Ah! les nuits d'août... Dans mon enfance (c'était avant la guerre, mais pas la guerre de Cent Ans tout de même), on attendait avec impatience le 10 et le 11 parce que c'étaient les nuits d'observation du ciel : la voie lactée bien plus blanche que d'habitude, et surtout les éventuelles pluies d'étoiles filantes - on était déjà bien content si on en voyait trois ou quatre. J'ai entendu dire que ce guet aux astres nocturnes commence déjà aujourd'hui : d'abord la population de maintenant ne sait plus attendre, ensuite les savants ont bien dû trouver le moyen de mettre les phénomènes célestes rares à la disposition plus facile des curieux De mon temps,;comme disent les vieux, nous prenions les choses comme elles venaient; le ciel était bien plus clair, nous nous contentions de ce qui nous était offert, c'était le rendez-vous familial avec l'au-delà que nous n'aurions voulu manquer pour rien au monde. Mais personne ne parle de la nuit du 4 août... Elle est pourtant fixée dans ma mémoire comme le 20 septembre de Valmy ou le 8 mai 45... L'abolition des privilèges, deux mots difficiles à retenir pour le CE 2 où l'enfance se frottait à l'Histoire. Le Tiers-Etat, bien sûr, qui proposait la mesure, mais tout autalnt le Clergé ou la Noblesse qui en congrès renonçaient à leurs privilèges, dîme taille corvée fermages... dans un bel élan enthousiaste ou raisonné qui sacrait la fraternité et le respect de l'autre comme la première base de la république en train de se construire. Et que le duc de La Rochefoucault, protecteur de l'abbaye de Cluny dont il tirait de considérables revenus, ait été un des apôtres les plus pénétrés de cette renonciation aux abus de pouvoir, m'a toujours paru une occasion de réflexion un peu sceptique sur la bonne volonté des "haves" à alléger le fardeau des "havenots" - et ce n'est pas l'exemple des comportements sociaux des contemporains pleins aux as qui pourrait atténuer ce pessimisme.