Que le courant de fronde se retrouve derrière Benoît Hamon, c’est sûr. C’est même probable qu’à la vue d’une distribution différente des cartes bien des hésitants sans avis se soient ralliés à ce reniement des politiques du quinquennat, d’une part parce qu’il leur tournait le dos avec emphase, d’autre part parce qu’on pouvait toujours espérer en quelque chose de neuf. L’imprévu, malgré toutes les possibilités inédites de clivage que les propositions Hamon pouvaient faire naître, c’est sans doute cette rupture voyante des vieux du PS, costume trois pièces, cravate sobre, chevelures flamboyantes BCBG, quoi, tout à fait gauche caviar. Hier soir il y en avait deux ou trois annoncés avec une solennité guindée, et il doit y en avoir davantage – au moment de la victoire de Benoît Hamon annoncée au dépouillement un de ces petits vieux genre « les anciens du PS » annonçait avec fureur qu’il allait quitter un parti livré à l’utopie et la déraison. Une fort évidente fraction du parti, qui se rattache au socialisme parce que c’est la tradition ronronnante, se trouvera certainement mieux à sa place parmi les partisans de Borloo ou de Macron, eux aussi bien guindés dans leur costume trois-pièces. Oui, les cartes vont être redistribuées selon des schémas différents, mais comme il s’agit aussi de vases communicants, il faut attendre la fin du processus pour avoir une idée de l’évolution de la situation. Attendons.