A propos, disais-je – à propos du grotesque. Il y a des passages grotesques dans Jason et l’Expédition des Argonautes : tout ce qui concerne les harpies l’est indiscutablement. Voir ces laids oiseaux géants à tête de femmes est déjà déprimant, mais que dire lorsqu’ils se mettent à battre des ailes de chauve-souris en attaquant les humains ? Là l’animation (faite, je crois, image par image, presque comme pour un dessin animé d’autrefois) n’arrive pas à être naturelle ni réussie, et je ne peux m’empêcher de penser à un autre film, encore bien plus ancien puisqu’il s’agit du premier King Kong (du seul vrai, disons) dans lequel pour la première fois on trouve des monstres antédiluviens surpris dans leur vie, donc dans leurs batailles. Tricératops, dinosaure, mégatherium, je ne sais plus à quelles luttes nous assistons, mais c’est épique et merveilleux. . Surtout l’impression de vie, de souplesse des ossatures et des muscles est étonnante : aucune image de synthèse de nos toutes dernières réussites n’a mieux qu’ici communiqué cette vérité des tissus, des mouvements. Toutes les reconstitutions, si soignées, si réussies soient-elles (en particulier celles de la BBC dans ses séries scientifiques) aboutissent à une sorte de raideur dans leur précision, on dirait que les illustrations d’un livre ont été savamment douées de gestes, mais que pour autant le tout reste à plat. Avec King Kong, on devine le gluant des écailles…Bref, mes belins-belines, c’est le côté merveilleuses machines qui m’enchante, domestication de l’imagination, traitement avec les moyens du bord des thèmes mythologiques ou associés les plus accrocheurs…Non, je n’ai pas regretté ma soirée-peplum (d’ailleurs ça donne aux jambes des jeunes hommes une telle allure…).
