En même temps que les catalogues de jardin, qui pleuvent généreusement aux moments où il convient de planter ou semer, m’apportent une espèce de joie naïve à simplement consulter les couleurs, à voir les nouveautés, à douter de l’abondance des floraisons dès que la plante serait dans mon jardin à moi, ou encore à constater l’évolution des noms donnés à la famille des pétunias ou des impatiens, par exemple, dont une variété inédite apparaît chaque printemps, en même temps, donc, j’ai des occasions de grincer des dents. Les jardiniers ne le soupçonnent certainement pas, mais plus ils créent des fleurs brouillant les frontières des appellations (donc plus ils sont fiers d’eux et de leurs expériences), plus cela me met en rogne. Oh je vous en ai déjà parlé. Découvrir des primevères en forme de roses (et je passe d’ailleurs magnanimement sur les aléas des résultats, je n’en reste qu’à la théorie), ou des roses en forme de clématite, ou des pivoines en forme de dahlias, bref tout ce qu’on peut imaginer comme transgression en matière d’espèces florales, cela m’attriste. Les fleurs ne sont-elles pas assez belles, chacune dans son genre, pour satisfaire tous les goûts, des plus simples aux plus sophistiqués ? C’est surtout cet entêtement de distorsion de la nature qui me chagrine, cette volonté de faire plus et mieux sans prendre conscience qu’on abîme et qu’on gâche. Inutile que je soulève ici le problème des OGM, mais tout est lié, mes belins-belines, tout est lié…
