REFLEXION POLITIQUE
Pendant des décennies, après avoir maudit le père, j'ai voué le même mépris mêlé de frayeur à la fille, sous la forme d'un militantisme sans faille. Je ne veux pas dire qu'elle ait perdu de son potentiel nuisible malgré des discours qui ne disent que ce qu'ils jugent flatteur et électoralement engageant, mais on espérait de plus en plus fort que sa vogue auprès de la France d'en bas allait se tasser ou tout simplement, malgré des scores hallucinants, secréter de soi-même une sorte d'impuissance à dominer qui nous permettait de respirer. En fait, on s'est habitué à la voir faire partie du paysage politique sans trop de catastrophiques conséquences in termine, et l'émergence de son rival direct, la tête de mort à bec d'oiseau de proie, lui a ôté du mordant en se chargeant d'une partie de sa force. Au fond, on envisage difficilement que les deux factions de force égale et d'objectif semblable puissent s'imposer toutes les deux à la fois : le vote venu, elles vont plutôt s'entredévorer, si l'on en croit leurs tons alarmés ici et là. Mais si, au contraire, elles conservaient l'une et l'autre leur potentiel de fanatiques, cela pourrait donner d'effroyables perspectives. Il est précieux que l'élection se fasse en deux tours : le coup de balai initial va faire l'effet d'un grouillement de fourmilière qu'on démolit avec un bâton. On se prépare à de beaux spectacles.