Quand on sème ou qu’on plante pour les floraisons futures, on se sent empli d’un espoir et d’un enthousiasme qui vous font passer sur les maux de reins récoltés à la rencontre du sol. C’est ce qui se passe en ce moment, avec les derniers jours ensoleillés qui font oublier les gelées blanches de l’aube : on plante des bulbes en voyant déjà leurs couleurs de flamme couvrir le terrain. Mais je ne peux m’empêcher de penser à ces populations d’Afrique ou d’Asie qui vivotaient ascétiquement de leurs cultures vivrières et qu’on a dépossédées de leur terre, les condamnant à l’exil. Certes la guerre y est pour beaucoup, ravageant les champs sous des déluges de feu et chassant les gens comme des troupeaux. Pourtant il y a pire encore : savez-vous que les sociétés d’exploitation étrangères – oui, ces multinationales odieuses, anonymes et meurtrières, qui tirent profit de tout en balayant l’humain avec une sorte de cynisme joyeux – rachètent pour une bouchée de pain les terres cultivables des pays non encore émergents et expulsent les familles sur les chemins de la détresse, Pour faire quoi, grands dieux ? Etablir des monocultures à grande échelle (avec recours aux OGM naturellement) pour obtenir de nouveaux monopoles de distribution ou lancer des expériences d’oléagineux ( ?) utilisables pour l’automobile. Ou encore construire des complexes de vacances, avec hôtels de luxe six étoiles piscine sauna fitness safaris aux bêtes rares – où vous allez rêver d’aller, mes belins-belines, en oubliant l’histoire des lieux…