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23 août 2009 7 23 /08 /août /2009 09:26
     Je viens de lire en avant-première (eh! oui, c'est mon privilège d'écrivain, c'est à peu près le seul, ne me l'ôtez pas tout de même) deux articles très intéressants qui vont être publiés dans le N°19 des "Studies on L.D." (on frôle les 20 numéros, l'an prochain ça fera vingt ans d'existence pour une revue qui m'est consacrée, ça je ne l'appellerais pas un privilège, je l'appellerais volontiers le plus grand cadeau qu'on m'ait jamais fait).  Le thème du N°19 étant "Les Femmes, les féminismes", on s'est penché sur les progressions de l'identité féminine (dame : au XIXème siècle, tout était à inventer) ou sur le langage du corps pour remplacer la parole. Je ne sais pas si c'est cela qui m'a mis la puce à l'oreille, mais en tout cas, en préparant pour l'éditeur le manuscrit définitif du roman qui va sortir en janvier prochain, "L'Histoire de Colombe", je me suis rendu compte que l'article étudiant "les Mains nues" ou "Les Mains libres" pourrait parfaitement se rapporter à ce que je viens d'écrire, respectivement 25 et 15 ans plus tard. Il aurait fallu changer les exemples, naturellement, faire passer Colombe au premier plan à la place de Jeanne ou de Leni - mais le recours au langage physique est permanent chez moi.    Rien de volontaire à cela, je le jure. Au contraire, ça me vient comme ça, mais je crois que c'est de voir vivre mes personnages devant moi avec intensité, de les entendre aussi avec leurs tons de voix différents - différents les uns des autres, différents selon ce qu'ils ont comme émotions à exprimer - puis, lorsqu'ils se taisent ou revoient mentalement les événements qui viennent de les marquer, leurs regards, leurs mains, leur port de tête, leur dos, prennent la parole à leur place. Qu'est-ce donc que les manifestations psychosomatiques que tout le monde connaît de nos jours, si ce n'est l'expression par l'organisme, par le physique, d'émotions intérieures parfois si secrètes qu'on ne le devine même pas? J'avais une étudiante qui sortait régulièrement d'un  cours de français (pas le mien, je le jure - au contraire : elle venait me les montrer)  avec des plaques d'eczéma sur les mains et les bras; c'était tout simplement la crispation de se sentir à cran avec le prof, mal perçue mal aimée toujours rabrouée - souvent méchamment - et encore, elle avait fini par comprendre d'où venait cette protestation de son corps; mais certaines fois on n'a aucun moyen d'en découvrir l'origine ou la cause. Je vous donne cet exemple pour que vous soyez bien convaincus, mes belins-belines, de l'existence de ces liens entre le mental et le corps. Je ne vais d'ailleurs jamais jusqu'au niveau pathologique avec mes personnages : tout simplement, et à leur niveau souvent fruste, je fais intervenir leurs attitudes et leurs réflexes lorsque la parole leur manque ou lorsqu'ils ont choisi délibérément de se taire. Je les vois si fort, ils me sont si proches... Je ne fais que transcrire ce qu'ils expriment. N'est-ce pas une bonne manière d'écrire des histoires? Si vous n'êtes pas d'accord, téléphonez-moi, j'aviserai pour la suite. Bises aux chats, à demain.
                                                                                                 Lucette DESVIGNES.
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commentaires

M
Rien n'est plus vrai ! <br /> Et il faut reconnaître la supériorité de certaines descriptions romanesques sur le traité clinique ou sur le discours "scientifique". L.D. y excelle. <br /> Entre mille exemples possibles, je pense au plaisir de boire campé dans les contes du vignoble mieux que dans un traité d'oenologie !
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