Histoire de ne pas quitter tout de suite le domaine culturel, je vais revenir quelques instants sur ce film de Woody Allen qui m’a tant déçue. Ce Match Point semble tiré d’un roman de chaisière pour l’intrigue. Le déroulement de l’histoire se traîne à la vitesse d’un chaland qui passe tous moteurs coupés, le jeu des acteurs semble avoir été conçu et dirigé par la fine équipe de Randolph Scott, ce cowboy inodore, incolore et sans relief qui a nourri les westerns de série B quand on ne s’était pas encore avisé que la série B faisait des ravages sur le goût et l’intellect du public. Quant à la fin – à savoir, que le meurtrier ne sera pas inquiété car un drogué voleur et suicidaire prend tout sur ses faibles épaules – elle donnerait certainement quelque chose d’intelligent si c’était bien fait, mais mais mais… Le tout truffé d’invraisemblances, des grosses et des petites, et l’idée que le meurtre de la gênante maîtresse est indispensable pour permettre le mariage et la promotion du héros puisqu’elle a eu la mauvaise initiative d’être enceinte n’a pas fait le moindre progrès depuis An American Tragedy de Dreiser (et encore le visage halluciné de Montgomery Clift dans le film tiré de ce gros roman avait-il quelque force, ce dont manque totalement le pleutre dont Woody Allen a fait son héros : et certes il nous annonce que c’est un lâche, mais c’est si mal fait…). Il faut peut-être raccrocher, Woody ?
