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20 août 2009 4 20 /08 /août /2009 10:06

     Oserai-je? Oui, j'ose : donc, sitcoms 4 (pourquoi pas, puisque mon sujet n'est pas épuisé et que, pour britannique qu'il soit, il peut nous concerner aussi par comparaison avec nos propres évolutions de moeurs). Donc on boit dru et ferme dans les chaumières de l'Est End, indépendamment d'ailleurs du levage de coude dans son endroit prédestiné, dans le pub de la vieille queen Vic dont le buste l'évoquant dans ses dernières années, sévère et même l'air bougon, n'influe aucunement sur l'abondance des boissons. Je précise que faisant concurrence à la bière (même si elle est fréquemment servie au broc, chacun répartissant les rations selon les invités qu'il a à sa table) les "aliqueurs fortes" qui épouvantaient mon arrière-grand-mère se multiplient gaillardement : scotch, gin (le chouchou de ces dames), vodka - c'est l'heure de l'apéro, comme chez nous, sauf que le stage au bistrot se fait en famille : on y admet les enfants dès le lendemain de leur dix-huitième anniversaire, l'incorporation se fait en public, ouvertement. C'est le lieu de la détente en théorie, puisque précédant le repas du soir (d'ailleurs à part les saucisses et les chips mangées sur des assiettes en carton devant la télé, la maîtresse de maison n'aura pas grand chose à préparer, tant mieux pour elle, son temps de pub est sacré, il englobe l'échange des derniers potins de voisinage, pas question de lui rogner sur ce domaine-là, tant pis pour la gastronomie, on l'ignore volontiers et personne n'en souffre). Détente, disais-je, en théorie seulement : les réglements de compte y sont fréquents, entre époux trompés, parents et ados en rébellion ouverte, maîtresses en devenir et maîtresses sur le retour ... Tout le monde se connaît, les demandes officielles en mariage y sont fréquentes, tous les assistants debout autour du promis un genou en terre - "Will you marry me?" - si par hasard la réponse tardait,  après un silence où on aurait entendu, non pas voler une mouche mais "tomber une épingle", chez eux c'est comme ça que ça se passe, les encouragements se mettraient peu à peu de la partie , comme si les témoins de la scène avaient leur avis à donner sur la question. J'ai supposé d'abord que de telles pratiques étaient installées dans le décor de ce vieux pub traditionnel pour faire couleur locale à peu de frais, mais étant donnée la récurrence de telles cérémonies (sans compter que les victuailles pour les fiançailles ou le mariage ou les anniversaires de quelque calibre qu'ils soient sont mises à la disposition des invités, voire des gens de passage, presque traditionnellement dans ce lieu de boissons devenu lieu d'agapes nourricières) je suppose que le fait est banal dans ce rendez-vous quotidien. En fait,  aucun secret n'est possible dans cette population qui se regroupe comme celle d'un village. Londres n'est pas loin, bien sûr, la station de métro est toute proche, mais on ne s'y rend que pour les grandes occasions, peut-être même pas pour les achats de Noël : le marché est permanent sur la place du pub, fruits et légumes mais aussi vêtements au décrochez-moi-ça, qu'irait-on chercher ailleurs alors qu'on a tout sous la main, le bon marché (et les contrefaçons, "occasions à profiter") en plus?. On est loin ici  de Westminster, de Buckingham Palace, de Marble Arch, et c'est passionnant à découvrir. Je suis sûre que mes minets aimeraient. A demain.

                                                                                                           Lucette DESVIGNES.

