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19 avril 2013 5 19 /04 /avril /2013 10:15

         Je ne peux m’empêcher, mes belins-belines, de penser à ce cher vieux Ronsard dès que je jette un coup d’œil par ma fenêtre. Ici un cerisier japonais merveilleux, du rose en fourreau partout sur les branches et jusqu’au moindre rameau. Là un magnolia à feuilles caduques tout  couvert de fleurs de tulipes d’un rose nacré. Plus modestement – plus plébéiennement, disons – des tulipes rouges et des tulipes jaunes ponctuent mon jardin au petit bonheur la chance, car je ne relève pas les bulbes d’une année à l’autre et cela commence à faire désordre (cela gâche même toutes les tentatives que je peux faire d’organisation des taches de couleurs). Les narcisses également, avec leurs lourdes têtes chiffonnées bois de rose, orangées ou citron pâle, scrupuleusement écloses en même temps et à la même hauteur, constituent la gloire des plates-bandes où ils ont explosé : tout cela c’est beau, c’est tonique, c’est émouvant, on se sent revivre rien qu’à le regarder. Mais en même temps, « Las ! Las ! » l’ombre de ce cher vieux Ronsard est là, discrète mais murmurante. C’est à peine si je le vois, promenant  sa belle devant la première rose épanouie, certain d’avance du spectacle attristant, espérant bien en tirer une morale efficace dont il serait le premier à profiter,  mais je l’entends… : « Donc, si vous m’en croyez, mignonne, / Tandis que votre âge fleuronne / En sa plus verte nouveauté,/ Cueillez, cueillez votre jeunesse… » . C’est vrai : avec le vent et la pluie, les tulipes nacrées sur leur magnolia ou le cerisier japonais et ses couleurs de rêve, ne seront plus ce soir qu’un tas de pétales abîmés au pied de leurs troncs dégarnis. On en pleurerait…   

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