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7 octobre 2013 1 07 /10 /octobre /2013 10:21

         Il y a déjà longtemps – c’était en 1986 : au siècle dernier, donc, et presque, me semble-t-il, il y a cent ans – un tête-à-tête de trois quarts d’heure sur France 3 avait confronté la trilogie encore incomplète de Jean d’Ormesson, Le Vent du Soir, à celle des Mains nues, la mienne, dont le tome 3, Le Livre de Juste, avait paru quelques mois plus tôt. Je passe sur les divers paliers de ces rapprochements passionnants, qui mettaient l’une en face de l’autre la Saga des châteaux et la Saga  des chaumières. Matière, portée, personnages, décor, style, tout avait été envisagé et décortiqué. Je voudrais ici insister sur un point qui nous était commun, et qui, à travers ces récits romancés, se déployait de plus en plus amplement : la précipitation du temps, au début de ces deux histoires à peu près stagnant, puis qui lentement s’accélérait pour finir dans les tourbillons d’une civilisation déjà à bout de souffle. Et cependant aucune des œuvres ne dépassait la Seconde Guerre mondiale, et nulle part – et pour cause – n’était mentionnée cette invasion des mœurs par l’informatique qui allait donner le vertige aux transactions, à la communication, aux moyens de transport. Toujours plus vite, plus loin, plus fort…De quoi rendre dérisoires les efforts  ponctuels de Juste se dévouant jusqu’à sa mort pour réparer, dans la vie d’adolescents déboussolés et élevés tout seuls, les dommages de toute sorte que la société implacable leur avait causés, ou encore ce pathétique et désespéré militantisme contre la guerre qui se trouvait  - et continue de se trouver - de plus en plus battu en brèche dans les ricanements et l’arrogance.

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