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19 août 2009 3 19 /08 /août /2009 11:04

   (Le titre une fois trouvé, la moitié du travail est déjà faite). Poursuivant mon étude sociologique des Britanniques par rapport à la boisson, j'ai pu en effet constater, soit au cours des années, soit après un arrêt de temps considérable pour cause d'infidélité ( la reprise permettant mieux de voir le parcours effectué par la série pendant ma période de négligence), que la fonction quasi rituelle du thé avait changé. Certes les mamies continuaient à mettre le feu sous la bouilloire pour un oui pour un nom : de toute façon la possibilité de se faire du thé ou d'en faire pour les visiteuses est officielle partout, y compris à la laverie, avec sa panoplie de réchaud ou bouilloire électrique, sachets, mugs bariolés (foin de la délicate porcelaine victorienne avec crémier et soucoupe assortis qui survit victorieusement dans les milieux aisés : ici nous sommes dans les classes laborieuses, je vous 'l' ai précisé hier). La tasse de thé offerte à tous  - livreurs, encaisseurs, étrangers demandant une adresse - remplace le petit blanc de chez nous offert au plombier ou au dépanneur de lave-linge, mais peut-être là ne vois-je plus guère que des gestes déjà anciens, depuis que l'alcool tue comme le tabac on se méfie. Elle reste encore automatique si le voisin ou la voisine vient vous parler de ses malheurs et s'effondre devant votre compassion : le thé est le meilleur des reconstituants pour le moral, bien que le scotch gardé dans la pharmacie d'urgence ne soit pas toujours négligé. Mais enfin les générations plus jeunes, qui ont connu le mai 68 de la liberté gastronomique, ont adopté, en même temps que la pizza quotidienne (on s'invite chez des amis sans prévenir, mais on apporte une pizza aux anchois comme chez nous on offrirait des fleurs), le goût de ce que mon arrière-grand-mère du fond de sa Nièvre appelait "les aliqueurs fortes". Pas forcément du scotch d'ailleurs, dans ses diverses variétés (le scotch se développe toujours dans le contexte du pub, ainsi à l'enseigne de la reine Victoria - toujours dans ma série de prédilection - ça se descend généreusement, presque autant que les pintes bien tassées de bière caramellée  avec leur écume qui colle). Ce qui est surtout frappant, c'est cette fréquence de circulation des bouteilles cachetées, symbole de raffinement par rapport au gros rouge qui tache vendu au litre chez nous et que les Britanniques ignorent à peu près totalement : la présentation en bouteille ne garantit absolument pas la qualité du contenu, mais il faut croire qu'à leurs yeux de nouvellement convertis la présentation fait classe, car on débouche des bouteilles à tire larigot. On se tape un verre de rouge (ou deux, ou trois) entre copines qui sortent du boulot, après une vaisselle, devant la télé; signe des temps, j'ai même  repéré (toujours dans ma série-baromètre) le rouge qui fonctionnait entre deux mémés en pleine crise de vieillissement.Parfait! Quand chez nous on ne pourra plus boire, on ira boire chez les Britanniques. Gardez le lait pour vos minous, c'est aussi ce que je fais chez moi.

                                                                                     Lucette DESVIGNES.

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18 août 2009 2 18 /08 /août /2009 10:38

