Il en va des bonnes intentions comme des bonnes résolutions de rentrée pour les cancres et les paresseux : l’enfer en est pavé, dit-on, ce qui en dit long sur les modifications de comportement qui se produisent en cours de route. Tout de même, c’est réconfortant d’apprendre que quelques mesures énergiques sont prises et immédiatement applicables. Certes, on peut se rappeler qu’en 81, au grand effroi des possédants qui avaient du coup garé leur fortune dans les coffres-forts à numéro de nos voisins helvètes, les taxes tombaient comme un couperet sur les fourrures, les bijoux, les comptes en banque un peu trop bedonnants – mais c’était trop beau pour durer : au bout de six mois l’amnistie avait, en quelque sorte, été décrétée pour éviter à la nation de se vider comme un kiwi qu’on écrase (et cette deuxième figure chorégraphique corrigeant le « J’y vas-t’y ? » de départ d’un « J’y vas-ty pas » sans point d’interrogation s’était effectuée tout doux, pour ne pas provoquer la protestation du bon peuple tout ému de ce premier geste inédit – passez muscade ! il lui fallut du temps, à ce bon peuple, pour apprendre que les taxations sur le luxe avaient fait long feu). Mais on n’est pas obligé de penser que les choses n’ont qu’un modèle, que l’histoire n’est qu’un éternel recommencement. Cette réduction immédiate, consentie dans l’œuf, d’un tiers des traitements des ministres et même du président, en même temps que la transparence de la publication des sommes reçues, cela faisait du bien hier, quand on l’a annoncée. Je suppose que cela a dû en mortifier plus d’un qui n’aurait jamais songé à ce type de manœuvre, la tendance étant plutôt à la manœuvre inverse, une bonne pincée en plus et surtout pas en moins. Ce n’est pas que nos gouvernants en soient réduits à la portion congrue : je me contenterais bien d’une simple ponction sur leurs fins de mois. Tout de même, en même temps que la signature d’un code de déontologie, c’était démarrer du bon pied. Faudra pas trébucher, les gars !...