Je me demande s’il n’y a pas eu un petit malin, quelque part quelque jour, qui s’est amusé à répandre (sur Internet peut-être, en tout cas sur un medium où les rumeurs sont vite transmises et considérées comme vérités de bon aloi) l’idée que du point de vue fortune je venais tout de suite derrière la mémé Bettencourt. Je vous assure que j’en suis surprise la toute première, mais vu l’abondance extrême du courrier qui me bombarde généreuse donatrice c’est la seule explication qui me vienne à l’esprit. J’ai beau exposer patiemment que, oui je sais qu’on a besoin de creuser davantage de puits d’eau potable en Afrique, que, oui je sais que les éléphants sont odieusement braconnés jusque dans leurs réserves, que, oui je sais que les chiens guides d’aveugles sont remis gratuitement aux personnes non voyantes, que, oui je sais que les fratries permettent aux orphelins de rester ensemble, que, oui je sais que les paysans qu’on aide à rester dans leur village à semer et récolter et élever des poules ou des abeilles vont retrouver de la stabilité et de la dignité, que, oui je sais qu’il faut fermer les mouroirs d’enfants dégénérés dans divers pays où on les parque comme des bêtes – oui, je sais tout cela et bien d’autres choses connexes, et je n’ai surtout pas besoin des volumineux courriers que je reçois chaque semaine pour alerter ma conscience citoyenne du monde. Mais je ne suis pas juste derrière la mémé Bettencourt, mes belins-belines, j’en suis même rudement loin. Eh bien personne ne veut me croire, et chaque association me prend pour la source de son salut. A telles enseignes que si je tarde à ouvrir mon porte-monnaie on me relance au téléphone et/ou on m’envoie des CD afin que mes yeux s’ouvrent…
