Mes belins-belines, mes pauvres amis, mes pauvres enfants! qu'est-ce qui nous arrive! L'avons-nous mérité? Le destin frappe souvent en aveugle, c'est le cas aujourd'hui. Comment allons-nous survivre? Ne sentez-vous pas déjà qu'on a peine à trouver son souffle, que les larmes sont en train de nous étouffer, que nos corps s'effondrent, que l'envie de vivre nous a quittés? Parce qu'il nous a quittés cette nuit, "avec courage et dignité" nous dit-on, mais il nous a quittés : c'est un fait terrible et déchirant. Et il nous laisse face à notre vie, qui du coup avec son départ a perdu tout son sens. La France aura bien du mal à se consoler. Oui, la France est en deuil, l'art est en deuil, la chanson est en deuil, le sport est en deuil puisqu'il chantait dans les stades, la scène est en deuil, le cinéma est en deuil. Il y a des pertes dont on comprend dès leur annonce qu'elles sont irréparables.: celle-ci en est une. Qu'allons-nous bien pouvoir faire en face de cet appauvrissement absolu Continuer sans lui, mes agneaux, sera-ce- possible? En vous exhortant à surmonter votre désespoir, je vous cite tout de même une réplique d'un éditorialiste proche de De Gaulle, il y a longtemps, à une journaliste qui lui demandait : "Que pensez-vous de la mort de Martine Carol?" - "Mais rien, rien du tout", avait-il conclu sérieusement, après avoir visiblement cherché ce qu'il aurait pu répondre d'autre...
