Une délicate Amie, dont chaque petite mention est pour moi un bonheur, me laisse entendre que mes considérations sur la mort ou la précarité de la santé finissent par lasser. Je le devine bien, mais souvent on me félicite de donner de mes nouvelles par le menu, ce qui permet de voir si je suis d'attaque ou si, avec deux ou trois jours de silence, on peut supposer le pire du pire et mes réapparitions après quelque somnolence sont accueillies avec plaisir. Je dois dire que j'aimerais bien reprendre des programmes comme je les suggérais il y a quatre ou cinq ans où la littérature et ses annexes avaient complètement évacué la médecine ou l'hygiène. C'est depuis le Covid que les mentalités ont changé; la santé est devenue un thème essentiel (et j'avoue que mes 96 printemps me disposent la plupart du temps à en tenir compte et même à en faire un thème personnel - de quoi en battre sa coulpe avec conviction...). Mais les publics sont désormais émiettés, pour le théâtre, le cinéma, la littérature (si éparpillée, si décevante souvent avec ses fausses valeurs brandies en oriflammes). Allons, je vais pouvoir sans doute au passage trouver un terrain commun, j'espère : le Nobel à Annie Ernaux est une honte.
Published by lucette desvignes
18 octobre 2022
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16:46
COTES MAL TAILLEES
C'est bien joli de penser qu'on va pouvoir tracer des limites, déterminer des seuils au-delà desquels on décidera qu'il ne faut plus aller. C'est oublier que les décisions froides et objectives ne dépendront plus de l'individu. Je crois avoir perçu qu'au sortir d'un fond de cale (voire simplement d'une phase de baisse de tension) il y a en moi un instinct qui se cramponne à ce qui existe encore dans le domaine physique (même s'il est facile de sentir qu'on a descendu encore d'un presque imperceptible degré dans la vitalité ou l'énergie). Tant qu'il n'est pas devenu légume, le corps conserve ses exigences, ses rites, ses rythmes et l'individu est obligé de le suivre. Dormir, se réveiller, avoir faim, manger deinde defccari...Impossible d'échapper à ce programme établi dès les premières heures. Il appartiendra peut-être à l'esprit de juger si l'élocution, le raisonnement, la remembrance, l'intérêt pour le reste du monde, l'empathie avec les proches, tout cela se maintient à peu près. Ce serait trop simple de pouvoir dire Halte-là! quand le niveau s'effondre (car je suppose que tous ces agréments du mental vont s'effondrer ensemble, et que le cerveau deviendra à lui seul les trois singes qui ne disent plus rien, ne voient plus rien, n'entendent plus rien). Que le trio simiesque ait pu valoir universellement comme symbole de la sagesse et donc du bonheur, passe. Pour autant, quand les trois ou quatre fonctions jumelles se déglingueront, il ne restera pas la moindre poussière ayant encore force de loi pour dire "C'est temps, tirons l'échelle". C'est bien ça le désolant.
Published by lucette desvignes
15 octobre 2022
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13:52
EXPLICATION
Le BULLETIN de samedi dernier , malgré sa date, est à replacer avant les considérations sur les jambes. Il y a eu en effet en milieu de la semaine un problème au niveau du papier qui a bloqué mes écrits jusqu'à ce qu'une main plus compétente que la mienne vînt remettre de l'ordre, ce qui n'a pu se faire qu'hier. On en reste toutefois toujours dans les bulletins médicaux : la semaine dernière était consacrée à la sciatique et à mon combat contre elle, et j'avais signalé que la cortisone utilisée avec prudence était un bienfait de l'humanité. Mais ses effets dépassaient le domaine du nerf coincé entre deux vertèbres. J'ai constaté que mes douleurs des jambes avaient elles aussi disparu (si bien que pour aller faire examiner mes jambes dans trois ou quatre jours j'avais dû composer une petite liste des brûlures et charcutages habituels pour ne pas en oublier). Je vais avoir l'air aussi crédible que l'automobiliste incapable de prouver à son garagiste qu'il y a dans son moteur un bruit inquiétant qu'il perçoit sans cesse, lui...