   Que les Anglais nous appellent des mangeurs de grenouilles ou d'escargots, ça correspond dans l'en-semble à la vérité (sauf pour ce qui concerne le régime des végétariens, naturellement) - et je vous signale en passant qu'ils y viennent, ces Anglais, de même que les Chinois se mettent au vin pendant le repas pour remplacer leur cognac traditionnel. Que nous les appelions par représailles buveurs de thé, ça correspond au contraire de moins en moins à la vérité. Je suis avec intérêt - toujours par le biais de ces sitcoms londoniennes de nulle valeur littéraire mais si passionnantes du point de vue sociologique en plus de leur intérêt de linguistique - l'évolution des moeurs. Il y a quelque soixante ans, le vin était réservé, quelle que fût sa qualité d'ailleurs, au dîner des classes moyennes et au-delà, les classes populaires se contentant , de très bonne heure, du "high tea" (pas de petits gâteaux : c'était le repas de l'ouvrier rentrant chez lui après sa journée, donc poissons ou saucisses, arrosés de la liqueur qui revigore mais n'enivre point, comme dit le poète) - le tout lui donnant la force d'aller passer sa soirée au pub à engloutir de la bière jusqu'à fermeture de la distribution. C'était encore le moment où les dames distinguées, fidèles au Dubonnet que nous avions déjà oublié chez nous, ne se permettaient pas de boire un scotch en public (" ma tante n'est pas un lady, elle boit du scotch en public", me disait avec mépris et un vague dégoût une de mes jeunes amies britanniques dont la tante d'ailleurs était canadienne, ce qui officiellement lui permettait bien des choses). Le moment où un verre de vin rouge aperçu dans la journée  faisait fuir quiconque se respectait.... J'avais déjà une fois, en 72 je crois, vu circuler des plateaux de verres remplis de vin rouge (un peu indéfinissable, peut-être du vin yougoslave alors si bon marché, en tout cas pas du burgundy australien du simple fait qu'il se vendait en pharmacie comme fortifiant) à un niveau pouvant servir de point de repère, à savoir une réception chez le Lordmaire de Cambridge : pas de vin blanc (en général moins époulaillant pour les non initiés), mais ce rouge circulait hardi petit ma mie, même chez les dames (il est vrai qu'elles étaient en majorité des intellectuelles, donc ouvertes à toutes les perversions, comme chacun sait). La fréquentation des sitcoms de l'East End m'a permis de voir que la contagion avait gagné ce que ma première assistante ménagère appelait avec dignité "les classes laborieuses" : question de générations aussi sans doute, car si au niveau des femmes mûres - celles qui avaient connu la guerre et le Blitz - on continuait à " put the kettle on" à tour de bras (autrement dit faire bouillir l'eau pour le thé) et offrir d'autorité "a cupper" à l'individu (ou individue : quand je vous disais que je m'y mettais) introduit(e) dans la cuisine, au niveau de leurs filles et brus on commençait déjà à entonner une autre chanson. Je vous en donne l'air et les paroles dès demain. Bise aux chats!

                                                                                   Lucette DESVIGNES.

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17 août 2009 1 17 /08 /août /2009 17:30
     Vous allez encore m'accuser de fainéantise, en imaginant que je vais prétexter mes dévotions pour me faire pardonner mes défections d'hier . Pas du tout. Je ne prétexte ni dévotions (j'avoue que je n'ai pas de nouvelles des démonstrations de Madonna en Pologne, j'aurais voulu voir les affrontements s'il y en a eu), ni fainéantise : tout simplement mon blog ne s'inscrivait pas sur le web hier et il a même fallu une in tervention de spécialiste pour que je puisse vous haranguer aujourd'hui, mes belins-belines trop pressés de voir en moi tous les défauts du monde.J'étais d'autant plus furieuse de ce contretemps que je pensais avoir trouvé un bon filon difficile à épuiser dans les jours qui viennent. Je vous parlais récemment en effet des personnages des séries britanniques hospitalières; on pourrait craindre le stéréotype eh!bien pas du tout, ce sont des types bien croqués, et je m'étonne toujours de la vérité avec laquelle jouent les acteurs (on passera vite sur le paradoxe de la vérité du jeu : il y en aurait là pour des semaines d'approfondissement théorique, mais je ne garantis pas  que je ne vous y amènerai pas  quelque jour). Il n'y a d'ailleurs pas que les séries où les docteurs, chirurgiens mâles et femelles  et infirmiers des deux sexes déambulent sur des tempi précipités entre les "theatres" qui servent de cadre aux désentripaillages variés, tout à côté de la "resuscitation room" pour soins attentifs en cas de complication (imaginez l'attrait du vocabulaire pour les linguistes...). Depuis de longues années - au moins quinze ans, si pas davantage - une série quotidienne présente les vies de Londoniens et Londoniennes à l'extrême orient de Londres, cet "East End", ce quartier populaire des taudis Dickensiens qui ont quand même perdu de leur horreur mais dont les habitants, d'origine mélangée pour les ethnies et les occupations, sont loin d'avoir les poches pleines. D'où les combines, les problèmes d'argent ou de chômage, les moeurs faciles, la prostitution qui rôde, se cache ou s'affiche, les médisances ou calomnies, les ruptures publiques, les amourettes plus ou moins secrètes. La famille est au coeur de presque tous les sujets, avec ses codes, ses exigences ou ses perversions, elle est à la fois plus ouvertement brandie comme une vertu de base que chez nous, et plus facilement bafouée selon l'occasion : en tout cas, les compositions et recompositions des cellules familiales sont  d'une rare fréquence, et cela pimente les thèmes d'une manière très attachante. Les membres en prison, les disparus, les secrets soudain révélés ont une force que je n'imagine pas voir conservée si on transposait tout cela de notre côté de la Manche. On frôle le drame bien souvent; cela donne à l'atmosphère d'ensemble un air de réalité d'autant plus insistant que tout se passe au jour le jour : Saint-Valentin,Jubilée, Noël, Pâques, Holloween ... comme si nous y étions. Et ce qu'on boit, là-dedans! Pas que du thé, je vous en dirai plus demain.


