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4 juillet 2019 4 04 /07 /juillet /2019 08:53

 

 

L'Adieu aux armes

 

          J'ai pour A Farewell to Arms un enthousiasme modéré, alors même qu'il est l'un des fleurons des romans de la "Lost Generation" (je préfère de beaucoup For Whom the Bell tolls, ainsi que le beau film qui en a été tiré - d'ailleurs ce Pour qui sonne le glas a eu, film et roman, un succès bien supérieur). Mais précisément j'ai vu hier (ou revu, après un intervalle de peut-être plus de quarante ans) le film de King Vidor tiré de cet Adieu aux Armes,  et certes le thème m'en est cher, comme toute condamnation de la guerre, du militarisme, de l'abominable sentiment d'être devenu Dieu le Père chez les membres de ces hideux tribunaux de guerre qui fusillent si facilement pour l'exemple tout individu assez courageux pour leur dire ses quatre vérités sur l'armée. Mais à part cette grande idée, qui d'ailleurs frappa tous les esprits par sa nouveauté à la sortie du livre, le film est d'un classicisme qui frôle parfois le ridicule et malgré les milliers de figurants pour représenter les poilus italiens de 1915,  coincés tels ceux des Ardennes ou de Verdun pour être envoyés en masse à l'abattoir, on a du mal à adhérer à l'histoire. L'intrigue sentimentale enveloppée dans les stratégies guerrières ne sauve guère la situation, la faute sans doute à cette malheureuse Jennifer Jones que David Selznick impose à tous ses metteurs en scène et qui n'est ni belle (avec ses grosses joues rondes et ses sourires niais, et peinturlurée en café au lait pour jouer les Mexicaines dans un autre film c'est la fin des haricots) ni capable de jouer, malgré un stock étonnant d'efforts faciaux pour exprimer diverses émotions. Je me suis seulement demandé hier, devant deux images prises dans le pathétique défilé des réfugiés des campagnes mélangés aux soldats en déroute, s'il s'agissait d'un ajout de cinéaste ou si Hemingway les avait mis dans son texte : ici un paysan qui emporte son goret dans sa hotte, là une jeune mère si épuisée que quand on lui laisse une place à l'arrière d'un camion militaire elle laisse tomber sans s'en rendre compte le bébé minuscule qu'elle portait contre elle et arrange avec soin le châle désormais vide qu'elle serre sur son coeur : il suffirait d'une petite recherche pour savoir, mais je sais bien que je ne la ferai pas.

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