Imaginez que vous êtes en famille dans votre petite baraque, pas trop belle ni grande mais enfin elle est à vous et vous élevez vos enfants sur la terre de vos ancêtres en cultivant votre petit champ à côté avec votre olivier et votre dattier. Vous entendez du bruit tout près, mais vous n’interrompez pas votre conversation avec votre femme, vous avez travaillé toute la journée, c’est le moment où vous pouvez causer un peu tous les deux. Et puis soudain vous vous trouvez environnés de flammes, vous, la femme, les deux enfants et le bébé de dix-huit mois, on vient de jeter par la fenêtre une bombe incendiaire, pas moyen de s’échapper, maintenant tout flambe, la famille est piégée, en peu de temps les enfants, le bébé sont brûlés vifs, quand les flammes s’éteignent (d’elles-mêmes sans doute, car qui voulez-vous qui se soit porté pour combattre pareil incendie si bien planifié et exécuté, avec les incendiaires restés aux premières loges pour voir le spectacle et empêcher l’intervention des secours ?) l’homme et la femme, brûlés au point de voir engagé leur pronostic vital, comme on dit dans les hôpitaux où on a du sang-froid, peuvent avant d’entrer en agonie lire la pancarte qu’on a plantée devant chez eux : « Le Prix à Payer ! » . Oui, le feu à leur maison c’est le prix à payer pour être restés sur la terre de leurs ancêtres malgré l’expansion monstrueuse et incessante des colons qui ont besoin des terres palestiniennes, et de plus en plus puisque notre grand ami Benyamin (du moins, le grand ami de notre petit timonier) vient d’ordonner la construction de 300 nouveaux logements – où voulez-vous que les pauvres puissent s’établir sinon sur les villages palestiniens, quitte à les démolir par la violence ? Notre ami Ben a versé une larme de crocodile en dénonçant mollement ce «terrorisme », dit-il. C’est vrai, en terrorisme il s’y connaît : c’est l’atmosphère dans laquelle il s’épanouit, après y avoir installé toute son ascension vers la domination par le mal, et il n’est pas de jour qui ne nous donne une illustration de son ivresse à piétiner, torturer, mutiler, détruire… Oui, il sait reconnaître le terrorisme quand il le voit.