                                                                                                  Lucette DESVIGNES.
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15 août 2009 6 15 /08 /août /2009 08:42
     J'aimerais bien reprendre mes propos sur les personnages des séries anglaises. Je vous ai parlé hier des séries médicales, où certes l'hémoglobine coule à flots comme dans un film de Besson, mais où du moins on sort des individus stéréotypés dont le déroulement existentiel est totalement dépourvu d'intérêt. C'est même pratiquement, chez les Anglais, un vivier de types assez inattendus : les infirmières nymphomanes par exemple, qui se tapent tous les docteurs et chirurgiens à la suite (et tout ce petit monde s'entend finalement bien, les découvertes-surprises et les crises de jalousie une fois passées), ou les médecins qui doivent se soigner le coeur ou le cerveau (ils ne s'opèrent pas eux-mêmes, on ne va tout de même pas jusque-là, mais j'en ai déjà vu un qui suivait l'opération d'une tumeur du cerveau effectuée sur lui par un confrère : il voulait vérifier que le travail était aussi bien fait que s'il avait officié en personne) - parfois ça vous laisse rêveur. Et comme ces personnages dont on finit par connaître tous les tenants et aboutissants ont un rôle direct (sympathie, conseils de bon aloi, aversion etc.) sur la condition mentale des patients, chaque épisode est l'occasion d'affrontements ou de complicités instinctives qui ne manquent pas de sel bien souvent. Moi ce que j'aime surtout ce sont les scènes d'opérations au niveau des praticiens : en blouse verte  la plupart du temps (quand ils sont seulement consultants auprès des malades alités ils sont volontiers en complet-veston), ils sont tous masqués, ce qui les oblige à mettre davantage d'expression et de sens dans les regards qu'ils échangent par-dessus le bord des masques. A inscrire dans ces regards également l'étonnement suffoqué des "classiques" qui s'offusquent des libertés prises par le tailleur des chairs avec le protocole de la procédure, ou la vexation à peine rentrée de celui qui s'offense de voir le collègue travailler admirablement, ou l'impatience de l'assistant qui trouve que l'intervention dure trop longtemps - parce qu'il y en a une autre qui attend derrière - bref, même s'il y a du dialogue réduit au niveau strictement utilitaire, du genre "Scalpel", "pinces", "tampon", "écarteur","mon front à essuyer" etc., tout s'exprime au niveau des yeux comme dans les films muets d'autrefois, avec grossissement obligatoire. Où c'est le plus drôle - vraiment, oui : funny haha! et non pas funny peculiar - c'est lorsque la conversation planant au-dessus des viscères étalées et vainement pitrougnées (encore un mot du 71, n'est-il pas joli?) n'a aucun rapport avec les problèmes chirurgicaux mais règle des comptes personnels entre deux pontes en train d'officier : soit le dédoublement de personnalité fonctionne parfaitement  (et ils peuvent vider leurs rancunes en même temps qu'ils écartent les chairs pantelantes), soit la chirurgie fonctionne toute seule, machinalement en quelque sorte, et on ne s'étonne pas trop de voir intervenir d'urgence les électro-chocs de réanimation puis l'annonce à voix feutrée du "time of death".
De tels résultats sont sans doute impensables sur les petis écrans hexagonaux, le froid culot de la vérité ne se pratique que hors frontières, alors please laissez-moi le contempler par-delà la Manche. Demain on reste sur les séries télé anglaises, on n'en a pas fini encore, loin de là. Bise à vos chats.
                                                                                           Lucette DESVIGNES.












