13 septembre 2009
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"Septembre, septembre, / Cueilleur de fruits, teilleur de chanvre.".. On m'apprenait ça en primaire
(six ans, sept ans peut-être, à côté du loup et de l'agneau, ou encore du chêne et du roseau). Passe encore pour La Fontaine, à propos de qui j'ai eu mes démêlés et mes caprices - je t'aime,
moi non plus, je ne t'aime plus, moi si, pourquoi tu ne m'aimes plus, hein? - jusqu'au moment où je me suis rendu compte que dévider en bout à bout toutes les fables emmagasinées par la mémoire de
mes jeunes années me causait finalement un plaisir considérable. Mais quel illustre inconnu a signé ces deux vers incompréhensibles de nos jours? (je n'en cite que deux parce que la suite me
manque, toutefois Il avait certainement une belle et solide réputation alors comme poète, du moins chez les enseignants puisant ça et là dans des morceaux choisis où les poésies étaient
probablement proposées en fonction du calendrier, à titre d'illustration littéraire de l'apprentissage des saisons). Vous imaginez avec quel air inspiré les élèves devaient mettre le ton. Même
aujourd'hui je serais bien embarrassée de déclamer pareille envolée poétique. En plus, de nos jours, le chanvre s'appelle cannabis et ne sert plus à faire des cordes ni des draps rugueux et frais.
Alors, que faire de teilleur, si facile à confondre avec tailleur mais chacun des deux appartenant à une fonction aux antipodes de l'autre? Je me demande si l'Académie l'a étiqueté comme obsolète -
pas sûr du tout. C'est comme rouisseur de lin : la profession doit bien se faire rare, mais le vocable est si joli.... Au Canada, dans l'Ouest où les immenses surfaces bleues s'étendent à l'infini,
ils doivent se servir de machines - plus efficaces et ne faisant jamais grève, dites donc, c'est à considérer pour les patrons, et puis l'achat de la mécanique est fait une fois pour toutes, pas de
feuille de paye à signer toutes les fins de semaines (quand je parle canadien, je ne dis pas week-ends, j'espère que vous avez remarqué). C'est qu'ils sont susceptibles, là-bas! Prenez
Montréal par exemple. Installez-vous dans une brasserie, demandez one beer si possible en prononçant à l'américaine : une chance sur deux de ne pas être servi parce que vous ne parlez pas
québécois. Allez-y de votre bel accent français en pensant amadouer la serveuse : guère plus de chance, elle n'aime pas servir les Frinçais de Frince depuis les excentricités du père de Gaulle, qui
ont mis le feu aux poudres. Alors tentez le coup avec "eune biare", vous serez obéi immédiatement. Puisque je vous le dis, vous pouvez me croire. Allons, à demain, revenons en Europe, la pauvre
petite a bien besoin de nous.
Lucette DESVIGNES.
Lucette DESVIGNES.