AMENAGEMENTS CLINIQUES
Comme j'ai déjà pu expérimenter qu'entre deux prises de lamaline (fastoche : toutes les quatre heures deux gros comprimés avec un verre d'eau) je puis à peu près compter sur l'absence de douleur, la raison commande d'installer dans l'organisme un courant ininterrompu d'analgésique et, adoncques, je m'impose de me plier aveuglément à cette saine discipline. Ne croyez pas que j'en aie découvert le principe dans les notices pharmaceutiques ad hoc : de toute façon même avec ma grosse loupe elles me restent parfaitement hermétiques. Et ce n'est pas le beau petit jeune homme faisant lundi dernier fonction d'SOS médecin (il est resté si éloigné de moi, et si peu de temps) qui aurait pris soin de m'expliquer le fonctionnement de sa pharmacopée : j'ai donc découvert ça toute seule, d'instinct (et quand l'instinct oeuvre chez moi c'est comme une espèce de génie, si si je vous assure), ce qui m'a donc conduite à déjà préparer sur ma table de nuit le verre d'eau et les pilules de 4 heures du mat' qui désormais vont prendre le relais de ma dernière ingestion, celle de minuit (de quatre heures en quatre heures, je vous dis : c'est réglé et aussi joyeux qu"un horaire d'usine). Vous voyez donc qu'avec un peu de bon sens (voire un peu de génie, je ne m'en cache pas) on peut faire avancer les processus naturels. Car pendant ce temps, non interrompues dans leur travail automatique de recollage par les hurlements de souffrance et les frémissements spasmodiques de la patiente dorénavant mis hors programme, les deux extrémités de la côte cassée vont se câliner l'une contre l'autre jusqu'à un rabibochage éternel (lequel, ma foi, durera tant que ça durera).