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14 août 2009 5 14 /08 /août /2009 14:20
     J'avais envie d'écrire personages à l'anglaise, histoire de vous annoncer que j'allais parler de personnages anglais. Et puis, après mûre réflexion, j'ai décidé de ne pas adopter l'orthographe que les amis d'Outre-Manche pratiquent en toute impunité., de crainte qu'on ne m'impute la faute à moi, oui mes belins-belines.  Et si je vous le dis avec amertume, c'est parce que je viens d'en faire l'expérience. Dans "Voyage en Botulie", qui est sorti l'an dernier, un jeune ignorant attribue à Marivaux la fameuse phrase de Figaro "Je me hâte de rire de tout de peur d'être obligé d'en pleurer". D'habitude, ce jeune garçon plein de lacunes voit ses boulettes corrigées par son mentor, mais cette fois-ci pas de veine : c'est dans sa tête que se situe la bévue, le mentor n'en peut donc mais pour corriger. Du coup on m'attribue l'erreur à moi, qui ai passé vingt-cinq ans à enseigner le théâtre du XVIIIème...J'en suis d'autant plus affectée que ceux qui l'ont fait sont des gens capables de voir l'erreur, je pensais que sur la lancée de leur connaissance ils auraient le sens de l'humour. Ce que ne voyant pas, je remets en vitesse son second N à personnages pour que tout soit en ordre même à la vue. Personnages anglais, oui : je ne suis pas les séries hexagonales du style "Docteurs" ou "Urgences", parce que les intrigues toujours stéréotypées ne m'intéressent pas, mais je les suis en anglais parce que le va-et-vient de personnages toujours nouveaux à côté des piliers de la série offre une variété passionnante d'accents, de parlers, de diction paysanne ou faubourienne, de débit écossais ou irlandais où la linguiste que je suis trouve son miel. Accessoirement je dois me farcir aussi les tripes à nu, les accouchements en direct, les coeurs qui palpitent en plein air, les brûlures (d'ailleurs, vous avez pu constater par vous-mêmes que de manière générale on voit beaucoup de cadavres brûlés depuis quelques années - on osait à peine dans les plus audacieux des épisodes de NYPD Blues, que voulez-vous? les tabous s'effondrent les uns après les autres, on n'arrête pas le progrès). Donc ce seront des personnages anglais qui atterriront sur notre aérodrome dès demain. Ne craignez rien, je vous servirai de guide. Bises aux chats d'ici au lever du soleil - sous la pluie, qu'elles disent. Si elles croient contrer la canicule, elles nous trompent!
                                                                                                     Lucette DESVIGNES.
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13 août 2009 4 13 /08 /août /2009 09:23

