INDECISION ET FLOTTEMENT
Il conviendrait sans doute que je vous parlasse, oui, que je vous entretinsse (on ne s'émerveille pas assez souvent des beautés de la langue française, surtout de ses conjugaisons, forme et sonorités : c'est trop beau, ça, pour être à la portée de n'importe qui) que je vous parlasse, donc, de la situation actuelle du pays. J'ai vu ces jours-ci défiler sans trêve les uns et les autres, pendant que le reste de la nation devait se confiner entre ses quatre murs s'il ne possédait pas de vélo ou se livrer à des calculs compliqués d'itinéraires en baïonnette en combinant divers moyens de transport. Tout le monde s'y était mis, il n'y avait pas eu trop de bobo et les feux allumés ici ou là pouvaient avoir surtout servi à réchauffer les manifestants, vu la température du dehors (et je ne parle pas du ressenti, puisque c'est comme ça qu'on évalue tout à présent). Mais pour cela il eût fallu que je suivisse de près le déroulement des événements, et je vous avoue que j'ai pris le tournis à voir onduler ces masses de couleurs et de banderoles, tout autant que mes oreilles bourdonnaient à entendre les uns et les autres, sans parler des commentateurs si heureux d'avoir du juteux à se mettre sous la dent. Il faut, paraît-il, attendre la fin de ce lundi avant de savoir si les uns ou les autres ont plié, mais en vérité tout le monde sait bien ce qui va s'établir : les mêmes questions, même brandies par le nombre, se heurteront au même Niet garanti par l'habitude. Même topo à chaque fois. Les revendications ne font que se concrétiser et se durcir, pour se heurter à des tympans sans réaction qui font semblant de n'avoir pas entendu. Tout de même, ça ne va pas s'éterniser comme ça, ou bien? (comme disent les Suisses).