Published by lucette desvignes
15 octobre 2022
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BULLETIN
Me revoilà donc à la cortisone! Dire que les deux médecins qui veillent sur moi comme sur du lait sur le feu m'écartent farouchement du produit sous le motif que son actIon vigoureuse va risquer de démolir le bel équilibre des traitements variés mais en sympathie qu'ils ont élaboré au cours des ans. Le médecin SOS de Samedi n 'y était pas allée par quatre chemins : vous avez un reste de Sudopred dans votre boîte à remèdes, allons-y gaiement (brave dame, sauf qu'elle avait négligé de me faire une ordonnance pour re- nouvellement, ce que le porte-parole si aimable du 15 a blâmé ouvertement : on ne démarre pas un traitement fût-ce pour un patient qu'on ne reverra jamais sans s'assurer qu'il va pouvoir continuer au moins ,jusqu'au bout). Le médecin SOS venu hier (et par chance il est déjà venu deux ou trois fois, on peut discuter) m'a fait cette ordonnance, en insistant sur la décompression du traitement : 2 jours à 3 comprimés, puis deux jours à deux, enfin deux jours à un seul. Bien enregistré. La cortisone est naturellement super efficace, il faut s'accommoder de ses inconvénients c'est là le problème. Mais une semaine sans douleur s'ouvre devant moi, pour un peu j'arroserais ça au champagne.
Published by lucette desvignes
15 octobre 2022
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AU TOUR DES JAMBES
Les jambes y sont passées aussi, elles qui se sentaient négligées dans leur douleur . Elles avaient besoin d'un regard neuf, elles l'ont eu (avec des électrodes jusqu'en haut de la cuisse). Rien d'inquiétant, donc rien à soigner : le recours aux chaussettes de contention a été aussi énoncé comme le vulnéraire le plus efficace (à mon avis ça ne soulage guère mais je ne l'ai pas dit à haute voix, il ne faut jamais contrarier les gens dans leur conviction intime). On en reste donc aux suggestions : ce serait explicable si j'avais des varices internes qui dans leurs malaises commanderaient aux petites veines des jambes à leur faire écho..
Mais ouiche! ça n'est pas le cas, le retour sanguin se faisant mal dans les jambes et voilà tout. La marche, tous les jours, ça serait le mieux... Figurez-vous que je m'en doutais! A défaut, on va supporter le déglingage des guibolles jusqu'au bout : c'est tellement réconfortant d'apprendre que ce n'est pas inquiétant...
Published by lucette desvignes
8 octobre 2022
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CURIEUSE LITTERATURE
Je me suis enlisée dans un bouquin de 850 pages en petits carac- tères et je ne peux arriver à m'en déprendre sans même le trouver passionnant. Ce troisième Tome de Millenium qui a eu un si phénoménal succès il y a quelques années (et dont je n 'avais pas pu terminer le tome 1) a eu sur moi il y a quelques jours de lecture assidue une sorte de fascination pour me changer des romans français plus ou moins best sellers dont le vocabulaire est truffé de termes anatomiques salaces avec l'emploi précis qu'on en fait - et ça, je dois dire que cela me pèse et m'humilie au nom de la littérature de mon pays. J'ai donc sauté sur ce polar de dimensions démentes et je me suis prise à la glu comme les ortolans interdits de capture dont se gavait le président Mitterand en arrivant dans ses bien aimées landes. Chaque chapitre - une ou deux pages - rapporte, après avoir décrit les individus et leur carrière passée et présente, les conversations in extenso qu'il s'arrange pour égrener autour de lui, soit qu'il explique, sot qu'il essaie de tirer les vers du nez des innombrables fonctionnaires suédois impliqués depuis des années dans d'ignobles compromissions et fautes professionnelles. Rien n'avance, tout s'enchaîne, suppositions rumeurs filatures poses de micros cachés assassinats démissions. Je n'appelle pas l'auteur un romancier, même pas un auteur : tout juste un appareil enregistreur d'entretiens secrets à voix basse.... Et dire que je suis plongée là-dedans comme dans de la littérature!
Published by lucette desvignes
5 octobre 2022
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BULLETIN
Me revoilà donc à la cortisone! Dire que les deux médecins qui veillent sur moi comme sur du lait sur le feu m'écartent farouchement du produit sous le motif que son action vigoureuse va risquer de démolir le bel équilibre des traitements variés mais en sympathie qu'ils ont élaboré au cours des ans. Le médecin SOS de Samedi n 'y était pas allée par quatre chemins : vous avez un reste de Sudopred dans votre boîte à remèdes, allons-y gaiement (brave dame, sauf qu'elle avait négligé de me faire une ordonnance pour renouvellement, ce que le porte-parole si aimable du 15 a blâmé ouvertement : on ne démarre pas un traitement fût-ce pour un patient qu'on ne reverra jamais sans s'assurer qu'il va pouvoir continuer au moins jusqu'au bout). Le médecin SOS venu hier (et par chance il est déjà venu deux ou trois fois, on peut discuter) m'a fait cette ordonnance, en insistant sur la décompression du traitement : 2 jours à 3 comprimés, puis deux jours à deux, enfin deux jours à un seul. Bien enregistré. La cortisone est naturellement super efficac comme "pain k,iller", il faut s'accommoder de ses inconvénients c'est là le problème. Mais une semaine sans douleur s'ouvre devant moi, pour un peu j'arroserais ça au champagne.
Published by lucette desvignes