     J'ai longtemps trouvé que la langue anglaise était déficiente au niveau de l'interpellation. Ce You à deux fonctions - le tu, le vous - paraissait si difficile à distinguer dans sa nuance à l'oreille  ou à l'oeil (s'il sagissait d'un lecteur) que notre cartésianisme traditionnellement supposé n'y voyait ou n'y entendait que couic. Ce flottement au niveau hexagonal nous faisait nous pencher sur ces insuffisances avec commisération. Les pauvres! N'avoir que ce You indéchiffrable! Chez nous au moins, on n'a qu'à attendre, dans les films : si le lendemain matin au petit déjeuner on se tutoie, alors que la veille on employait encore le vous plus cérémonieux, pas besoin d'un dessin, on sait que "ça'" s'est passé dans la nuit. Je vous parle ici des vieux films, ceux où la notion de sentiment dominait, où par exemple la comédie américaine s'illustrait dans la progression de la tendresse jusqu'à consommation finale. De nos jours pas besoin d'attendre la conclusion : il y a belle lurette que ça s'est passé, des fois même à peine la porte fermée (vous avez dû constater avec quelle similitude la férocité sexuelle se déchaîne en ce cas, dans tous les films c'est pareil : le déshabillage réciproque s'effectue comme un ravage - un vrai dépiautage, dirait-on chez moi : chez moi c'est le 71, on y a le don des mots merveilleux, écapouti, déguillemanché, dépenaillé,  oh je vous en chercherai encore dès que j'aurai le temps -, pas le temps d'attendre de se trouver dans un lit, par terre ou surtout debout contre la porte palière c'est encore mieux, je peux vous en parler sans dessin car je sais que vous avez comme moi vu ça mille fois. Vous me direz que pour aboutir à cette constatation qui banalise tout ça n'était pas la peine d'évoquer des insuffisances grammaticales. Mais si : c'est de relativisme que je voulais vous parler aujourd'hui. Ces nuances du Vous au Tu, il ne faudrait pas croire précisément que les pauvres anglophones en soient infirmes : pas du tout, il faut simplement une oreille exercée et surtout la pratique de leur langue pour sentir quand leur You est un Tu ou quand il est un Vous. C'est valable également au niveau des rapports entre hommes, dans les affaires par exemple : tout soudain le ton change, on abandonne le sérieux officiel, on bascule dans la copinerie, l'entente sympa, voire la complicité pour la combinette ou la gauloiserie. D'où l'embarras des traducteurs de sous-titres, pas toujours sûrs, eux à qui on accorde parcimonieusement quelques minutes pour rendre en français (et en condensé si possible, pas plus de trois lignes, deux serait encore mieux) des jeux de mots ou des expressions argotiques sur lesquels on aimerait s'appesantir quelque peu afin de mieux les goûter, d'avoir employé à bon escient le Tu ou le Vous. Vous me direz que ce matin je coupe les cheveux en quatre, ou tout aussi bien que la grammaire anglaise ne vous intéresse absolument pas. Parfait : je vous chercherai quelque chose d'autre pour demain, sans rien vous promettre puisqu'en général j'annonce une chose et vous parle d'une autre. Ce sera une surprise demain, puisque je ne vous annonce rien. Ha!ha! Donc à demain, mes belins-belines, c'est difficile de toujours arriver au Bingo! du triomphe quand on cherche à vous plaire. A demain quand même.

                                                                                                        Lucette DESVIGNES.

