VACCIN, VACCINS...
La seule chose qui puisse freiner l'enthousiasme à propos de ce vaccin si romanesquement découvert par les Pierre et Marie Curie de notre siècle, c'est précisément cet engouement dont font preuve tous les médecins. On a l'impression que les douches froides avec lesquelles on a tant de fois refroidi nos élans constituent une notion inconnue des Esculapes actuels. En quelques heures les voilà tous évoquant le traitement pour des millions de malades potentiels, établissant une répartition de milliards de vaccins selon la richesse des états et de leurs précommandes, calculant le coût de la chose une fois en route sur la planète. L'annonce de Poutine, si ridicule dans sa précipitation, n'a même pas été une seule fois évoquée en référence, mais voilà qu'on découvre que tout le monde s'active dans le secret des laboratoires et qu'il y aurait tout bientôt d'autres proclamations de réussite. C'est tellement beau qu'on se sent plus incrédule que les spécialistes, bien que naturellement on souhaite voir se réaliser au plus vite ce projet sauveur. Quant à ce pauvre Trump persécuté, il se contente de souligner sobrement que le résultat des courses a été délibérément retardé pour le priver du bénéfice des découvertes faites sous son règne : à preuve, la précommande faite par ses soins des milliards de doses de vaccin pour sauver son peuple. On peut toujours ajouter ce détail à la petite histoire.