Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
30 mars 2012 5 30 /03 /mars /2012 18:12

 

 

            Très officiellement, je préfère le trop au trop peu. Je dis « officiellement », parce qu’il y a dix-huit ou vingt ans on m’avait demandé pour une intéressante publication sur la nouvelle dans quelle direction je me sentais portée à écrire : des romans ou des nouvelles ? du long ou du court ? J’avais trouvé que la question était mal posée : j’aimais autant lire/écrire des romans que lire/écrire des nouvelles – autrement dit, une fois transposée au rayon pâtisserie, ma déclaration devenait « millefeuilles ou éclairs : même tentation pour ma gourmandise ». Ce qui pour autant n’entraînait rien sur le style. A l’intérieur de l’un ou de l’autre genre, bou diou, je sais bien ce que j’aime et n’aime pas dans l’écriture ! Le minimalisme est une chose dont j’ai horreur. Libre à vous de juger que je suis incapable de me restreindre en volume, en souffle, en détail, en élan : je vous autorise bien volontiers à le dire, et même sur un ton dédaigneux si ça vous chante. Pour moi le minimalisme est à rayer des cadres de l’art, parce qu’il est impuissance, habitude prise de ne rien dire, de ne rien laisser paraître, de s’en tenir à la forme et non au contenu . Il y a trop peu de Cormac McCarthy en littérature,  ou même de Raymond Carver ; ce sont les seuls que je connaisse dont le minimalisme peut être poignant, et c’est volontiers ce qui m’accroche dans mes lectures, cette impression que je participe, par le truchement d’un style prenant réduit au minimum, aux émotions que les personnages vivent sous mes yeux. Oui, j’aime mieux l’abondance, l’opulence,  voire les  débordements  de torrents quittant pour un temps leur lit… Mais quand trop c’est trop, je le dis ! Les tulipes restées en terre sont sorties ce printemps en même temps que celles bien alignées, bien rangées, dont j’avais prévu le plan en octobre – si bien que mon jardin est plein de touffes de rouge et de jaune qui étouffent les teintes délicates choisies pour leur raffinement. Oui, cela fait des centaine de tulipes – mais trop c’est trop,  et je ne fais mes petits tours de jardin qu’avec chagrin, presque en boudant.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Y
Chère Lucette, la contemplation de vos tulipes vous fait oublier un " s " à "centaine" à l'extrême fin de votre texte. Amicale bise. Yannick.
Répondre

Présentation

  • : Le blog de lucette desvignes
  • Contact

Recherche

Liens