J’en avais parlé ici il y a quelques mois : dans la série anglaise qui se consacre essentiellement aux problèmes de mort et de survie (parmi les urgentistes, la question se pose souvent), on avait une fois de plus présenté le cas de l’euthanasie, réclamée avec supplications par la malade inguérissable elle-même, arrivée en phase terminale et désireuse de forger activement son destin, tant qu’elle restait consciente, donc encore capable d’articuler ses dernières volontés Je glisse ici sur les détails que j’avais donnés alors : réticences des amis infirmiers désireux de l’aider, assurances qu’ils voulaient que cette décision fût bien la même depuis de longs mois et correspondît à une décision théorique de nombreuses années, détermination héroïque de se lancer dans une manœuvre illégale pour assurer à leur amie de s’en aller dans la douceur, lui évitant ainsi de se voir dégradée et réduite au rang de légume souffrant sans pouvoir le dire. Mais je retiens l’idée d’une vidéo tournée avant l’action fatale, où la patiente exprimait sa lassitude de vivre dans la souffrance sans espoir d’amélioration et suppliant qu’on vînt la libérer d’un cauchemar de douleur ; ainsi la preuve était faite de sa volonté personnelle d’en finir et de sa reconnaissance pour ceux qui voulaient bien, contre toutes les lois, lui fournir cette aide à la mort. La preuve qu’il n’y avait pas meurtre mais assistance à mourir était irrécusable même devant les tribunaux. Pour faire avancer les choses dans le contexte français qui vient tout juste de s’ébranler, il serait sans doute bon d’évoquer ce procédé pour convaincre les mauvaises volontés, d’une part du désir d’en finir des malades en fin de vie, d’autre part de l’héroïsme des acteurs qui en s’exposant aux poursuites de la loi essaient de compenser sa défaillance. Un nouveau cas d’assistance à mourir est traité dans l’ « Express » : on verra bien les réactions officielles à cette entorse à la loi, mais l’idée de la vidéo me paraît vraiment quelque chose à retenir.