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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 20:57
     Il y a deux ou trois ans, rappelez-vous : c'était la canicule. D'abord celle qu'on n'avait pas prévue - du coup, on lui a mis sur le dos tous les décès enregistrés dans les deux mois, et même plus longtemps que cela, à cause des dommages collatéraux non enregistrés sur le coup. La panique, l'horreur, le moment des rancunes rentrées qui sortaient, les règlements de comptes, à tel point que, par application du principe de précaution (qui devrait en théorie aller au-devant des mauvais coups du sort mais qui, en fait, aboutit aux plus dommageables aberrations), oui, à cause de ce principe érigé en culte (et on n'a pas fini de le voir  pratiquer, ce truc : ainsi il va bien falloir utiliser les milliards de masques contre la grippe porcine puisqu'un petit copain a su remplir nos stocks, il n'y a qu'à attendre) on a depuis lors redouté les catastrophes estivales même si les températures se sont révélées à peine "conformes aux moyennes saisonnières". A tel point que l'an dernier, lorsqu'on nous montrait des estivants grelottants en anorak sur les plages de la Manche ou de Bretagne, la consolation toute normale était qu'au moins personne ne trépasserait de canicule. Cette année, nous avons très souvent frôlé voire  traversé des températures caniculaires, mais chut! c'est un mot tabou à ne plus prononcer sous peine d'être taxé de défaitisme comme du temps de Pétain quand on ne trouvait pas l'Etat français (la république était chue alors) sur la voie du bonheur. Je ne sais pas où ces dames de la météo (tiens! je les avais laissées tranquilles une bonne semaine, celles-là) prennent leurs ordres, mais elles nous parlent surtout de "températures qui restent douces"  comme pour rester dans la bonne moyenne sans heurter personne ni dans ses projets de baignade ni dans ses souffrances au travail : en réalité, tout le monde a chaud, très chaud, trop chaud, mais se plaindre en arrive à être uniquement une question de vocabulaire. Si on vous dit qu'il fait bon, sans plus,  vous n'avez pas le droit de transpirer comme une bête. C'est là-bas, sur le petit écran, qu'est inscrite ou dite la vérité . Et en  tous les domaines : ainsi, aujourd'hui, j'ai entendu dire une bonne demi-douzaine de fois que les prix continuent à baisser , surtout ceux du deuxième trimestre qui confirment  que l'inflation a perdu toute sa rage et va se débiliter au fil des mois. Puisqu'on vous le dit, tout de même! D'ailleurs vous n'avez qu'à regarder le prix des boîtes pour chats, est-ce qu'ils n'accusent pas une baisse spectaculaire? Pâtée, croquettes, tarifs de véto, tout diminue : c'est bien, nous allons enfin sur cette lancée connaître un hiver formidable. Mais je vous reverrai bien avant, si vous le voulez bien. Demain, par exemple? Parfait. La bise aux chats. 

                                                                                                         Lucette DESVIGNES.
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11 août 2009 2 11 /08 /août /2009 10:17
     Quand vous voyez s'inscrire sur votre écran "Ecrire un nouvel article", ce n'est rien : c'est ce qui suit qui vous prend à la gorge. On vous intime en effet de donner un titre à l'article qui n'est même pas encore en gestation, qui n'est, comme cela se dit si finement en anglais, "hardly a spark in the eye of your father", qu' "à peine une petite lueur dans l'oeil de votre père". Encore dans les LImbes, quoi. Et vous qui n'avez pas la moindre idée de ce que vous allez vous mettre à susurrer à vos belins-belines quand l'envie vous en prendra, qui n'avez encore aucune envie de susurrer ni de pérorer mais plutôt envie d'aller faire un tour de jardin pour voir si la pluie de cette nuit n'a pas trop abimé vos roses, vous vous découvrez sommée - il n'y a pas d'autre mot : le "Titre du nouvel article" vous est péremptoirement réclamé - d'annoncer votre sujet, et si possible de le formuler intelligemment. Je vous assure que c'est être pris à la gorge, ni plus ni moins. Evidemment, jour après jour, on s'efforce de ruminer une idée ou une autre (cela même me convient fort bien, puisque mes personnages - coucou! les revoilà! - ruminent les événements qui les ont fait ce qu'ils sont ou réagir comme ils l'ont fait : si vous me connaissez quelque peu, vous savez que c'est ainsi que les histoires se déroulent chez moi, non point décrites de l'extérieur comme si j'étais le romancier tout-puissant qui commande tout à tous et à toutes, mais bien revécues après coup par les témoins de la chose, comme si je prêtais l'oreille au dévidement de leur vie intérieure, comme si j'étais, moi, la première renseignée avant de vous transmettre le résultat de mon écoute appliquée). Ruminer, donc, ça ne me dérange pas, au contraire. Je n'ose pas admettre que c'est l'existence d'un estomac de ruminant dans mon appareil digestif qui m'a finalement déterminée à être végétarienne : ce serait rabaisser ma décision à un niveau purement mécanique alors qu'elle  a obéi à de tout autres motivations. Mais enfin... Les herbivores sont pacifiques, les diplodocus herbivores étaient pacifiques, ils se sont fait ratatiner par le tyrannosaure ou le mégathérium carnassiers. C'est bien possible que je m'expose par ma nouvelle nature à la férocité des viandophages : mais, vous savez, vu ce que j'ai déjà traversé de carnasserie à mon égard, comme universitaire ou comme écrivain, je m'estime blindée,  bien préparée à résister à de nouvelles attaques. Je suis droite dans mes bottes, comme disait Juppé, bon oeil bon pied bon coffre... En avant! Allons-y tous ensemble, mes belins-belines! A demain dès l'aube.
                                                                                                   Lucette DESVIGNES.
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10 août 2009 1 10 /08 /août /2009 15:58

