J’ignore totalement quel plaisir peuvent ressentir les scotchés au Web qui se découvrent de nouveaux correspondants, et même à qui des inconnus offrent leur amitié, comme cela, dans le vide. Il faut sans doute qu’ils aient un grand manque de contacts, né peut-être d’ailleurs de ce scotchage qui réduit leurs relations avec les humains dans la pure et simple réalité. C’est quelque chose d’autre que j’expérimente personnellement : depuis quelque temps en effet (est-ce parce que des semailles laborieuses ont enfin produit leur récolte ? fallait-il donc attendre près de trois ans pour démarrer ?) j’ai l’impression que je ne m’adresse plus au vide, ce vide déprimant qui ne me renvoyait même pas l’écho de mes cogitations pourtant ouvertement publiques. Mis à part les tout premiers et rares fidèles qui ont dès le départ salué l’arrivée au jour de mon blog, j’en étais réduite aux conjectures pour imaginer si oui ou non ce malheureux blog servait à quelque chose, touchait davantage que trois pelés et deux tondus, soulevait ici et là l’intérêt grâce à mes aimables gazouillis. Eh bien les salutations se multiplient ! Des inconnus, des inconnues, des lecteurs, des lectrices, des anciens étudiants… Je n’irai pas encore décrire cette activité comme celle d’une ruche, avec des entrées et des sorties dans un bourdonnement joyeux et incessant : ce serait obéir à une fascination pour l’ampleur, pour l’agrandissement, pour la boursouflure de style Céline ou Zola qui naturellement serait loin de me déplaire mais que je n’ai pas le culot de signer (ici tout au moins). Pas question d’exagérer, donc, mais tout de même si les responsables de cette petite joie qu’ils m’ont faite par leur coucou-bonjour se trouvent à lire ces lignes-ci, ils se reconnaîtront sans problème et du même coup récolteront des mercis pleins d’effusion. Avis aux amateurs…