Le temps a beau avoir l’air triste et déprimé, le ciel a beau avoir l’air tout gonflé de pluie prête à tomber en neige même en plaine, nous avons beau avoir été informés par ces dames de la météorologie que l’hiver approche tardivement mais sûrement, qu’il est là enfin, que les températures vont rentrer dans les « normes saisonnières », je suppose que les présentateurs de nouvelles, qui se sont adoubés nos moniteurs de conscience et de sentiments collectifs, ne constateront sa présence qu’à partir du moment où on commencera à compter les morts de froid. Ils aiment bien ça, les présentateurs de nouvelles ; ils prennent un ton apitoyé pour énoncer les chiffres, mais on les sent heureux d’avoir quelque chose à dire qui puisse frapper l’auditoire, comme au moment des grandes catastrophes, tsunamis, glissements de terrain et coulées de boue, avalanches, tornades, explosions, attentats en nombre. Plus c’est atterrant, plus ils sont contents. On dirait que cela les justifie dans leur fonction d’avoir à se faire les haut-parleurs au moment des grandes souffrances ou des carnages. Alors attendons-nous à les voir s’esbaudir au milieu des journaux qui servent de couvertures dans les recoins des ruelles ou sous les porches : ils se régalent autant que pour nous donner rendez-vous sur une montagne où doit atterrir une soucoupe volante ou pour nous annoncer l’heure de la fin du monde (ne me dites pas qu’ils ne l’ont pas fait) ou du moins, les week-ends de grandes transhumances, quand les bouchons atteignent des nombres à presque quatre chiffres et que, pour nous impressionner davantage, ils additionnent les petits nombres qui nous laisseraient indifférents…^