     Sur BBC Prime, le dimanche, le petit écran est réservé aux fans de vie animale. Je n'ai rien contre, vous pensez bien, mais je trouve que plusieurs heures de suite c'est franchement indigeste. Je ne vous cite pas là mon expérience personnelle, mais d'avoir plusieurs dimanches de suite, tous les quarts d'heure ou au pire toutes les demi-heures, vérifié qu'on écoutait toujours le même entomologiste jusqu'au moment de la soupe, j'ai admiré le courage des fidèles qui restaient scotchés à leur poste pour l'entendre. Lorsqu'il s'agit des superbes bêtes en voie de disparition, lions, tigres, panthères, léopards et autres fournisseurs des fourrures de nos criminelles coquettes (surtout si la caméra compréhensive vous évite de voir soit leur fin, soit la fin des gazelles ou antilopes avec lesquelles les premières ont entamé une course de vitesse - on mesure leurs performances à la seconde près) le spectacle peut être fascinant,  comme bien sûr  avec les multiples variétés de quadrumane ou les espèces d'ours éparpillées dans le monde. En général d'ailleurs le narrateur s'attarde sur la naissance et les premières semaines des bébés; ils sont tous beaux, drôles, attendrissants, et on admire avec quel entêtement, quelle ruse, quel oubli de soi les pères et mères se dévouent pour "pouvoir rapporter l'entrecôte", comme le diraient nos chansonniers. Or hier (-je ne me suis rendu compte du sujet que par instants, la stupeur me faisant vite recourir à ma zappette) il y a eu cinq heures de vie des insectes sur le même sujet, à savoir comment la progéniture est assurée de se nourrir par les géniteurs qui, une fois la ponte effectuée, se désintéressent de faire le marché pour elle : pas la peine, tout a été prévu. Mes belins-belines, je suis sûre que si j'avais regardé j'aurais eu des cauchemars pour le restant de mes nuits.Imaginez que les insectes aillent pondre dans les nids de fourmis, lesquelles trompées par l'odeur des larves se dévouent à les soigner et les gaver au détriment des leurs jusqu'à ce que, après un temps de chrysalide, l'éclosion donne des prédateurs qui dévorent les fourmis avant de reprendre leur vie au-dehors (pour recommencer le même schéma) : c'est déjà fort de café. Mais découvrir le plan démoniaque qui fait pondre les oeufs à l'intérieur d'autres larves pour que dès l'éclosion les bébés se trouvent installés dans leur garde-manger, et voir ça grossi mille fois, puisqu'une seule larve finit par occuper tout votre écran pour  que vous voyiez son intérieur dans ses fonctions et remous, tout pareil une échographie qui vous présente le remue-ménage de vos viscères et leurs gargouillements, cela finit par vous donner des sueurs froides. Et les guêpes chez les fourmis, les papillons chez les araignées (oui! démoniaque, je vous dis)... Le Père Goriot, à côté de ça, ça n'était qu'un gros égoïste. Si mes propos pouvaient, par contrecoup, vous amener à relire Balzac, je n'aurais pas perdu ma journée. A demain, bises aux minous.

                                                                                         Lucette DESVIGNES.

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