Dégâts des eaux ? Parfait ! Dans la vie moderne on a tout prévu, parades, assurances, mutuelle… On ne risque rien, tous les risques et frais seront couverts. Quand la calamité frappe à votre porte, vous vous adressez en urgence à la compagnie qui doit répondre sur–le-champ : au téléphone vous la contactez, certes, mais elle sera indisponible avant trois heures minimum. Vous rengainez vos belles certitudes et vous vous contentez de votre plombier habituel : il est là en une demi-heure, donc tout baigne (c’est le cas de le dire). Ensuite vous contactez les réparateurs de sols : on vous donne le choix entre la pose d’un parquet plastifié (sur votre beau parquet en chêne ? ça ne fait rien, le parquet à coller est lui aussi chêne clair, c’est une chance) et la pose d’une moquette, pour laquelle la chambre doit être totalement vidée de ses meubles. Accablée de votre impuissance à déménager, vous vous décidez à contrecœur pour le parquet plastifié, .qui entraîne moins d’exigence de fort des halles.. Le poseur de parquet arrive, tout seul, et s’étonne qu’on ne vous ait pas signifié que pour une chose comme pour une autre il fallait une pièce absolument nue. Il est brave, cet homme. Il comprend que, les choses étant ce qu’elles sont, vous préféreriez la moquette. Il découpe un bout de celle à remplacer, il vous en mettra une pareille, même nuance même qualité. Et il téléphonera pour annoncer son passage, et ils seront deux : vous n’avez qu’à enlever les bibelots, ils dégageront le reste si cela dépasse vos faibles forces. Il téléphone, mais pour vous dire qu’il ne possède pas dans ses stocks la nuance de moquette désirée (pas étonnant, quand vous pensez au mal que vous aviez eu pour la trouver en son temps) , mais il a un joli beige, ou un joli gris ; lui pour sa part il prendrait ce joli gris, ça va avec tout. Dégâts des eaux réparés : vous aurez du gris ou du beige, vous verrez bien. L’essentiel est qu’au téléphone ça aille vite…