De quelque côté qu'on se tourne, quel que soit le sujet abordé, on en revient toujours à buter contre une force qui s'impose, inamovible, et qui obscurcit l'horizon même lorsqu'elle ne se concrétise pas par une proclamation ou un discours télévisé (si possible dans le cadre somptueux de Versailles, afin que personne n'oublie que la République de chez nous n'est qu'une royauté déguisée : d'où l'amour du costume et du cadre rétablis chaque fois que faire se peut). Pour autant, puisque voilà bien ancrée la tradition du discours du trône comme au-delà de la Manche, on ne peut pas dire qu'on soit bien mis au courant : même pour l'Assemblée ça n'est pas clair (ce qui ne 'l'empêchera pas de voter godillot force 4 sans trop savoir ce dont il est question). Mais tout de même, incité par l'onéreux cadre de Versailles, un changement dans la pratique constitutionnelle se profile. Normalement, l'Assemblée exprime ses remarques à toute proposition de la gouvernance sans que la gouvernance soit autorisée à venir dans l'arène en débattre avec l'Assemblée. Or la dernière proposition du plus haut des cieux est de supprimer cette interdiction de mélange des genres, établie afin de préserver l'indépendance de l'exécutif et du législatif. Si j'en crois mes bonnes oreilles, même les godillots n'auront pas le droit de débattre entre eux, quitte à s'écharper à grand renfort d'insultes avec les non godillots : leurs réactions critiques s'il y en a seront encadrées, dégoupillées, désamorcées dans l'oeuf;, pourrait-on dire sans tenir compte du décousu de l'image, par la subtile intervention de la novlangue, apanage de la haute classe pratiquée avec une élégante volubilité et plus étourdissante que jamais puisqu'elle serait introduite en terrain inédit pour brouiller toutes les pistes. Au départ, il n'avait pas été sous-entendu que la révolution en marche ferait entrer son bataillon de tête là où il n'avait rien à faire.